IV. 26 – Coopération de l’armée russe avec l’armée syrienne, 30 septembre 2015

IV. 26 – Coopération
de l’armée russe avec l’armée syrienne,
30 septembre 2015

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Valentina Matvienko,
présidente du Conseil de la Fédération de Russie
(≈ Sénat russe)

Le discours de Vladimir Poutine devant l’Assemblée Générale de l’ONU, le 28 septembre 2015, mettait la Russie à sa vraie place dans le monde. Depuis longtemps, la Russie et la Syrie ont – et le chef de l’administration présidentielle, Sergueï Ivanov, l’a rappelé – « un accord de coopération militaire ». Après que le Conseil de la Fédération de Russie ( Sénat russe) dont la présidente est Valentina Matvienko, a donné son accord, le 30 septembre – soit deux jours après l’intervention du président Vladimir Poutine à l’Assemblée Générale de l’ONU – l’aviation russe a mené, sur demande du Président Bachar El Assad et conformément à l’Accord signé, un mois plus tôt, le 26 août, une opération militaire en Syrie, en coopération avec l’armée de la République Arabe Syrienne.

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Général russe, Igor Konachenkov

Le général russe, Igor Konachenkov, rendait compte de la première intervention dès le jour même, 30 septembre : « Conformément à la décision du commandant en chef des forces armées Vladimir Poutine, nos avions ont mené une opération aérienne et réalisé des frappes de précision sur des cibles au sol des terroristes du groupe État islamique en Syrie. » [RTBF (Radio Télévision Belge Francophone), Les frappes russes en Syrie n’auraient pas visé l’ÉI : 36 victimbes civiles ?, 30 septembre 2015.] La Fédération russe venait d’effectuer ses premiers bombardements au grand dam de la communauté occidentale qui voyait déjà le gouvernement syrien à terre.

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Vladimir Poutine, 30 septembre 2015, à New York

Vladimir Poutine devait déclarer : « Le seul moyen de lutter efficacement contre le terrorisme international – en Syrie comme sur les territoires voisins – (…) est de prendre de vitesse, de lutter [combattre] et de détruire les combattants et les terroristes sur les territoires qu’ils contrôlent et de ne pas attendre qu’ils arrivent chez nous. » « Tout le monde sait que le soi-disant État islamique considère depuis longtemps la Russie comme son ennemi. » [Déclaration de Vladimir Poutine, 30 septembre 2015, reprise par la Télévision russe, et dans La Libre Belgique, Bombardements en Syrie : il faut « prendre les terroristes de vitesse » avant qu’ils n’arrivent « chez nous », 30 septembre 2015. Note de FP : Le mot barré a été remplacé par un autre entre crochets.]
Par ailleurs… « Tous nos partenaires ont été informés des plans et des actions de la Russie en Syrie. » [Idem. Note de FP : Même l’État sioniste a confirmé qu’il avait été prévenu.]
Et le Président Vladimir Poutine d’inviter « tous les pays intéressés par la lutte contre le terrorisme » à se mettre en contact avec le Centre de coordination de Bagdad (Irak), créé par les quatre pays très impliqués dans la lutte contre le terrorisme : la Syrie, lIrak, l’Iran, et la Russie. [Idem.]
Il rappelait que la Russie agissait, à la demande de la Syrie, à défaut d’un mandat d’une ONU qui se faisait tirer l’oreille alors que… « Nos partenaires agissant en Syrie n’ont ni l’un, ni l’autre. »
Et d’ajouter ceci : « Le conflit en Syrie a des racines profondes, son origine vient de plusieurs facteurs (…) qui ont été aggravés par l’ingérence sans gêne de l’étranger dans les affaires de la région. » [Idem.] Comprenne qui pourra.

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Alexeï Pouchkov,
président de la Commission des Affaires étrangères
de la Douma

Le président de la Commission des Affaires étrangères de la Douma, Alexeï Pouchkov, avait évoqué la durée limitée des frappes aériennes russes en Syrie : trois à quatre mois.

Bien évidemment, les opposants allaient dénoncer des frappes contre des civils syriens… Et les États-Unis, auxquels tous les pays du monde devraient demander la permission avant de commencer toute activité, voyaient d’un très mauvais œil cette coopération militaire entre la Russie et la Syrie pour entraver la progression des troupes de l’État Islamique et parlaient déjà d’une agression contre les opposants syriens !

Un responsable états-unien de la Défense, resté dans l’anonymat, affirmait que les premières frappes russes de ce mercredi 30 septembre 2015, en Syrie, n’avaient pas visé le groupe État Islamique, comme l’indiquait Moscou, mais les opposants au régime de Bachar El Assad : « Nous n’avons pas vu de frappes contre le groupe État Islamique, nous avons vu des frappes contre l’opposition syrienne. » [RTBF (Radio Télévision Belge Francophone), Les frappes russes en Syrie n’auraient pas visé l’EI : 36 victimes civiles ?, etc.]
Mais encore… « Ils frappent des zones qu’ils ont déjà observées », quelques jours auparavant. [Idem.] Les vols de reconnaissance permettent de repérer les zones d’intervention avant de mener des frappes aériennes. Les États-Unis, bombardent-ils n’importe où ? Possible…
Quant aux Russes, toujours selon le responsable états-unien… « très probablement, ils sont en train de permettre aux forces syriennes de reprendre » des positions à l’ASL (Armée syrienne libre). [Idem.] Il tombait des nues, ce militaire. Croyait-il que la Russie allait frapper l’Armée de la République Arabe Syrienne plutôt que les troupes de l’État Islamique parmi lesquelles se trouvent les groupuscules de l’ASL ? Lors de sa prochaine intervention, ce responsable états-unien de la Défense devra mettre des lunettes et tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler.
Car le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, serait amené à revenir sur cette affirmation intempestive et à déclarer… « Il est trop tôt pour moi pour dire quelles cibles ils visaient et quelles cibles ont été touchées. » [Idem.]

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Sergueï Choïgou, ministre russe de la Défense

Le ministère russe de la Défense devait publier, sous la responsabilité de Sergueï Choïgou, un communiqué, le 2 octobre, au lendemain d’une deuxième série de frappes aériennes : « Ces raids ont permis la destruction d’une base de commandement et d’un centre de communication dans la région d’Alep, d’un camp de combattants de l’ÉI près d’Idleb, d’une base de commandement dans un complexe fortifié de la région d’Hama et d’un camp d’entraînement à proximité de Racca. Les frappes ont détruit complètement d’importants entrepôts de munitions et d’armes de l’organisation terroriste. » [Le courrier de Russie, Frappes aériennes en Syrie : Poutine prêt à la guerre médiatique, 2 octobre 2015.]

Parmi les premières cibles visées, des équipements militaires, des stocks d’armes et de munitions et des moyens de communication de l’État Islamique à Hama, Homs et Lattaquié (trois villes de l’ouest). D’autres bombardements devaient empêcher les groupes de l’État Islamique de s’emparer de l’aéroport et des bases militaires d’al-Raqqa (ville du nord située sur l’Euphrate) où des entrepôts souterrains abritaient des armes. Il s’agissait – ce qui n’est pas le moins important – de mettre à mal les principaux itinéraires d’approvisionnement de l’État Islamique en armes venues de la Turquie et acheminées, par la route longeant le fleuve de l’Euphrate, vers al-Raqqa pour les troupes islamiques de Syrie et d’Irak, d’entraver la circulation de ces troupes dans les zones passées sous leur contrôle en attaquant notamment les véhicules militaires de transport et de combat dont les chars, et de détruire les dépôts d’armes et de munitions.

Le Président de la Fédération Russe, Vladimir Poutine, ayant agi à la demande du Président de la République Arabe Syrienne, Bachar El Assad, et l’armée russe, en concordance avec l’armée syrienne, ces opérations militaires étaient menées conformément au droit international. L’ONU, étant à la traîne, ne trouvait rien à redire…

Quant à certains médias, ils devaient informer les populations de cette manière : « En septembre 2015, la Russie bombarde aveuglément les zones où se trouvent les mouvements d’opposition, évitant soigneusement le groupe État islamique. » [Courrier International, Chronologie interactive – Syrie Cinq ans de conflit, La Russie derrière Assad, 30 septembre 2015.]

Suite : IV. 27 – Les forces en présence : celles qui attaquent et celles qui luttent

Françoise Petitdemange
2 mars 2017


Une réflexion sur “IV. 26 – Coopération de l’armée russe avec l’armée syrienne, 30 septembre 2015

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