Livre de presse
Un peu pour voir dans quel type de société nous commencions nos jeunes vies et pour que, plus tard, en admettant que nous soyions encore vivant(e)s, le fameux « on » qui sait tout, ne nous dise pas : « Il fallait, vous n’aviez qu’à, etc. », nous avons tourné nos regards vers le CNL (Centre National des Lettres) qui, selon ce que sa propagande disait et dit encore de lui, aidait-aide les jeunes auteurs, mais il n’a pas cru bon de se pencher sur le dossier de ces jeunes auteur et auteuse que nous étions et il lui a fallu du temps pour nous l’écrire. Bien sûr, au fil des décennies, nous avons vu quel genre d’idéologie était prônée et quels auteurs, parfois aux moeurs douteuses, étaient soutenus par cet organisme.
Ainsi donc, nous avons commencé sans un sou : sans fortune personnelle ou familiale. Les quelque journalistes, qui ont bien voulu nous recevoir dans nos Vosges natales, étaient des plus sympathiques, et puis cela les changeait des chroniques quotidiennes. Ils ont fait leur travail le plus consciencieusement qu’ils ont pu, avec le temps qui leur était imparti pour les nouvelles « extraordinaires » qui, tout compte fait, leur permettaient d’avoir un sujet d’article et, en nous faisant venir pour un entretien après lecture de tel ou tel de nos livres, d’avoir de la copie déjà un peu faite. De penser à eux nous laisse quelque peu ému(e), même si les lecteurs et lectrices de journaux ne sont pas, loin de là, des lecteurs et lectrices de livres.
La liberté d’expression, pour les jeunes hommes et les jeunes filles issu(e)s du peuple, n’était pas facilitée avant-hier, ni hier ; elle ne l’est pas non plus aujourd’hui ; elle ne le sera pas demain ni après-demain. Du moins, tant que la démocratie bourgeoise (gouvernement de la bourgeoisie pour la bourgeoisie contre le peuple), qui, donc, n’est jamais qu’une dictature tournée contre la majorité de la population, tient les rênes de tous les pouvoirs, y compris celui d’enfumer les esprits pour mieux les diriger. C’est bien pourquoi nous avons saisi la liberté au vol et pris nos libertés quant aux convenances sociales.
En 1976, lorsque l’un de nous deux a commencé dans le métier, certains responsables culturels en étaient encore à penser qu’un auteur devait se présenter, non pas en pull et pantalon de ville mais chemisé-cravaté-costumé… Par bonheur pour nous, le reste de la population n’avait plus ces clichés en tête… Sans quoi nous aurions été tous deux bons pour la fosse commune. Comme quoi, les « cultureux(euses) » sont souvent en retard sur ceux-celles qu’ils-qu’elles croient pouvoir instruire… avec les objets culturels d’hommes et de femmes qui ont été parfois honni(e)s de la « bonne » société de leur temps, tels Ludwig (van Beethoven), Vincent (Van Gogh), Arthur (Rimbaud), Camille (Claudel)…
Durant quelques années, certain(e)s responsables des achats de livres en France nous ont réclamé un « Press-book » pour savoir, « publicité à l’appui » [sic], s’ils-si elles pouvaient acquérir nos ouvrages pour « leurs » bibliothèques municipales ou départementales. Bien sûr, nous aurons, au fil des années, comme autant de pierres jalonnant, çà et là, nos vies d’écrivain et d’écrivaine, des articles mais nous n’avons jamais produit les rares coupures de journaux ou de revues que nous avions au début. Nous étions sûr(e)s de nous inscrire dans la durée, sans faire d’esbrouffe. Il est même arrivé à l’un ou l’autre de nous de devoir réprimer un rire au nez de telle ou telle responsable de bibliothèques, pas forcément classées parmi les plus modestes dans le répertoire des médiathèques municipales, qui déclarait, très imbue d’elle-même : « Je n’achète que les bêtes sellers ». Nul(le) n’est parfait(e)…
Nos livres n’étaient pas-ne sont pas des objets standard fabriqués selon les normes idéologiques en vigueur dans le temps où nous les écrivons. Les enfants ou petits-enfants de nos lecteurs et lectrices, qui se débarrassent des bibliothèques familiales dès que leurs parents ou grands-parents ferment les yeux, se mordront un jour les doigts de s’être séparés de tels documents aux contenus pérennes. Nos livres, avec d’autres bien rares, se découvrent au fil de la lecture : ils peuvent être lus, relus car ils sont des moyens non éphémères pour saisir les arcanes du monde dans lequel chacun(e) de nous vit. Sinon, il vaut mieux mettre ses pantoufles et regarder la télévision : il y a toujours de quoi juger telle ou telle marionnette qui passe sur le petit écran sans rien entendre de ce qui se dit sur elle ou à partir de ses propos…
Voici, pour permettre aux lecteurs et lectrices les plus perspicaces de comprendre pourquoi nous n’avons pas trop insisté de ce côté-là de la culture médiatique, ce fameux Livre de presse, constitué au fil du temps, exhumé, dans toute sa modestie, de nos archives privées.
Françoise Petitdemange – Michel J. Cuny
26 mars 2021
Ce voyage à travers le temps nécessite des recherches qui sont en cours, ce mois de mai.
Merci pour votre patience…
Nous pouvons, au regard de ce que nous redécouvrons nous-mêmes, voir
qu’un abondant dossier existe
concernant la troisième étape de notre voyage : celle romanaise.
Trois lignes de repères :
1972-1983 – Écrivain et Écrivaine dans notre Lorraine natale
1983-1987 – Une escale en Rhône-Alpes
1987-202x – Voyages en France et longue époque romanaise