IV. 76 – Mais que fait la coalition dite internationale en Syrie ?

IV. 76 – Mais que fait la coalition dite internationale
en Syrie ?

Les principales voies stratégiques et économiques
de la Syrie…

Depuis le début février jusqu’à la fin avril 2017, la coalition, dite internationale, était censée aider les prétendus rebelles de l’armée syrienne, dite libre, à repousser les troupes de l’ÉI (État Islamique), alors positionnées à proximité d’At-Tanaf, et à remonter vers Deir ez-Zor. Les militaires de la coalition cherchaient à contrôler cette zone dont At-Tanaf est, faut-il le rappeler, le point de jonction de la Syrie avec l’Irak et la Jordanie, sur la voie économique qui relie les capitales BeyrouthDamasBagdadTéhéran.

En mai, les troupes de l’armée et les milices populaires syriennes, appuyées par le Hezbollah libanais et iranien n’entendaient pas laisser le contrôle des principales zones de passage et d’échanges économiques entre leurs pays aux États occidentalo-golfico-sionistes et à leurs mercenaires des FDS (forces “démocratiques” syriennes) et de lÉI.

La Turquie, avec l’aide de prétendus rebelles, envoyait des forces armées au Nord, dans la province d’Idlib, dans le temps où la coalition occidentalo-golfico-sioniste concentrait dans le Sud, notamment dans la zone d’At-Tanaf, une brigade interarmes et des bombardiers stratégiques états-uniens, des unités britanniques avec chars et hélicoptères d’attaque, tout ceci avec le soutien des Jordaniens, des Saoudiens, des Bahreïniens, des Norvégiens…, et, à la traîne, de leurs mercenaires syriens et étrangers venus de différents pays d’Europe. Tandis que les États-Uniens clamaient qu’ils limitaient la présence de leurs soldats sur le sol syrien, ils organisaient, en réalité, une véritable invasion de la Syrie par le Nord et par le Sud.

Le 9 mai, l’armée syrienne et les milices libanaises, irakiennes (celles qui ne peuvent oublier le chaos instauré dans leur pays) et iraniennes, soutenues par l’aviation russe, lançaient une offensive pour chasser les troupes spéciales états-uniennes et les unités britanniques et norvégiennes d’At-Tanaf, empêcher les prétendus rebelles d’arriver à Deir ez-Zor et garder ou reprendre le contrôle des voies stratégiques permettant à leurs convois de transporter les armes et de déployer les troupes de combattants dans les différentes zones du conflit. Les forces syriennes et certains groupes irakiens devaient s’avancer vers leur frontière commune pour prendre en étau la coalition états-unienne et ses mercenaires.

Bombardement de l’armée syrienne
par la coalition états-unienne
(18 mai 2017)

Alors que les pourparlers de paix avaient lieu à Genève, sous l’égide de l’ONU (Organisation des Nations Unies), le 18 mai 2017, la coalition dirigée par les États-Unis bombardait un convoi de l’armée syrienne et des troupes alliées à proximité d’At-Tanaf et les groupes de l’ÉI attaquaient l’armée syrienne et les troupes alliées dans le centre du pays.

Lors de la dernière session du Comité des ministres du Conseil de l’Europe qui se tenait à Nicosie (capitale de l’Île de Chypre), le lendemain 19 mai, une question était posée, dans le cadre du service de presse, au ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov : « Pourriez-vous commenter la grève [(?)… l’attaque] de la coalition dirigée par les États-Unis sur les forces pro-gouvernementales syriennes dans la région d’al-Tanf ? Les États-Unis ont-ils averti la Russie de l’attaque à l’avance ? » Question à laquelle Sergueï Lavrov devait répondre… « Je ne sais pas qu’un [si un] tel avertissement a été émis. Nous clarifions toujours tous les détails de l’attaque, mais selon certains rapports, plusieurs dizaines de civils ont été tués en conséquence. Tout cela nécessite une vérification. Cependant, ma compréhension est que le commandement des États-Unis a justifié la grève [(?)… l’attaque] contre les positions des forces gouvernementales syriennes ou a tenté de le [la] justifier en affirmant que ces forces gouvernementales représentaient une menace pour l’opposition qui collabore avec l’armée américaine – avec la coalition dirigée par les États-Unis. Quelles que soient les raisons de la décision de commandement des États-Unis d’attaquer, elles sont illégales. C’est une autre violation flagrante de la souveraineté de la Syrie. » [Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Service de Presse/Photos/Discours des ministres/, 19 mai 2017, Les propos du ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et les réponses aux questions des médias suite à une session du Comité des Ministres du Conseil de l’Europe, Nicosie, 19 mai 2017. Note de FP : Les mots barrés et ceux entre crochets sont de mon fait.]

Le cynisme de Nicolas Sarkozy et François Hollande,
qui osent rendre hommage aux victimes des « terroristes »
qu’ils ont eux-mêmes soutenus notamment
contre l’État des masses en Libye
et qu’ils soutiennent encore
contre la République Arabe Syrienne,
Invalides à Paris, 19 septembre 2016
(Photo Jacky Naegelen / AFP).
À quand leur jugement
par la CPI (Cour Pénale Internationale) ?
Ou par toute autre Cour Pénale ?

En cette mi-mai 2017, la guerre déclenchée contre la Syrie en même temps que contre la Libye, en mars 2011, par la coalition occidentalo-golfico-sioniste via des prétendu(e)s rebelles, avait causé la mort, en Syrie, de plus de 320.000 hommes, femmes et enfants, obligé plus de la moitié des habitant(e)s à fuir leurs domiciles, voire leurs villages, leurs villes, leurs régions, voire le pays. Comme elle l’avait décidé en Libye, la coalition belliqueuse a décidé de renverser la structure politique existante, de détruire les infrastructures de la Syrie, et donc d’anéantir le développement économique obtenu au fil de plusieurs décennies d’efforts fournis par la population.

Le 6 juin, la coalition états-unienne effectuait de nouvelles frappes aériennes contre les forces armées syriennes et leurs alliées, près d’At-Tanaf, visant une soixantaine de militaires et leur armement : char, pièces d’artillerie, arme antiaérienne, véhicules de soutien… La coalition faisait ensuite cette déclaration… « La coalition a détruit le 6 juin des forces de complément soutenant le gouvernement syrien dans la zone de désescalade dans le sud de la Syrie. » [Sputnik, La coalition dirigée par les USA porte une nouvelle frappe contre les forces pro-Assad, 6 juin 2017.]

Le ministère syrien des Affaires étrangères et des Expatriés devait élever une protestation en ces termes : [L]a République arabe syrienne appelle le Conseil de sécurité [de l’ONU] à assumer ses responsabilités devant ces atteintes à la souveraineté de la Syrie et de l’armée arabe syrienne, et aux civils innocents, et de [à] tenir cette coalition illégale pour les crimes commis en Syrie, avant [même] laggravation de ces attaques, [qui] ne peuvent pas être justifiés ou les réduire au [passés sous] silence. » [SANA, Damas, Affaires étrangères : les États-Unis mènent une coalition pratiquant le terrorisme et viole les règles du droit international et les résolutions du Conseil de Sécurité, 7 juin 2017. Note de FP : Les mots barrés et ceux entre crochets sont de mon fait. Ces textes ont le mérite d’exister pour une meilleure compréhension des événements.]

Le 8 juin, la coalition attaquait, pour la troisième fois en un mois, l’armée syrienne et les troupes alliées à At-Tanaf : elle abattait un drone syrien sous le prétexte qu’il avait attaqué les forces de la coalition, et visait un convoi de camions transportant des armes pour l’armée syrienne et les forces alliées.

Le jour même, le porte-parole de Joint Task Force combiné – Operation Inherent Resolve, US Central Command (de la coalition dite internationale, dirigée par les États-Unis), le colonel Ryan Dillon, qui a été de toutes ces guerres (Irak en 2003, Afghanistan en 2005, Pakistan en 2006), n’hésitait pas à faire savoir que la coalition venait d’effectuer des frappes aériennes contre l’armée syrienne qui se déplaçait à proximité d’At-Tanaf, à l’est de la zone de désescalade frontalière avec le Golan occupé par l’État sioniste et avec le nord de la Jordanie. Selon lui, les forces syriennes et leurs alliées représentaient « une menace » pour les forces de la coalition qui se trouvaient à At-Tanaf ! [Éléments repris de Operation Inherent Resolve, One mission, many nations, Colonel Ryan Dillon]

Voici comment le colonel Dillon racontait son affaire criminelle : « Le drone a largué des munitions qui n’ont pas touché les militaires de la coalition. L’engin sans pilote avait d’autres munitions à bord et nous l’avons abattu. » [Sputnik, La coalition dirigée par les USA porte une 3e frappe contre les forces pro-Assad, 8 juin 2017.]

Les États-Uniens et la manipulation des esprits

La méthode états-unienne consiste à s’ingérer dans les affaires intérieures des pays jusqu’à provoquer des guerres, détruire les pays visés, et considérer que les forces armées de ces pays n’ont ni le droit de défendre leur pays, ni le droit même d’être sur leur territoire ! La manipulation de l’information états-unienne consiste à projeter sur les agressés leurs actes criminels d’agresseurs et à clamer que les forces armées du pays qu’ils attaquent les menacent eux-mêmes… Après quoi, ce sont les agresseurs états-uniens qui font la leçon aux agressés en les mettant en garde contre une éventuelle « escalade ». Et, tandis que la coalition décide de nommer « zone de désescalade du conflit » la zone qu’elle veut investir (exemple, celle d’At-Tanaf), elle refuse que les forces syriennes avancent dans cette zone qui devient sa chasse gardée…

Ainsi, la coalition états-unienne veut tranquillement s’installer dans les zones qui l’intéressent – ne serait-ce que pour court-circuiter les échanges politiques, économiques, militaires, culturels entre le Liban et l’Iran via la Syrie et l’Irak – et y introduire de l’armement pour lutter contre les forces syriennes, russes, libanaises, irakiennes, iraniennes. Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, prévenait la coalition… « L’installation de toutes sortes d’armes étrangères sur le territoire syrien, d’autant plus de lance-roquettes multiples, doit faire l’objet d’un accord avec le gouvernement souverain du pays. » [L’Orient-Le Jour, Syrie : Moscou accuse Washington de déployer à al-Tanaf des missiles contre l’armée syrienne, 15 juin 2017.]

Les groupes des FDS (forces démocratiques syriennes) étant hors du champ de soutien de la coalition, l’armée russe devait souligner ce fait dans un communiqué : « Le rayon d’action des lance-roquettes multiples HIMARS ne permet pas de soutenir les unités des Forces syriennes démocratiques sous contrôle des États-Unis, qui luttent contre les terroristes de (l’organisation) État islamique (ÉI) à Raqqa. » [Idem.] Quant à la lutte de la coalition contre l’ÉI… La coalition « a attaqué à plusieurs reprises les forces syriennes gouvernementales, qui luttent contre l’ÉI près de la frontière avec la Jordanie. » [Idem.] « Il n’est donc pas difficile d’imaginer que de telles attaques contre les unités de l’armée syrienne peuvent être poursuivies, mais cette fois avec l’aide des HIMARS. » [Idem.] Il est donc permis de se poser cette double question : « Quels sont les véritables objectifs des États-Unis en Syrie, et contre qui comptent se battre les militaires américains ? » [Idem.]

Réponse…
Le 7 juin, la capitale de l’Iran avait été frappée par un double attentat de l’ÉI, derrière lequel les États-Unis et l’Arabie saoudite se cachent… Perpétré contre deux symboles de l’État iranien, le premier contre le Parlement au centre de Téhéran, et le second au sud contre le mausolée du fondateur de la République Islamique d’Iran, l’ayatollah Khomeyni, tuant 17 personnes et en blessant 46 autres, ce double attentat, qui ne visait pas directement la population, intervenait après la réélection d’Hassan Rohani à la présidence iranienne, et après la visite que le tout nouveau président Donald Trump avait choisi d’effectuer en Arabie saoudite pour son premier déplacement à l’étranger. Les États-Unis détestent l’Iran dont la culture multi-millénaire les dépasse et l’Arabie saoudite prend ombrage de l’importance qu’acquiert l’Iran dans le Moyen-Orient. Et ce double attentat n’empêchait pas les États-Unis, par la bouche de Donald Trump lui-même, de considérer que l’Iran est une menace pour toute la région.

Autre réponse…
Le 18 juin, un avion de chasse états-unien, un F/A-18, abattait un Soukhoï de l’armée syrienne à Tabqa, dans la province de Rakka, au nord du pays. Dans la nuit du 19 au 20, un avion états-unien abattait de nouveau un drone de fabrication iranienne dans le sud du pays, près d’At-Tanaf.

Que fait l’ONU ? Rien ! Les États-Unis seraient-ils les seuls à pouvoir disposer d’avions, d’armes, de munitions ? Elle se contente d’“enregistrer” ce qu’elle considère comme des… incidents et d’évoquer mollement le risque « d’escalade militaire » en Syrie… C’est tout ? Face à un tel manque d’énergie de la part des “Assis” de l’ONU, la Russie décidait de suspendre ses communications avec les États-Unis sur le plan des opérations militaires en Syrie, d’interdire aux avions de la coalition et des États-Unis le survol de toute la région à l’ouest de l’Euphrate.

Suite : IV. 77 – Syrie… La guerre des pipelines

Françoise Petitdemange
27 août 2017


Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.