par Issa Diakaridia Koné
Je m’arrête une dernière fois sur le document qu’au mois d’août 2017 (dans une mise à jour datant du 15 janvier 2015 !), le Gouvernement français donnait sur son site officiel à propos de « L’action de la France au Mali et au Sahel ».
L’avant-dernier paragraphe de la rubrique consacrée aux « objectifs poursuivis par la France au Mali » est ainsi libellé :
« Notre mobilisation en termes d’aide au développement a pour but d’améliorer le développement humain, de garantir un développement économique et social et de contribuer à la stabilité durable du pays. »
« Stabilité durable… » Il semble que ces deux derniers mots ne pouvaient pas laisser indifférent Michel J. Cuny qui, une fois de plus, se transformerait pour moi en éclaireur…
Une note publiée par Alain Antil en février 2014 sous la responsabilité de l’Institut français des relations internationales (I.F.R.I) avait retenu son attention, tout particulièrement en raison de son titre : « Le boom minier au Sahel – Un développement durable ? »
D’une « durabilité » à l’autre… Et c’est alors le « boom minier » qui pourrait s’offrir à qui aurait su s’en saisir…
Mais est-il possible d’entrer davantage dans le détail des enjeux – pour les pays du Sahel eux-mêmes et pour l’impérialisme occidental (français ?) – que couvre cette lutte un peu trop bien mise en scène contre le « terrorisme » et contre les divers « trafics » dont on ne cesse d’agiter nos imaginations vengeresses ?
Il semble que nous ne soyons pas seuls à penser ainsi puisque la note d’Alain Antil démarre ainsi :
« Le Sahel, souvent présenté pour ses difficultés et ses crises – avec en particulier l’actuelle crise malienne – vit pourtant actuellement, à l’image du reste du continent africain, une nouvelle ère économique favorable. Pour les cinq pays sahéliens que nous étudierons, la Mauritanie, le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso et le Niger, cette évolution favorable, quoique variable d’un pays à l’autre, est basée sur des industries extractives en plein essor. »
Cela s’appelle : mettre les pieds immédiatement dans le plat !
Mais la suite ne peut certainement pas nous décevoir…
« De fait, si l’avenir minier de la zone dépend évidemment des ressources qu’on y trouve, les industries ne peuvent se développer de manière durable sans des conditions politiques et fiscales favorables. Ainsi, une fois l’existence de leurs ressources établies, les pays étudiés doivent mettre en œuvre des stratégies pour attirer les investisseurs et faire fructifier leurs potentialités. »
Ici donc, la « durabilité » vaut pour les « entreprises »… Nous ne savons toutefois pas encore pour lesquelles. Mais en attendant de le savoir, nous ne sommes pas vraiment surpris de retrouver cette nécessité des « stratégies pour attirer les investisseurs et faire fructifier leurs potentialités » qui conduit certains responsables africains à vendre leur pays et ses capacités de travail aux plus offrants des pays impérialistes. J’en ai fait état déjà dans ces deux articles, toujours consultables :
– Quand l’État malien offre son peuple aux intérêts impérialistes
– Qui sont ces gens qui livrent le Mali aux intérêts du capitalisme international ?
Et tandis que les projecteurs sont braqués sur les attentats qui interviennent à Bamako ou au Burkina-Faso – pour ne rappeler que ceux-là -, autre chose se discute en dehors des peuples africains :
« De fait, deux débats font rage dans la zone à propos des mines. Le premier concerne la question du partage équitable des ressources. Le second porte sur la manière dont cette économie peut participer au développement du pays, aux niveaux national et local. »
Mais au-delà de tout cela… il y a le fonctionnement inéluctable de l’impérialisme occidental. En effet, qui pourra venir à bout des problèmes technologiques et financiers que va poser l’exploitation des zones minières ? Alain Antil nous le dit sans la moindre hésitation :
« Activité fortement capitalistique, menée par des entreprises le plus souvent étrangères, la prospection minière exacerbe le débat sur le type de développement voulu par les États sahéliens et sur l’indépendance économique de ces pays. »
Tout cela sera à décider entre les grandes sociétés multinationales… à moins que la population africaine ne finisse par s’initier elle-même aux enjeux dont dépend son avenir, et tout particulièrement celui de sa jeunesse.
Maliennes et Maliens : quelle vie pour nous si nous ne nous saisissons pas très vite de tout ce qui se débat, ailleurs et sans nous ?…
Issa Diakaridia Koné
NB. La collection complète des articles d’Issa Diakaridia Koné est accessible ici :
https://unefrancearefaire.com/category/lafrique-par-elle-meme/