Qui sont ces gens qui livrent le Mali aux intérêts du capitalisme international ?

par Issa Diakaridia Koné

À travers cette initiative qu’a prise Moussa Ismaïla Touré, Directeur général de l’Agence pour la promotion des investissements (API-Mali), d’organiser à Bamako le Forum « Investir au Mali », j’ai appris que mon pays était à vendre…

Entre-temps, il semble que la date de cette manifestation, initialement fixée aux 25 et 26 septembre 2017 ait été repoussée aux 7 et 8 décembre 2017… Serait-ce dû aux résistances que le peuple malien a opposé à la nouvelle Constitution ? Espère-t-on que le G5 Sahel aura produit, d’ici là, quelques changements notoires dans la situation sécuritaire du Mali ?

En un temps où il était encore question du mois de septembre, une cérémonie de lancement du Forum a eu lieu en présence de différents responsables maliens et non-maliens… Essayons de voir à qui nous avons affaire, et quels sont les propos que ces gens-là tiennent lorsqu’ils sont entre eux…

Le premier d’entre eux est M. Paul Um Noumba, Directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Mali. Il s’agit donc d’un haut-fonctionnaire international. Que dit-il ? Ceci, qui est parfaitement clair :
« Il s’agit de pénétrer les conseils d’administration, les comités de crédit et les comités de l’investissement dans les différents grands groupes pour qu’ils changent de perception de la destination du Mali. »

Ainsi, en dehors de l’affichage derrière lequel – comme je l’ai indiqué dans un précédent article – M. Moussa Ismaïla Touré, Directeur général de l’API-Mali, se range en invoquant la volonté, prioritaire en quelque sorte, de faire appel aux investisseurs maliens de l’intérieur et à la diaspora malienne des pays environnants, c’est bien le grand capitalisme international qui est visé…

Encore un mot du Directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Mali qui va nous enlever nos dernières illusions :
« Il ne s’agit pas simplement de convaincre le grand public, mais de changer la perception, l’image que se font un certain nombre de décideurs sur ce qu’il est possible de réaliser au Mali comme investissements. »

En effet, que pourrait venir faire le « grand public » – c’est-à-dire le peuple malien – dans cette grande affaire qui, sans doute, ne le concerne pas le moins du monde… Il lui aura sans doute suffi de voter…

Deuxième intervenant de poids, M. Seydou Coulibaly, vice-président du Conseil national du patronat malien nous donne l’avis des chefs d’entreprise maliens… Avouons que le vocabulaire est rude :
« Nous retenons que la vocation de ce Forum sera de bien vendre [mais oui : de bien vendre] le Mali à travers, entre autres, la promotion de son potentiel économique : industriel, commercial et agro-pastoral, la mobilisation des investisseurs nationaux et étrangers en vue d’attirer les flux substantiels d’investissements pour des projets structurants publics et les projets privés économiquement viables. »

Quant au troisième gros poisson, c’est tout simplement M. Paul A. Folmsbee, l’ambassadeur des USA au Mali, qui vient annoncer que tout cela se passera – et pour les années à venir tout aussi bien – sous le contrôle extrêmement vigilant de la principale puissance impérialiste du monde : les Maliennes et les Maliens n’auront qu’à bien se tenir… mais la France aussi, sans doute… à moins que…

En tout cas, le gendarme est prévu. Il s’agit de la Mali Investment Facilitation Platform, c’est-à-dire de la plate-forme destinée à faciliter les investissements au Mali. L’ambassadeur ne se fait pas faute de le proclamer bien haut :
« À la suite du Forum, cette structure continuera d’assurer un suivi des intentions d’accords et des partenariats entre les investisseurs internationaux et acteurs maliens pour la réalisation des projets nationaux, ainsi que des projets de création de joint-ventures [opérations conjointes]. » 

Puisque nous en sommes là, sans doute le moment est-il venu de poser la question de l’identité réelle de l’initiateur de ce Forum qui s’annonce comme une vente-liquidation du Mali

Moussa Ismaïla Touré a retenu l’attention du journaliste François de Labarre qui a publié sur le site parismatch.com un bref article. Je le retrouve aujourd’hui sous la date du 8 juillet 2017, alors que l’on savait que le Forum avait été repoussé de septembre à décembre 2017.

À propos de notre héros, nous y lisons tout d’abord ceci :
« Il a lâché la proie pour l’ombre, le pactole facile d’une multinationale pour un poste dans l’administration au Mali. » 

Au milieu de tout ce beau monde, voilà au moins un Malien qui n’est pas trop dépaysé… Une multinationale… Allons bon ! Mais laquelle ? Voici la suite du texte de François de Labarre. Elle va nous permettre de faire le lien avec les… États-Unis :
« Au moment où son pays fait encore face à une crise sécuritaire grave, alors que le gouvernement d’Ibrahim Boubacar Keïta traverse une crise d’impopularité sans précédents, Moussa Touré veut convaincre les investisseurs de tenter leur chance au Mali. Avancer à contre-courant n’est pas un problème pour lui. En 2015, il est directeur régional chez « Coca-Cola » pour l’Afrique centrale. » 

Décidément, l’ambassadeur des États-Unis avait bien fait de venir… Ces gens-là sont sans doute de vrais « copains ».

Laissons le dernier mot à Vladimir Ilitch Lénine qui écrivait en 1916 :
« Or, les monopoles introduisent partout leurs méthodes : l’utilisation des « relations » pour des transactions avantageuses se substitue, sur le marché public, à la concurrence. » 

Issa Diakaridia Koné

(NB. Les citations (et la photographie) reprises  de la Cérémonie de lancement du Forum viennent de cette vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=sEYCCBYaZCM


Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.