IV. 71 – Du 17 au 19 avril 2017, de la désescalade du conflit syrien à l’escalade d’autres guerres…

IV. 71 – Du 17 au 19 avril 2017,
de la désescalade du
 conflit syrien à lescalade d’autres guerres…

L’Iran : un État non négligeable…

Une réunion devait avoir lieu du lundi 17 au mercredi 19 avril 2017 à Téhéran (Iran) pour préparer la IVème séance de pourparlers entre Syriens qui était prévue pour le début mai à Astana (Kazakhstan). Il s’agissait de déterminer des zones de désescalade du conflit syrien. Mais, pendant que des États comme la Russie, l’Iran, la Turquie (à ses heures), et des groupes de combattants comme le Hezbollah libanais, travaillaient à un apaisement de la guerre en Syrie, les États-Unis rallumaient des feux partout…

Tabqa (Syrie)

Quelques jours avant la réunion à Téhéran, le mardi 11 avril, une frappe aérienne de la coalition dirigée par les États-Unis, effectuée à proximité de la ville de Tabqa en Syrie, venait de tuer 18 combattants syriens alliés des États-Unis. Aussitôt, la Syrie, la Russie et l’Iran demandaient aux États-Unis de s’abstenir, dorénavant, de toute frappe sur la Syrie : ces frappes meurtrières sont autant d’actes d’agression perpétrés contre la population et d’atteinte à la souveraineté de la Syrie. Quant aux attaques à l’arme chimique, ne seraient-elles pas menées par (ou encouragées par) les États-Unis qui s’emploient à faire échouer toute discussion entre Syriens pour imposer leur objectif, visé depuis le début de cette guerre (mars 2011) : évincer le président élu, Bachar El Assad, et renverser le gouvernement et les remplacer par un président fantoche et une équipe toute dévouée à leur cause…

Le Qatar, à quelques brasses de l’Iran…

Un accord, qui concernait aussi le Hezbollah libanais, avait été signé, le 28 mars, entre le Qatar qui soutient l’opposition à l’État syrien et l’Iran qui apporte son appui au gouvernement syrien et au président Bachar El Assad, pour procéder à l’évacuation de quelque 32.000 Syrien(ne)s, civil(e)s et combattant(e)s, de deux localités tenues par les groupes d’opposition dominés par Daesh, Zabadani et Madaya (province de Damas), proches du Liban, et de deux autres, Foua et Kafraya (province d’Idlib), contrôlées par l’armée syrienne ; les unes et les autres étant prises dans les combats depuis plus de deux ans.

Cette évacuation devait prendre effet à compter du 4 avril : étrangement, ce jour-là avait lieu l’attaque chimique présumée de Khan Cheikhoun, immédiatement attribuée à l’armée syrienne… Les tensions ne pouvaient qu’être ravivées entre les deux camps opposés. Le 15 avril, des dissensions étant survenues entre les deux pays signataires, Qatar et Iran, le convoi de plusieurs dizaines de bus, qui éloignaient les habitant(e)s de Foua et de Kafraya de la zone de combats, était stoppé à Al-Rashidin et ce, durant des heures : les protégés des États-Unis, les groupes d’opposition dont ceux de l’ÉI (État Islamique), allaient profiter de cet arrêt prolongé pour lancer une camionnette piégée contre les bus. Cet attentat coûterait la vie à plus d’une centaine de personnes dont une majorité d’enfants.

L’Afghanistan : pour les États impérialistes,
un État au cœur de l’Asie, à contrôler coûte que coûte…

Pendant ce temps, la guerre en Afghanistan continue… Ce pays a une position géographique stratégique. Situé au cœur de l’Asie centrale, entre le Moyen-Orient et le Sous-continent indien, il est de par ses frontières communes, à l’ouest avec l’Iran, au nord avec le Turkménistan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan, la Chine, à l’est et au sud avec le Pakistan, un pays que les États-Unis veulent contrôler…

Les dirigeants, qui se sont succédé à la tête des États-Unis à la fin du XXème et au début de ce XXIème siècles, n’ont cessé de lui faire la guerre à partir de l’époque où une République Démocratique Populaire avait été créée (1978-1992). Les troupes états-uniennes, qui devaient se retirer de l’Afghanistan, durant le premier mandat présidentiel de Barack Obama (2009-2013), ont encore, en ce début de 2017, près de 8.500 soldats sur le sol de ce pays pour, selon leurs dires, former, conseiller et soutenir les forces afghanes contre les Taliban et les groupes de Daech, et prévoient d’augmenter encore les effectifs…

Quels pays ont formé, financé, appuyé, dans les années 1980, les Taliban contre les forces de la RDPA (République Démocratique Populaire Afghane) et de l’Armée Rouge venue sur demande expresse du gouvernement afghan, sinon les États-Unis et l’Arabie saoudite ! Quels pays ont formé, financé, appuyé les groupes d’Al-Qaïda contre l’armée de la Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire Socialiste sinon les États-Unis, le Qatar et l’Arabie saoudite ! Quels pays forment, financent, appuient les troupes de l’ÉI (État Islamique) contre l’armée syrienne, sinon ceux qui avaient eu intérêt à détruire la Libye et à éliminer physiquement le Guide révolutionnaire Muammar Gaddhafi et qui ont intérêt à détruire la Syrie et à renverser le président et le gouvernement syrien ! La coalition occidentalo-golfico-sioniste, animée par les États-Unis, ne peut éternellement tromper le monde…

Un jouet extraordinaire
dans les mains de génocidaires

Le jeudi 13 avril, un avion de transport C-130 états-unien larguait, par sa porte arrière, une méga-bombe d’une longueur de 9 mètres, pesant 9,8 tonnes, et guidée par GPS (Global Positioning System = Géo-Positionnement par Satellite) : la GBU-43/B – MOAB (Massive Ordnance Air Blast = à effet de souffle massif), surnommée « la Mère de toutes les Bombes », tombait dans le district d’Achin, province de Nangarhar, en Afghanistan : c’était la première fois qu’une bombe de ce type était utilisée sur un terrain de combat.

La méga-bombe était destinée à détruire le complexe souterrain de Tora Bora constitué de grottes naturelles, véritables bunkers servant d’abris pour les combattants, d’hôpitaux pour les blessés et les malades et d’entrepôts pour les armes et munitions. Un réseau de tunnels avait été construit dans les montagnes de Séfid-Koh (monts blancs), au nord-est de l’Afghanistan, pour les rebelles en lutte contre la RDPA (République Démocratique Populaire d’Afghanistan) et l’Armée Rouge. Ce réseau de souterrains étant encore utilisé par les descendants des Taliban si chers au cœur de Madeleine Albright et les descendants d’Al-Qaïda si chers à la monarchie saoudienne, les prétendus « terroristes », armés et financés par les États-Unis, l’Arabie saoudite, le Pakistan et quelques rares associations musulmanes rétrogrades implantées un peu partout dans le monde, la méga-bombe, spécialisée dans la destruction des “bunkers”, aurait tué une centaine de combattants de Daech… « Tora Bora était une base fortifiée (…) un complexe construit pour les moudjahidines (combattants engagés dans le djihad, ndlr), qui a été en partie financé par la CIA [Central Intelligence Agency]. » [Sputnik, Méga-bombe larguée en Afghanistan : Snowden dévoile la véritable cible, 14 avril 2017. Note de l’Auteuse : La précision entre crochets est de moi.]

Porte-parole des forces états-uniennes en Afghanistan, le capitaine de vaisseau Bill Salvin se voulait rassurant et déclarait « n’avoir aucune raison de penser » que des civils se trouvaient à ce moment-là pris dans l’explosion. Comme chacun(e) peut le lire dans l’histoire des États-Unis, la population civile étant le souci majeur des forces armées états-uniennes, un tri sélectif est effectué, avant tout bombardement, entre civils et combattants… « La cible a été choisie pour assurer un maximum d’impact contre l’ÉI tout en évitant des victimes civiles. » [La Croix, François d’Alançon, Afghanistan : la méga bombe de Donald Trump, 14 avril 2017.] Ce qui s’est confirmé sur tous les théâtres d’opération : Afghanistan, Irak, Libye, Syrie

Quant au commandant des forces états-uniennes en Afghanistan, le général John Nicholson, il demeure convaincu que cette méga-bombe est « la bonne munition » pour détruire, en vrac, bunkers, tunnels, jihadistes et… civils ? [Idem.] Les militaires états-uniens sont aux anges et le nouveau président, Donald Trump, est pleinement satisfait : « Je leur ai donné carte blanche. (…) Franchement, c’est pour cela qu’ils ont autant de succès ces derniers temps. » [Idem.] Évidemment, la méga-bombe ne peut que faire des merveilles… sur un groupe d’individus.

Six jours après le lâcher de la méga-bombe, considérée comme la plus puissante de l’arsenal… conventionnel états-unien, la zone du largage restait interdite d’accès à la population civile et aux forces afghanes par les troupes états-uniennes au sol. Les habitant(e)s du district d’Achin avaient dû quitter la zone où la méga-bombe allait être expérimentée sur les jihadistes. L’un de ces habitant(e)s, Ahmad Jan, émettait quelques doutes : « Personne ne peut se rendre sur place, ils ont complètement bloqué les accès. Je ne sais pas si ma maison est détruite. Ils n’ont pas non plus montré un seul corps. » [BFMTV, G.D. avec AFP, Afghanistan : la zone de la méga-bombe toujours interdite, 19 avril 2017.]

Le général à la retraite et expert militaire, Atiqullah Amarkhail, ne paraissait, quant à lui, navoir aucun doute et se montrait plutôt compréhensif et… un rien bavard : « Il ne s’agit pas d’une bombe ordinaire. Elle convoie des explosifs spéciaux, testés pour la première fois en zone de montagne. Pour moi, les experts américains travaillent au sol pour en évaluer les effets et les impacts. Ils doivent aussi nettoyer tout indice et toute particule, pour éviter que cette technologie ne tombe dans les mains de combattants ou d’autres services de renseignement de la région. Tout ceci prend du temps. » [Idem.]

Le méga-jouet extraordinaire étant doté « d’explosifs spéciaux », ne serait-il quun méga-jouet non conventionnel ? Et qu’en a-t-il été des résultats du test de ces « explosifs spéciaux » sur des êtres humains, fussent-ils les pires ennemis ?

Est-ce tout pour ces quelques jours d’avril 2017 ? Non pas…

Suite : IV. 72 – Après l’Afghanistan, la Corée du Nord… Encore une guerre en perspective ?

Françoise Petitdemange
30 juillet 2017 


Une réflexion sur “IV. 71 – Du 17 au 19 avril 2017, de la désescalade du conflit syrien à l’escalade d’autres guerres…

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