IV. 72 – Après l’Afghanistan, la Corée du Nord… Encore une guerre en perspective ?

IV. 72 – Après lAfghanistan, la Corée du Nord…
Encore une guerre en perspective ?

Les deux sœurs : Corée du Nord et Corée du Sud

En ces temps de guerres, où il est de nouveau question de mettre l’Afrique et le monde arabe au pas des armées coloniales occidentales, et qui sont autant de débouchés économiques pour les firmes d’armement, le président Donald Trump ne pouvait ignorer qu’une flotte militaire aéronavale états-unienne, composée d’un porte-avions pouvant transporter jusqu’à 80 avions ou hélicoptères parmi lesquels quelque 50 avions de combat, d’un escadron aérien, de deux destroyers et d’un croiseur lanceurs de missiles se déplaçait, le 8 avril, vers le continent asiatique où elle n’a rien à faire sauf à vouloir y provoquer de nouvelles guerres pour dominer le monde à la façon d’un empereur comme Napoléon Ier ou d’un dictateur comme Hitler.

Il s’agissait d’une véritable « armada », selon les propres termes du président Trump, à laquelle il ajoutait des sous-marins… Le porte-parole du commandement états-unien, Dave Benham, confirmait à l’AFP (Agence France-Presse) l’intrusion de la flotte dans le Pacifique jusque dans la mer du Japon : « Le commandement américain dans le Pacifique a ordonné au groupe aéronaval autour du porte-avions USS Carl Vinson d’être à disposition et présent dans l’ouest du Pacifique, et ce par mesure de précaution », « la menace numéro un dans la région reste la Corée du Nord, en raison de son programme de missiles irresponsable, déstabilisateur et imprudent, et de la poursuite (de ses recherches) en vue de disposer d’armes nucléaires. » [RTL, Eléanor Douet et AFP, Un porte-avions américain et sa flotte se dirigent vers la péninsule coréenne, 9 avril 2017.] D’où il ressort que seuls les États-Unis ont le droit de s’armer jusqu’aux dents pour menacer le monde entier…

Le jour même (13 avril), où la méga-bombe états-unienne tombait sur l’Afghanistan, voici Donald Trump considérant que la Corée du Nord se livrait à de nouvelles provocations ! Il aurait déclaré en substance… « La Corée du Nord est un problème » et ce problème « sera traité ». [La Presse.ca, Le problème de la Corée du Nord « sera traité », affirme Trump, 13 avril 2017.] Mais encore… « J’ai une grande confiance dans le fait que la Chine va très bien s’occuper de la Corée du Nord », « S’ils ne peuvent pas, les États-Unis avec leurs alliés s’en chargeront ! » [Idem.]

Que font donc les États-Uniens en Asie ? L’Afghanistan, la Corée du Sud et le Japon… Maintenant, la Corée du Nord ? Qu’est-ce qu’il entend, ce président, par cette déclaration que « le problème » nord-coréen sera « traité » ? De quoi se mêle-t-il ? Qu’est-ce qui le gêne ? Que la Corée du Nord soit une République Populaire Démocratique ? Que la République Populaire Démocratique, qui détient l’arme nucléaire, mette au point de nouveaux missiles, des missiles intercontinentaux, pour protéger son pays et sa population de toute attaque belliqueuse états-unienne – via ou non – la Corée du Sud, et pour riposter, en cas d’attaque, sur le territoire états-unien, histoire de faire savoir aux populations chloroformées des États-Unis qu’elles pourraient, elles aussi, pâtir un tout petit peu de ce que leur pays fait pâtir aux populations du monde entier depuis leur constitution en conglomérat d’États, il y a deux siècles et demi ?
La diatribe trumpiste, du style : « J’ai une grande confiance dans le fait que la Chine va très bien s’occuper de la Corée du Nord », suivie de la menace… « S’ils ne peuvent pas, les États-Unis avec leurs alliés s’en chargeront ! » n’est en rien une originalité.

Tests nucléaires de la RPDC

Sans doute, la Corée du Nord ne veut-elle pas être un nouveau Japon… Elle ne peut oublier la seconde guerre mondiale… Certes, le Japon faisait partie des forces de l’Axe (Allemagne, Italie, Japon), mais, dans l’empire du Milieu, si la dynastie impériale devait habilement sauver sa place, la population civile n’avait pas eu son mot à dire. Les bombardements effectués sur la population japonaise par les États-Unis se sont inscrits dans l’histoire du XXème siècle comme autant de surenchères aux crimes des nazis : les bombardements au napalm de Tokyo, capitale du Japon, dans la nuit du 9 au 10 mars 1945, puis, cinq mois plus tard, les bombardements atomiques des deux villes d’Hiroshima et de Nagasaki, les 6 et 9 août, associées à jamais dans le malheur du Japon mais aussi dans le déshonneur des États-Unis si, toutefois, ceux-ci gardent un peu quelque chose de l’histoire des destructions qu’ils produisent et des hécatombes qu’ils font, sont inscrits dans l’histoire des peuples…

Choe Ryong-Hae (au centre de l’image),
Corée du Nord

Tandis que les diatribes états-uniennes anti-Corée du Nord fusaient jour après jour depuis des semaines, le samedi 15 avril de cette année 2017, deux jours après l’attaque états-unienne menée contre l’Afghanistan à la méga-bombe, le peuple nord-coréen et son armée commémoraient le Jour du Soleil, le 105ème anniversaire de la naissance de Kim Il-sung, fondateur de la RPC (République Populaire de Corée), grand-père de Kim Jung-eun : une parade militaire, constituée de milliers de soldats et de soldates des armées du peuple, Terre, Air et Marine, mais aussi un défilé de chars et de semi-remorques, transportant 56 missiles de 10 types différents, étaient une réponse à la énième menace états-unienne. Aux États-Unis qui ne jurent que par les rapports de forces, que par l’étalage de leur puissance de frappe militaire, quelle autre réponse apporter que la participation de la population civile à ce défilé, qu’une démonstration de moyens humains et militaires ?

Le vice-président des Affaires d’État coréen, proche de Kim Jong-eun, Choe Ryong-Hae, intervenait sur la grande place de la capitale Pyongyang : « Si les États-Unis mènent une provocation imprudente contre nous, notre pouvoir révolutionnaire répliquera dans l’instant par une frappe destructrice et nous répondrons à la guerre totale par la guerre totale et à la guerre nucléaire par notre style de guerre nucléaire. » [Le Monde Asie-Pacifique, Harold Thibault, Gilles Paris (correspondant à Washington), Philippe Mesmer (correspondant à Tokyo), La Corée du Nord menace les États-Unis de « guerre nucléaire », 15 avril 2017.]

Accords franco-britanniques
pour se partager le gâteau arabe dont l’empire ottoman
a été dépossédé lors de son démantèlement

Deux jours après cette grande parade militaire en Corée du Nord, une certaine France, la France impérialiste, ne pouvait oublier son immense déconvenue en Syrie. En effet, le 17 avril 1946, le dernier soldat de l’armée française avait quitté le sol syrien : c’était la fin du protectorat français sur la Syrie qui annonçait le début d’une nouvelle vie pour la population syrienne et d’une nouvelle politique pour ce pays. Voilà ce que la grande bourgeoisie française n’a jamais accepté et ce qui reste en travers de la gorge des dirigeants politiques qui l’ont soutenue et la soutiennent, de Charles de Gaulle à Emmanuel Macron en passant par Nicolas Sarkozy et François Hollande

La succession de coups d’État, pour empêcher la Syrie de s’organiser, qui ont jalonné son histoire depuis son indépendance jusqu’au coup d’État qui devait permettre à Hafez El Assad de stabiliser la politique du pays, est là pour le rappeler. Lors de l’accession à la présidence de la Syrie, en 2000, de Bachar El Assad, les dirigeants des États impérialistes fondaient tous leurs espoirs sur une ouverture de cet ancien protectorat aux grands capitaux occidentaux qui permettraient d’avoir de nouveau la mainmise sur l’économie du pays et sur sa politique intérieure et extérieure. Depuis 2011, dans la suite des déstabilisations programmées dans les pays du Maghreb (Tunisie, Égypte) et des guerres tout aussi programmées en Libye et en Syrie, les États occidentalo-golfico-sionistes tentent de reprendre par les armes la Libye et les autres pays qui leur avaient plus ou moins échappé. Le contrôle total des richesses et des politiques de l’Afrique et du monde arabe, voilà ce que les dirigeants capitalistes-impérialistes-colonialistes veulent reprendre ou prendre par la force militaire et par les assassinats de dirigeants restés au contact des populations de leurs pays.

Le 17 avril 2017, jour du 71ème anniversaire de son indépendance, cela fait un peu plus de six ans que la Syrie se trouve aux prises avec les groupes d’opposition de la diaspora auxquels la France a fait des ponts d’or, notamment dans ses universités, ainsi qu’avec les groupes d’opposition armés, formés, financés, manipulés par les puissances occidentalo-golfico-sionistes. À l’occasion de cet anniversaire, le dirigeant nord-coréen, Kim Jung-eun, adressait un message de félicitations et de soutien au président Bachar El Assad et au peuple syrien.

Faut-il le rappeler ? La Corée du Nord est considérée, elle aussi, par les États capitalistes-impérialistes-colonialistes comme « a rogue state  » (« un État voyou »), parmi d’autres, comme l’a été la Libye révolutionnaire (1969-2011)…

Suite : IV. 73 – Après la Syrie, l’Iran ?…

Françoise Petitdemange
3 août 2017


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