IV. 137 – Le président Bachar Al Assad : fi du « bazar international »

IV. 137 – Le président Bachar Al Assad :
fi du « bazar international »

At-Tanaf (Syrie)

Les Russes continuent de mener des tractations avec les États-Uniens et les Israéliens en vue de la libération des territoires au sud-est de la Syrie. Il faut se souvenir du fait que la localité, At-Tanaf, a une position stratégique entre les frontières syrienne, irakienne et jordanienne, et se trouve sur la route Beyrouth (Liban), Damas (Syrie), Bagdad (Irak) ; raison pour laquelle les États-Unis se sont incrustés, en avril 2017, dans cette région en violation de la souveraineté de la Syrie.

Les États-Uniens quitteront-ils At-Tanaf à proximité de laquelle ils ont installé une base militaire prétendument pour lutter contre les terroristes ? en réalité pour former et armer des groupes de l’opposition syrienne.

Le contrôle de cette région par les États-Unis permet d’avoir un œil sur le camp de réfugié(e)s de El Rukban implanté dans la zone désertique, entre les frontières syrienne et jordanienne. Lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue jordanien, Ayman Safadi, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, faisait cette remarque début mai  :
« Des choses très étranges, y compris l’entraînement d’extrémistes qui y est mené pour qu’ils poursuivent les combats contrairement aux accords sur le cessez-le-feu, se produisent dans cette région autour d’al-Tanf et du camp de réfugiés de Rukban, un secteur que les Américains ont autoproclamé comme étant leur zone. » [Sputnik, Lavrov dénonce la formation d’extrémistes dans la zone d’al-Tanf sous contrôle US, 3 mai 2018.]

Toujours selon Sergueï Lavrov, lors d’une conférence de presse à Moscou, à la fin mai 2018, des groupes terroristes affluaient dans le camp de réfugié(e)s :
« Nous voyons qu’un nombre croissant de groupes armés apparaissent dans cette région, y compris dans le camp de réfugiés de Rukban, et qui sont, d’après nos informations, liés d’une manière ou d’une autre à Daech et à d’autres structures extrémistes. » [Sputnik, Des groupes terroristes liés à Daech apparaissent dans la zone d’al-Tanf, sous contrôle US, 28 mai 2018.]

La Russie ne cesse d’établir des relations régulières entre militaires et par la voie diplomatique. Sergueï Lavrov était plus que dubitatif quant au retrait des États-Uniens de la région :
« Sur la question des rapports, que je n’ai pas vus, selon lesquels les États-Unis préparent un plan qui inclut le retrait des troupes américaines de la zone d’at-Tanf. Comme je l’ai dit, cette zone a été créée artificiellement pour des raisons incompréhensibles du point de vue de l’intérêt militaire. » [Idem.]

À propos de ce camp dont les civil(e)s réfugié(e)s, hommes, femmes, enfants, étaient laissés-pour-compte, le gouvernement syrien et les organisations humanitaires avaient coordonné leurs efforts pour obtenir la livraison de l’aide humanitaire mais la coalition occidentalo-golfico-sioniste dominée par les États-Unis ne permettait pas l’entrée des camions dans le camp. C’est ce que dévoilait Sergueï Lavrov, le 3 mai 2018 :
« En ce qui concerne le camp de réfugiés de Rukban du point de vue de l’acheminement de l’aide humanitaire, les Américains refusent depuis longtemps de l’ouvrir aux convois humanitaires sous prétexte que le gouvernement syrien refuserait de donner son consentement. » [South Front, Lavrov : La situation humanitaire médiocre dans le camp de réfugiés de Rukban en Syrie est le résultat d’actions américaines, 4 mai 2018.]

Mais, que faisait l’ONU ? Ne pouvait-elle pas faire parvenir l’aide humanitaire aux réfugié(e)s du camp puisque la frontière, du côté jordanien, était accessible ?

Bachar El Assad,
à la chaîne de télévision iranienne Al-Alam,
13 juin 2018

Quel est le rôle des États-Unis et d’Israël dans le sud de la Syrie ? Celui d’envenimer la situation.

Dans un entretien que le Président Bachar Al Assad a accordé, tout récemment, le 13 juin 2018, à la chaîne de télévision iranienne Al-Alam, il a évoqué le fait que les Syriens et les opposants syriens avaient été près d’un rapprochement :
« Il y avait une opportunité de réconciliation, mais l’intervention américaine et israélienne l’a empêchée. » [SANA (L’Agence Arabe Syrienne d’Information), Le président Al-Assad à « Al-Alam » : La riposte la plus forte à “Israël” est la frappe de ses terroristes en Syrie, 13 juin 2018.]

Les États-Uniens disent qu’ils partiront d’At-Tanaf, mais quand ? Bachar Al Assad sait à quoi s’en tenir quant à la qualité de leur parole :
« [T]out le monde sait que les États-Unis pratiquent historiquement le mensonge et il faut attendre pour voir. » [Idem. Note FP : La lettre majuscule entre crochets est de mon fait.]

Confrontée aux frappes israéliennes sur la Syrie, le Président Al Assad déclare :
« La riposte la plus forte à “Israël” est la frappe de ses terroristes en Syrie. » [Idem. Note FP : Le titre est plus clair que la phrase du texte.]

Quant au rôle plus qu’ambigu de la Jordanie, le président Assad se montrait très vigilant :
« [E]n tout cas, je souhaite la stabilité en Jordanie et ne souhaite pas le chaos dans ce pays car il aura des répercussions négatives sur nous. » [Idem. Note FP : La lettre majuscule entre crochets est de mon fait.]

La coalition tripartite, Syrie, Russie, Iran, est une coalition qui s’est constituée pour lutter contre la coalition occidentalo-golfico-sioniste qui fait la guerre à son pays. Mais le Président Bachar Al Assad considère que cette coalition de défense du territoire syrien n’est pas éphémère : elle survivra à la fin de la guerre :
« Que je sois clair, la relation syro-iranienne est stratégique, [elle] ne se soumet à aucun arrangement au sud et au nord et ne se soumet point au bazar international. » [Idem. Note FP : Le mot entre crochets est de mon fait.]

Le Hezbollah ? Selon le Président Al Assad, il est une force principale dans la guerre en Syrie. Et, donc…
« [L]orsque le Hezbollah, l’Iran ou autres estimeront que le terrorisme est éradiqué, ils nous diront : « Nous voulons regagner notre pays. ». » [Idem. Note FP : La formulation a été remaniée par moi-même.]

Le président Bachar Al Assad est décidé :
« [N]ous libérerons tous les territoires syriens, nous accorderons l’opportunité au processus politique, mais en cas de son échec, nous n’aurons comme choix que la libération par la force. » [Idem. Note FP : La lettre majuscule entre crochets est de mon fait.]

La reconstruction de la Syrie ne sera pas pour les fauteurs de guerre : ils misent sur la destruction des pays pour redresser leur économie moribonde d’être fondée sur le malheur des un(e)s et la corruption des autres. Le Président Bachar Al Assad est catégorique :
« Nous n’autoriserons point aux pays qui ont contribué à la guerre et à la destruction de la Syrie de faire partie de la reconstruction. » [Idem.]

Suite : IV. 138 – La libération du gouvernorat de Deraa, en Syrie… (juin-juillet 2018) 

Françoise Petitdemange
15 juin 2018


4 réflexions sur “IV. 137 – Le président Bachar Al Assad : fi du « bazar international »

  1. Tout le monde hors les belligérants directs des pays adjacents de cette région – ça en fait pas mal y compris Américains, Russes, Français , Anglais, Allemands, etc – sont avant tout dans un vaste champ géopolitique, un jeu de GO a l’échelle de « L’Asie mineure » et la cessation de tous les conflits – à l’image des multiples siècles de possessions, pertes et regains de territoires – ne seront jamais apaisés tant que regorgera des envies et de domination international et des sous-sols riches en matières premières, et que les financiers internationaux pourront y « tirer » de conséquents avantages monétaires;

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    1. Merci à vous, Libre Jugement, pour votre commentaire.
      Vous avez fort bien résumé la situation politique et économique à l’échelle de la planète.
      Tant que la finance internationale dominera les « relations humaines » – à travers le partage du monde en deux parties : ceux qui travaillent/chôment et obéissent et ceux qui accumulent le capital et le font fructifier – il n’y aura pas de paix possible, pas d’humanité.
      Quant à la France, dans tout cela, elle ne se relèvera pas de 40 ans de laisser-aller sur tous les plans : politique, économique, intellectuel, éthique, etc.
      Cordialement, Françoise Petitdemange, Ma19Jn2018, 09heures18.

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