René Descartes (1596-1650) : « J’avance masqué. »
Après avoir suivi Jacques Lacan tel qu’il a pu nous apparaître, dès 1929, dans un cadre privé, rejoignons-le dans les publications auxquelles il a collaboré tout au long des années trente, en nous arrêtant tout d’abord sur sa signature…
Rendant compte de la 84ème Assemblée de la Société Suisse de Psychiatrie qui a eu lieu à Prangins les 7 et 8 octobre 1933, il signe : Jacques Lacan.
Au bas du compte-rendu qu’il consacre, dans l’Evolution Psychiatrique de 1935, à l’ouvrage de son ami Henry Ey, « Hallucinations et délires », sa signature prend la forme : Jacques-M. Lacan.
Sous le titre « Psychologie et esthétique », est paru un compte-rendu de Jacques Lacan, dans Recherches philosophiques 1935, sur l’ouvrage de E. Minkowski, « Le temps vécu. Études phénoménologiques et psycho-pathologiques ». C’est signé : Jacques M. Lacan.
Nous voici au bas de Au delà du « Principe de réalité », publié en 1936 dans l’Évolution Psychiatrique : Marienbad. Noirmoutier. Août-Octobre 1936. J.-M. Lacan.
L’article « La famille » publié dans l’Encyclopédie Française, tome VIII, mars 1938, est signé : Jacques M. Lacan.
Revenons maintenant au cadre privé, non sans une certaine émotion, puisque nous atteignons le moment où, à Chartres, Jean Moulin soigne la terrible plaie de sa gorge (il s’est blessé dans la nuit du 17 au 18 juin 1940) et la masque d’une écharpe qui n’est pas celle de la légende :
« Pau, le 24 juin 1940
Le médecin auxiliaire Lacan Jacques Marie, affecté pour ordre à l’hôpital complémentaire des Franciscains,
À Monsieur le général commandant la 4ème subdivision
Sous couvert de Monsieur le Médecin-chef de la Place de Pau
J’ai l’honneur de solliciter de votre haute bienveillance la délivrance d’une ordre de service pour me rendre à Aurillac, pour un motif qui ne peut être exposé avec votre permission que verbalement.
J. Lacan »
Avançons-nous jusqu’au coeur des années quarante…. « Le temps logique et l’assertion de certitude anticipée », paru en 1945 dans les Cahiers d’art, s’achève sur un Dr. J Jacques Lacan, où ce « J » qui, tout à coup se redouble, ne peut que nous ravir, à être précédé de cette phrase :
« Mouvement qui donne la forme logique de toute assimilation « humaine », en tant précisément qu’elle se pose comme assimilatrice d’une barbarie, et qui pourtant réserve l’indétermination existentielle du « je »… »
Et cela qui me vient sous la plume quand je signe, que pourrait-on en dire ?…
Michel J. Cuny