Libye – En route vers le mensonge d’Etat

 Alex Poniatowski en était donc à vouloir développer devant nous les témoignages médicaux et ceux des personnels de l’hôpital de Benghazi permettant de mesurer les « graves carences sanitaires » dont souffrait cet établissement, carences qui, rappelons-le, sont la seule cause que le rapporteur et la Commission d’enquête souhaitent retenir pour expliquer l’épidémie de sida qui a touché quelques centaines d’enfants en quelques semaines.

Du côté des personnels, nous n’aurons que l’avis… des infirmières mises en cause par les autorités libyennes. Ce qui ne nous laisse qu’une seule possibilité : faire la critique interne de leurs propos pour décider de la crédibilité de ceux-ci, en l’absence de toute autre information.

Le premier témoignage repris par le rapporteur concerne une période précédant de quinze ans le drame de l’épidémie de sida :
« Évoquant son premier séjour en Libye en 1984 à Tarhuna au Nord-Ouest du pays, Mme Valya Chervenyashka, l’une des infirmières, a décrit un hôpital bénéficiant de bonnes conditions sanitaires, avec des draps propres et des médicaments. »

Nous sommes, là, deux ans avant le bombardement américain de 1986 – dont Françoise Petitdemange nous a précédemment tenus informés -, et bien avant la mise en œuvre de l’embargo décidé par l’ONU. Mais le rapporteur ne va pas se laisser démonter par l’argument que pourrait fournir cette circonstance pour expliquer les dégradations des années suivantes. Très vite, il déclare :
« Il faut pourtant rappeler que l’embargo international décidé à l’encontre de la Libye ne portait pas sur le matériel médical et que le pays avait grâce à ses revenus pétroliers les moyens d’acheter notamment des seringues à usage unique. »

On pourrait lui rétorquer que c’était également la bonne époque pour faire entrer en Libye les poches de sang contaminé soigneusement confectionnées par le laboratoire français Mérieux…

Revenons à la suite du témoignage de notre infirmière :
« Elle a en revanche expliqué avoir été effrayée par le manque d’hygiène, l’absence de médicaments lorsqu’elle est retournée en Libye, à Benghazi, douze années plus tard [cela nous mène en 1996, alors que l’embargo a débuté en 1992]. Les Libyens eux-mêmes n’ont plus confiance dans leur système de santé. Le professeur Pierre-Marie Girard, coordinateur pour la France du plan d’action pour Benghazi, a évoqué, au cours de son audition, « l’appétence des patients et des familles pour les transferts [à l’étranger], tant leur mépris à l’égard du système de santé est grand  ». »

Ici, un médecin pointe le bout du nez. De quel système de santé veut-il nous parler ? Est-ce du système de santé en général ? Du libyen seul ? S’il ne s’agit que de la Libye, cette méfiance exagérée pouvait-elle s’être établie avant 1998, c’est-à-dire avant que n’éclate l’épidémie de sida de Benghazi ? Ce médecin n’aura-il rien dit à propos de l’idée que l’on pouvait se faire, en Libye et ailleurs, des manœuvres françaises autour du sang contaminé qui défrayait la chronique mondiale dans ces années-là ?…

Sans perdre un seul mot, passons à la suite du Rapport. Et le voilà qui s’autodétruit :
« Interrogés sur l’hôpital pédiatrique El-Fateh de Benghazi, les témoins auditionnés par la commission d’enquête ont décrit un établissement délabré et assez sale, sans être cependant un hôpital pauvre comme il en existe en Afrique subsaharienne. Tous ont souligné que le personnel hospitalier, libyen ou étranger, était correctement formé. De fait, tous les enfants hospitalisés pendant cette période n’ont, fort heureusement, pas été contaminés par le VIH : sur dix mille patients, c’est une proportion de 4 % qui a été infectée. Durant cette période, deux infirmières bulgares sur cinquante ont été infectées soit également une proportion de 4 %. »

Alors, où est l’erreur ? Où, les seringues réutilisées à n’en plus finir, si le personnel était « correctement formé » ? Où la crasse et le délabrement qui auraient pu suffire à produire cette contagion plus ou plus fulgurante ? Et cependant, il y a eu des centaines de victimes…

Eh bien, non, la Libye a tort !… Puisque c’est maintenant le corps médical lui-même qui nous le dit à travers Axel Poniatowski dont nous pouvons être sûrs qu’il n’a aucune raison de rapporter des propos qui n’auraient pas été tenus par notre sommité mondiale et son collègue :
« Dans ces conditions, comme les professeurs Montagnier et Girard l’ont expliqué à la commission d’enquête, il paraissait très probable que les transmissions nosocomiales du VIH aient été la conséquence de la pénurie de matériels de santé qui frappait l’établissement – d’ailleurs soulignée par les infirmières bulgares – se traduisant par l’utilisation d’aiguilles souillées et la réutilisation de matériel à usage unique. »

Et pourtant, nous venons tout juste de lire cette phrase :
« Tous ont souligné que le personnel hospitalier, libyen ou étranger, était correctement formé. »

Formé, et qui pourtant… Qu’est-ce à dire ?… Nous tremblons de devoir renoncer à voir, dans ce cher personnel bulgaro-palestinien, de grands martyrs victimes du dictateur Muammar Gaddhafi.

Montagnier, un effort !… Nous t’implorons… à genoux. Il doit bien y avoir une astuce !… Hein ?…

Michel J. Cuny

Clic suivant : Professeur Montagnier : « Je le jure »


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