Résultat des guerres menées depuis une soixantaine d’années par l’Occident impérialiste

Avec le rapport de l’Organisation internationale du travail (O.I.T.) : « Tendances mondiales de l’emploi 2011« , attardons-nous un instant sur la situation des travailleurs en Afrique du Nord :
« Le taux de chômage en Afrique du Nord demeure l’un des plus élevés du monde, à 9,9 pour cent en 2009 et avec une estimation à 9,8 pour cent en 2010 (intervalle de confiance de 9,1 à 10,5 pour cent). Ce taux globalement élevé résulte avant tout du taux de chômage des jeunes extrêmement élevé estimé à 23,6 pour cent en 2010 après avoir atteint 23,4 pour cent en 2009. » (page 55)

Nous connaissions déjà cette propension qu’ont les jeunes à être massivement touchés, dans les pays arabo-musulmans par le chômage. De même, après les femmes du Moyen-Orient, en ce qui concerne les femmes d’Afrique du Nord :
« À l’heure actuelle, dans la région, seules 28 femmes sur 100 sont actives sur les marchés du travail. » (page 55)

Nous découvrons ensuite qu’en Afrique du Nord toujours, il y a en quelque sorte une zone refuge :
« Le secteur agricole, qui représente 27,8 pour cent de l’emploi total, continue de jouer un rôle majeur dans la création d’emplois. » (page 55)

Pour comprendre en quoi consiste ce refuge, il faut revenir sur un paragraphe que nous avions déjà repris précédemment :
« Dans de nombreuses régions en développement, notamment les moins avancées et celles enregistrant une croissance démographique rapide, la croissance de l’emploi est essentiellement tirée par les tendances démographiques, puisque la majorité des travailleurs n’intègre pas l’emploi salarié formel mais opère plutôt dans une activité indépendante ou dans un travail familial non rémunéré, par exemple dans l’agriculture de subsistance. » (page 11)

Nous sommes donc ici dans le très important « secteur informel »… D’autres diraient : « communautariste »…

On peut y voir quelque chose de particulièrement fâcheux. C’est ce que fait l’O.I.T. lorsque, sur son site, elle définit l’économie informelle :
« Ces emplois se caractérisent également par l’absence de protection en cas de non-paiement des salaires, d’heures supplémentaires forcées, de renvois sans préavis ni indemnités, de conditions de travail dangereuses et d’absence d’avantages sociaux tels que la retraite, le congé maladie et l’assurance maladie.« 

Très charitablement, l’O.I.T. s’oppose à ce qu’elle ne tarde pas à définir comme étant même particulièrement « indécent ». Voyons cela :
« Adoptée par la Conférence internationale du Travail en juin 2002, la Résolution concernant le travail décent appelle à répondre aux besoins des travailleurs et des secteurs économiques de l’économie informelle. Dans cette optique, l’accent est mis sur une approche intégrée visant à promouvoir le travail décent. »

Le travail décent, par excellence, c’est celui qui s’intègre dans les circuits internationaux à travers les marchés des biens et des capitaux.

Cependant, une note de la page 55 du Rapport : « Tendances mondiales de l’emploi 2011 » nous signale un fait qui ne saurait être minimisé :
« Il faut noter que, pendant la crise, l’importance du secteur informel a contribué à atténuer l’impact de la crise. Cette partie de l’économie a en effet continué à fonctionner et à absorber un certain nombre de personnes évincées du secteur formel. Plus le secteur informel était important, plus sa capacité d’absorption s’est avérée remarquable pendant le choc. Dans les pays ayant un secteur informel limité, par exemple la Tunisie, le chômage a ainsi plus augmenté que dans des pays présentant un vaste secteur informel.« 

Nous pressentons, alors, qu’au coeur des protections qui caractérisent le secteur informel, il y a l’ensemble du schéma de vie qu’organise l’islam, pour parer aux mauvais coups qui lui viennent, directement ou indirectement, de l’impérialisme conquérant.

Écartons-nous un tout petit peu du monde arabe, et glissons vers l’Afrique subsaharienne. Que nous dit, des conditions de travail qui s’y trouvent présentes, le Rapport de l’O.I.T. ?
« L’impact de la crise économique a généralement été moins violent dans les économies à faible revenu, essentiellement du fait de liens commerciaux et financiers limités avec l’économie mondiale. » (page 57)

paysanne afrique

C’est bien ce que nous avions vu pour le monde arabo-mulsuman lui-même. L’autonomie par rapport aux pays impérialistes est un facteur essentiel de protection, d’une protection exceptionnellement importante, puisque :
« En 2009, plus des trois quarts des travailleurs (75,8 pour cent) étaient en situation d’emploi vulnérable, ce taux dépassant nettement celui de toutes les autres régions à l’exception de l’Asie du Sud. » (page 58)

On voit le côté terrible d’une éventuelle déstabilisation, même de proportion relativement minime, puisqu’elle suffirait à frapper la quasi-totalité de la population subsaharienne :
« […] en 2009, environ quatre travailleurs sur cinq faisaient partie des travailleurs pauvres (2 dollars EU par jour). » (page 58)

La conclusion montre l’importance décisive, dans cette région extrêmement pauvre, de l’économie informelle face aux éventuels assauts du marché internationalisé. Mais elle annonce également que c’est bien ce que doit venir détruire la future « transformation structurelle » tellement souhaitée par l’impérialisme occidental :
« La majeure partie des travailleurs pour leur propre compte et des travailleurs familiaux non rémunérés opère dans le secteur agricole, qui représentait 59,0 pour cent de l’emploi en Afrique subsaharienne en 2009. De son côté, l’emploi dans le secteur industriel n’occupait qu’approximativement un travailleur sur dix la même année (10,6 pour cent). La croissance limitée de l’emploi dans l’industrie témoigne de l’absence de transformation structurelle, notamment du marché du travail, dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne. » (page 58)

    Le « marché du travail« … Voilà qui ne paraît plus pouvoir être contrebattu par la moindre notion de socialisme, à la façon de ce qui existait naguère, et dans des conditions tout à fait remarquables compte tenu de la pauvreté initiale et des soumissions antérieures aux intérêts étrangers, dans l’Égypte de Gamal Abdel Nasser, dans l’Irak de Saddam Hussein, dans la Libye de Muammar Gaddhafi, dans la Syrie de Bachar el-Assad

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Michel J. Cuny


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