15 – De la Révolution libyenne (1969-2011)
à un rêve impossible
dans les prétendues démocraties occidentales
Mohammed Idriss El-Mahdi El-Senussi
(1889 en Cyrénaïque, province de l’Empire ottoman-1983 au Caire, Égypte) ;
Roi Idriss 1er (déc 1951-sept 1969)
Sayyida Fatima el-Sharif
(1911 à Koufra, Empire ottoman menacé par la colonisation italienne-2009 au Caire, Égypte),
4ème épouse du roi Idriss 1er de Libye
La fin de la monarchie en Libye, sous tutelle britannique, n’a pu être obtenue que par une Révolution qui a aussitôt mis en place une république : la République Arabe Libyenne…
Par la Révolution du 1er Septembre 1969, le peuple libyen a trouvé sa place, toute sa place, dans son propre pays ! une vraie place qui lui était refusée par la monarchie du roi fantoche Idriss 1er et les courtisans de ce roi cacochyme.
Au moment de la Révolution, le roi Idriss 1er et Fatima el-Sharif, qu’il avait épousée en 1931, étaient parti(e), depuis quelque deux mois, pour suivre une cure à Brousse, en Turquie. Leur seul héritier, un fils, était mort en 1953, à l’âge de un an. À leur retour en Libye, début septembre, le roi devait abdiquer au profit d’un neveu. Pendant leur absence, certaines factions de la monarchie ne s’en disputaient pas moins la succession.
La Révolution du 1er Septembre a mis fin aux querelles des factions qui voulaient s’arroger toutes les places et à la transmission monarchique du pouvoir qui – en théorie – se fait de père en fils, mais qui, souvent, se fait de frère à frère, ou d’oncle à neveu comme cela était prévu en Libye, en 1969, faute de descendance directe.
Les Révolutionnaires libyens
La Libye, avant la Révolution, était un pays occupé par l’étranger. Après le 1er Septembre, le CCR (Conseil du Commandement de la Révolution) a décidé de ne pas reconduire le contrat pour une prolongation des bases militaires française, britannique, états-unienne, sur le sol libyen. Décision suivie d’effet puisque, en 1970, les militaires étrangers ont dû démanteler leurs bases et quitter les lieux et, ce, dans les meilleures conditions possible. Le peuple libyen a, dès cette année 1970, retrouvé, avec la réelle indépendance de son pays, sa fierté de peuple libre.
La Révolution du 1er Septembre 1969 s’est poursuivie, en Libye, au-delà de cette date-repère et se poursuivrait encore s’il n’y avait eu cette guerre civile fomentée par les pays ex-colonisateurs (France, Grande-Bretagne, États-Unis), doublée de leur guerre coloniale.
Avec la création en cours, au moment de la guerre de 2011, des États-Unis d’Afrique, cette Révolution devait trouver ses prolongements dans tout le continent africain si certains chefs d’États n’avaient pas freiné des quatre fers devant la création d’une armée commune qui a tant fait défaut à la Libye, en 2011, et qui fait défaut à d’autres pays africains actuellement, comme au Mali, si ces chefs d’États africains ne trouvaient pas une compensation financière personnelle et/ou familiale – qui convient à leur petit « ego » au milieu d’un grand continent qui dépasse leur entendement – à leur complète soumission aux ex-néo-colonisateurs.
La construction de la GRA (Grande Rivière Artificielle) en Libye n’a pas été réalisée par hasard. De même que le 1er satellite africain a bénéficié, non pas seulement au peuple libyen, mais à tous les peuples africains, de même il s’agissait de faire que les pays africains, dépourvus d’eau, puissent y accéder. (Je n’entrerai pas ici dans les détails puisque j’évoque ce projet dans mon ouvrage [La Libye révolutionnaire dans le monde (1969-2011), Éditions Paroles Vives 2014.]
Le CCR (Conseil du Commandement de la Révolution) aurait peut-être pu continuer à exister avec la mise en place de l’État des masses le 2 mars 1977. D’ailleurs, dans la période précédant 2011, Muammar Gaddhafi réfléchissait à un appel à ceux de ses anciens camarades qui étaient demeurés fidèles à la Révolution et, aussi, à leur jeunesse… pour discuter du développement de la Libye et d’une Afrique révolutionnaire ?
L’idée d’étendre la Révolution libyenne à d’autres pays dans le monde – y compris dans le monde occidental – avec des structures adaptées à chaque pays qui l’aurait adoptée, était, dans l’esprit des révolutionnaires de ce pays, belle et généreuse.
Le problème a résidé dans le fait que la Révolution libyenne de 1969 est restée inconnue, de façon générale, des peuples occidentaux ; elle l’est encore. Tout s’est passé dans les pays d’Europe, surtout en France, de telle sorte que les peuples n’aillent pas voir les conditions de travail et de vie de l’autre côté de la Méditerranée mais se contentent des faux rêves virant aux cauchemars venus de l’autre côté de l’Atlantique…
Jamais, dans l’histoire, hommes n’ont été plus dénigrés que Joseph Staline, Mao Tsé-Toung, Gamal Abdel Nasser, Muammar Gaddhafi, Mahmoud Ahmadinejad, Evo Morales, et quelques autres… Pourquoi ? Ils venaient du peuple et restaient proches du peuple. Ceux issus de la classe bourgeoise, qui se sont mis et qui se mettent authentiquement du côté du peuple, sont tout autant dénigrés : Karl Marx, Friedrich Engels, Vladimir Ilitch Lénine, Fidel Castro, Hugo Chávez, Bachar El Assad, et quelques autres…
Sur la Libye, comme sur d’autres pays, certains clichés, mensonges, sornettes, etc., entretenu(e)s par les médias mainstream, ont la vie dure, y compris dans les milieux dits “kadhafistes”… c’est du moins ce que j’ai pu constater. La négligence ou/et le mépris des documents écrits, les plus authentiques qui soient, y sont pour beaucoup
Les révolutionnaires de 1969, dont Muammar Gaddhafi, ne se sont pas trompés en voulant étendre la Révolution au monde. C’est le peuple français qui n’a pas été capable de s’instruire de ce qui se vivait en Libye.
Il n’y a pas de quoi être fier(ière) de l’accueil que le gouvernement a réservé, en 2007, à Muammar Gaddhafi et à la délégation libyenne, avant de faire la guerre au peuple libyen pour détruire son pays et le punir de se gouverner lui-même. Derrière cet accueil ignoble et irresponsable, se trouvait quelque personne plus sioniste que les sionistes – oui, il y en a – qui, en service commandé, faisait le “job” jusqu’à son propre abaissement mais, pire, jusqu’à l’abaissement de la France.
Par la suite, c’est-à-dire après 2011, certains Français(es), qui travaillent dans des institutions culturelles et qui ont donc la possibilité d’avoir quelques cartes géographiques sous les yeux, par exemple, ont découvert, en lisant mon livre, que, finalement, la Libye était un pays voisin de la France, juste de l’autre côté de la Mer Méditerranée. C’est dire l’ignorance qui sévit dans les têtes, d’occidentaux et d’occidentales, repues de mensonges.
Dans les années 1960-70, en France, il y avait, au cœur de la jeunesse intellectuelle issue du peuple, un esprit, sinon révolutionnaire, du moins d’opposition aux guerres (Algérie, Viêt-Nam, etc.). À partir des années 1980, la jeunesse a renié ses origines populaires et ses possibilités révolutionnaires pour se ranger dans le camp de la petite bourgeoisie complètement réactionnaire, ce qui se traduit, entre autres, par un esprit d’autant plus anti-arabe qu’il est déraisonnablement pro-sioniste.
Quand la jeunesse se rendra compte que la politique de la France se dicte de l’étranger, et qu’elle n’a, d’une façon générale, plus aucun repère historique, il sera trop tard pour elle. Cela fait des décennies, maintenant, que ces repères sont attaqués, du point de vue idéologique et pratique : la jeunesse est complètement déshistoricisée et donc, dépolitisée. Ceci du fait que la politique politicienne, avec querelle d’individus, de partis et de gros sous, a complètement évacué la conscience politique de chacun et de chacune.
Suite : Le Quotidien du Médecin diffame Muammar Gaddhafi et le peuple libyen
Françoise Petitdemange
21 mars 2018
Une réflexion sur “15 – De la Révolution libyenne (1969-2011) à un rêve impossible dans les prétendues démocraties occidentales”