Pour en finir avec la spoliation permanente des richesses de l’Afrique

par Issa Diakaridia Koné

Je reprends mon analyse de l’article publié en février 2014 par Alain Antil dans la revue de l’Institut français des relations internationales (I.F.R.I) sous le titre : « Le boom minier au Sahel –  Un développement durable ? »

Selon cet auteur, le début des années 2000 a été marqué par une très importante remontée des cours mondiaux de certaines matières premières, et ceci, sous l’effet de la croissance de l’économie chinoise… Le sous-sol du Sahel se révélant pourvu d’un grand nombre d’entre elles, la finance internationale est réapparue dans les pays africains limitrophes pour prendre sa part d’un gâteau qu’elle pourrait ensuite revendre au prix fort à la Chine qui, elle, ne cherche pas à rentabiliser ses capitaux mais à obtenir les matériaux nécessaires au développement de sa production industrielle et donc au bien-être de sa population de 1,3 milliard d’habitants…

Revenons au texte d’Alain Antil :
« Néanmoins, la crise de 2008 a marqué une rupture nette dans l’appréciation continue des cours miniers observés depuis le début du XXIe siècle. Certains voient dans cette rupture la fin prématurée de ce supercycle, notamment si le taux de croissance du PIB de la Chine ne tutoie plus les 10 %, comme cela a été le cas ces deux dernières décennies, mais tend plutôt à se stabiliser entre 5 et 8 %. »

Ceci confirme que c’est bien l’économie chinoise qui est déterminante pour la production minière africaine en général, et en particulier, pour celle à venir du Sahel… Or, la suite de l’analyse d’Alain Antil nous montre que la crise de 2008, si elle a frappé l’économie mondiale, ne permet pas d’entretenir de doutes quant à l’évolution ultérieure de la consommation chinoise de matières premières. Il y a certes eu un fléchissement :
« Toutefois, de nombreuses autres voix affirment que ce tassement de la demande chinoise n’est que temporaire. La demande de ce pays n’est en effet pas seulement liée aux besoins de son modèle économique d’exportation industrielle mais aussi à une demande intérieure de plus en plus forte (urbanisation, constructions d’infrastructures et de logements, équipement en voitures individuelles, etc.). »

Si donc un partenaire s’impose à l’Afrique en ce qui concerne la durabilité de sa production minière, c’est bien la Chine : il s’agira, alors, d’exporter directement vers elle, en bénéficiant de son soutien technique et financier, et non pas de permettre aux capitaux occidentaux de venir s’engraisser sur la production africaine et sur la commercialisation à un prix de marché très élevé de matières premières qui sont l’essentiel de la richesse de l’Afrique, alors que la finance internationale s’organise pour ne surtout pas lui permettre de diversifier sa production intérieure en général.

Toujours avec Alain Antil, allons plus loin :
« De plus, la demande de minerais est aussi portée par la transformation des économies émergentes ainsi que par l’urbanisation rapide d’autres pays en développement, en Afrique, Amérique latine et Asie du Sud. »

Là encore, il faut le souligner, le grand danger est représenté par la finance internationale : ce sont pour elle des terrains de chasse qu’elle s’efforce de placer sous sa coupe, en se présentant comme un recours incontournable tant pour le financement que pour la commercialisation, ceci ayant pour résultat de lui permettre de se saisir, au passage, de la richesse nécessaire, dans tous ces pays, aussi bien à la population qu’au développement économique ultérieur.

Qu’il s’agisse donc de l’Afrique, de l’Amérique latine et de l’Asie du Sud, existe-t-il un autre recours que la Chine, dont tout montre, par ailleurs, qu’elle ne cesse de se rapprocher de la Russie, c’est-à-dire de ce qui constitue aujourd’hui un pôle essentiel de défense des États demeurés plus ou moins dans la mouvance d’un socialisme prolétarien qui ne demande qu’à se réaffirmer en particulier à l’intérieur de pans entiers de la jeunesse africaine ?

En effet, à eux seuls, les États africains qui le souhaiteraient ne pourront pas se dégager de l’étreinte impérialiste qui n’a d’autre objectif que de les vider de leur sang, c’est-à-dire de ces richesses qui sont tout à la fois la garantie de leur présent et leur seule chance d’avoir un avenir bien à eux.

Or, pour que le Sahel – entre autres – devienne un réel gage de développement des pays africains limitrophes, il y a certaines conditions à remplir pour leurs peuples, alors que l’urgence est là. C’est ce que nous allons comprendre grâce à Alain Antil :
« Comment diffuser dans le temps et dans l’espace les bienfaits d’une activité par nature localisée et non durable ? La première condition est évidemment que les États puissent négocier des contrats miniers plus équitables. »

Se référant à une position prise officiellement par l’Union africaine, il écrit ensuite :
« Le document de l’UA souligne que la part réelle des bénéfices des activités extractives revenant aux États est moins élevée sur le continent africain qu’ailleurs, notamment en raison de l’incapacité des États à taxer les gros bénéfices et à participer à l’activité extractive. »

En agissant en coopération avec la Chine, il ne serait plus nécessaire de courir derrière l’Occident pour récupérer ce que les gros bénéfices savent si bien accaparer à travers des dirigeants africains corrompus. Quant à la technologie, c’est dans des mains chinoises que l’Afrique peut venir la récupérer et apprendre à la mettre en œuvre.

Tout ceci n’est-il pas suffisamment clair ?

Issa Diakaridia Koné

NB. La collection complète des articles d’Issa Diakaridia Koné est accessible ici :
https://unefrancearefaire.com/category/lafrique-par-elle-meme/


3 réflexions sur “Pour en finir avec la spoliation permanente des richesses de l’Afrique

    1. À Ahmedmaghnia,

      Il n’est pas juste de mettre en équation « les Chinois et les Occidentaux ».

      La République Populaire de Chine a le souci du rapprochement entre les peuples, contrairement aux pays européens qui se sont développés grâce au commerce triangulaire et à l’esclavage, qui ont fomenté des guerres civiles – inter-claniques, inter-tribales, religieuses – pour parvenir à coloniser les immenses territoires et organiser leurs rapines à seule fin de s’emparer des richesses du continent africain, et qui, au lieu de rompre avec leur histoire destructrice, poursuivent leur œuvre de mort jusqu’à aujourd’hui.

      La Chine a une superficie de 9.597.000 km2 ; l’Afrique, une superficie de 30.415.900 km2.. Cependant, le continent asiatique couvre une superficie de 43,8 millions de km2 et le continent africain, une superficie de 30,4 millions de km2.
      Ceci pour dire que la Chine connaît, elle aussi, l’immensité des espaces. Elle a, de même que l’Afrique, des déserts : Désert de Gobi, Désert du Taklamakan, Désert Badan Jaran, Désert Gurbantonggut, Désert Tengli, etc., et je terminerai par ce Désert au nom poétique : Les Dunes de Sable Chantant… Elle a connu, dans son histoire, le développement du commerce caravanier – comme l’Afrique – qui lui permettait d’avoir des échanges avec l’Inde et l’Asie centrale ; elle a connu – comme l’Afrique – le déclin de ce commerce après le développement du commerce maritime.

      Actuellement, la République Populaire de Chine propose à tous les pays, y compris à l’Afrique bien évidemment, une politique de coopération et non de conflit, une économie d’inclusion appuyée sur le co-développement et le partage de la prospérité et non une économie d’exclusion qui fait le développement et la prospérité des uns au détriment du développement et de la prospérité des autres.

      L’Afrique, de par son histoire et de par le comportement des dirigeants européens et états-uniens, a plus à redouter de l’Europe et des États-Unis que de la Chine ou de la Russie ou de l’Amérique latine…

      Bien à vous, Françoise Petitdemange

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