1. Françoise Petitdemange, écrivaine

1. Françoise PETITDEMANGE
(1954)

 

Françoise Petitdemange est née le 14 juillet 1954, dans une ferme dont une partie était louée par ses parents, non loin du centre du village de Saint-Michel-sur-Meurthe, dans les Vosges (France). Elle sera la dernière enfant d’un père, ex-ouvrier du textile devenu facteur, et d’une mère, ex-ouvrière devenue femme au foyer, qui ont déjà deux filles. Par bonheur, le couple n’a pas suivi le conseil d’une dame qui leur avait proposé de prénommer cette fille… Victoire. Car, si Françoise a, durant un certain temps, été fière d’être née à cette date marquante sur le calendrier, l’écrivaine, quant à elle, se rendra compte plus tard que, si les événements du 14 juillet 1789 avaient marqué la fin de l’aristocratie, ils avaient marqué le début de la bourgeocratie, un régime d’exploitation de l’être humain par l’être humain tout aussi arbitraire. Autrement dit, pour le peuple français, pas de quoi pavoiser…

Juste après cette naissance, une voiture, la première, a fait son apparition dans la cour de la ferme : une 4 CV vert amande. Dans le petit village de La Voivre, situé juste en face de Saint-Michel-sur-Meurthe, son père est occupé à construire, de ses mains, avec l’aide de deux maçons, l’un français, l’autre italien, sa propre maison dont il a dessiné lui-même les plans. Lorsque Françoise a deux ou trois ans, la famille déménage pour s’installer dans le nouveau logis. Le déménagement s’effectua, de nuit, avec une charrette à bras. Pour passer d’un village à l’autre, il suffisait de passer le pont. Sauf que le pont en pierre, ayant été détruit durant la seconde guerre mondiale, il avait été remplacé par un pont en bois. Toute sa vie, Françoise restera marquée par la frayeur vécue lorsque ses petits pieds durent marcher sur le pont dont les planches, quelque peu disjointes, laissaient entrevoir, à la lueur d’une lampe de poche, la rivière La Meurthe.

Par bonheur, à La Voivre, il n’y avait pas de crèche ! Elle alla à l’école primaire où, malgré sa place de première de la classe, qu’un camarade lui disputait parfois avec succès, elle resta une année plus que de raison, l’instituteur ayant décidé de la garder… question de quota d’élèves à sauver pour ne pas fermer l’école. Cette année-là, où elle survola, vraiment sans aucun mérite, le niveau des cours, lui permit de suivre, les samedis après-midi, sur un poste de télévision (comme on disait à l’époque), les matchs de rugby. L’instituteur ayant fait cette acquisition pour la classe, le samedi, puisqu’il y avait école ce jour-là aussi, il allumait le poste au tout début de l’après-midi, au moment de la dictée. Il coupait le son juste au moment où il dictait ; ce qui fait que Françoise se dépêchait d’écrire sur son cahier d’écolière pour, le plus vite possible, regarder l’image qui, elle, restait affichée à l’écran. D’ailleurs, l’instituteur ne se privait pas de regarder la télévision, du coin de l’œil, tout en dictant. Autrement dit, les élèves captaient, à la fois, la voix de l’instituteur et les images du match. C’est ainsi qu’elle fit connaissance, grâce à son année de trop à l’école communale, avec les frères Spanghero, Camberabero, et d’autres joueurs aux noms chantants. Les combats étant acharnés entre les deux équipes du jour, il arrivait qu’un joueur se retrouvât, sur la pelouse, avec un short en lambeaux. La solidarité faisant son office, les joueurs de l’équipe concernée constituaient un cercle autour du malchanceux, le temps qu’il changeât de short. Mais il arrivait souvent que, le cercle n’étant pas encore formé, le joueur fût déjà en slip sur le terrain. Ce qui faisait sourire l’instituteur et pas que lui.   

Ce n’est donc qu’à l’âge de douze ans que Françoise Petitdemange rejoignit ses sœurs à Saint-Dié pour y faire ses études secondaires. Elle passa son C.E.P. (Certificat d’Etudes Primaires) et son B.E.P.C. (Brevet d’Etudes du Premier Cycle), avec succès.

En 1970, elle rencontre Michel Cuny.

De 1966 à 1970, elle avait effectué ses études secondaires au collège Notre-Dame de la Providence, à Saint-Dié. Ce collège ayant décidé, cette année-là, d’arrêter son enseignement à la classe de troisième, elle poursuivit le cursus scolaire, de 1971 à 1973, au collège du Beau Jardin, à l’autre bout de la même ville. Ici, innovation : les cours de religion étaient obligatoires. Seule une camarade musulmane s’esquivait à ce moment précis. Françoise Petitdemange, qui avait perdu la foi à l’âge de dix ans, profita des changements de salle pour se dispenser de ces cours et rejoindre son futur compagnon qui venait, en voiture, à sa rencontre : la boîte de cartes de visite de Mr et Mme Petitdemange se vida progressivement, d’un cours de religion à l’autre…

Détestant l’école, du Cours Préparatoire à La Voivre jusqu’à la Classe Terminale à Saint-Dié, l’élève Françoise Petitdemange s’était dit : « Ma petite, il va falloir que tu te sortes de là le plus vite possible. » Ainsi avait-elle décidé de ne doubler aucune classe de son fait à elle : mission accomplie… aucune classe doublée de la 6ème à la Terminale.

Bien naturellement, il faut vivre sa vie : les bals populaires du samedi soir et les dimanches après-midi passés à suivre en direct les matchs du FC Saulcy (Football Club Saulcy) qui se déroulaient, au stade du village ou « à l’extérieur », sur les terrains les plus divers où le capitaine Cuny évoluait avec son équipe, étaient bien plus intéressants que les cours d’anglais par exemple, d’autant que, de la seconde à la terminale, les professeurs de cette matière avaient défilé l’un après l’autre… 

Inutile de dire que le baccalauréat littéraire, série A5 (trois langues : allemand, anglais, espagnol) fut raté en beauté. L’examen oral d’anglais eut lieu dans des conditions plus qu’étranges puisque enseignant(e)s et candidat(e)s restaient… debout, près de la porte de la salle ouverte sur le couloir où attendaient les autres candidat(e)s. Comprenant fort bien les questions mais n’osant pas, pour y répondre, regarder le livre que la professeur penchait pourtant ostensiblement du côté de la candidate, celle-ci récolta une note qui fut à la hauteur inverse de sa timidité : un 6 ne suffirait pas pour que l’examen fût passé avec succès. L’aversion pour l’anglais s’en trouva d’autant plus renforcée que Françoise Petitdemange préférait l’espagnol et anticipait sur les leçons en classe, au point que sa professeur l’appelait « El Diccionario Ambulante », et qu’elle aurait aimé apprendre l’italien mais aussi… l’arabe.

A cette époque, très peu d’Allemand(e)s, encore moins de Britanniques, vivaient en France. Par contre, des Polonais(es), des Espagnol(e)s, des Italien(ne)s, des Portugais(es) étaient venu(e)s s’installer, d’abord individuellement puis familialement, dans les diverses régions de l’hexagone. Des Arabo-Africain(e)s étaient apparu(e)s aussi : des Algérien(ne)s, des Tunisien(ne)s, des Marocain(e)s… Voilà qui apportait et qui apporte une richesse sur tous les plans : économique (c’est le seul qui intéresse les suppôts de l’exploitation capitaliste), politique, linguistique, culturel, religieux, etc.

Et donc, une question, une petite, comme ça, juste pour réfléchir… Comment se fait-il qu’avec l’émigration d’hommes puis de familles arabes, aucune personne « dans les très hautes sphères dirigeantes » n’ait jamais eu l’idée d’inscrire la langue arabe, cette si belle langue, au nombre de celles très couramment enseignées en France ? Mais voici que ces jours-ci, 18 ou 19 janvier 2015 – déjà ? -, quelqu’un vient bavasser à la radio : Euréka ! Vite, vite ! « Il faut apprendre cette langue aux enfants maghrébins qui n’ont pas eu la chance », etc., etc… Pour qu’ils puissent mieux intégrer l’idéologie bourgeoise anti-musulmane de notre pays ? Françoise Petitdemange insiste : les élèves français et françaises, n’auraient-ils(elles) pas, aussi, le désir d’apprendre cette belle langue pour pouvoir discuter avec les copains et les copines, dont les parents ou grands-parents sont venu(e)s de pays qui valent autant que les autres pays comme la France, la Grande-Bretagne, les USA : les un(es) apprendraient une langue très pratiquée en France et les autres ne seraient pas complètement coupé(e)s de leurs racines ?

Il ne s’agit pas de devenir arabisant(e)s pour bavasser contre la Libye, la Syrie, l’Irak, contre Muammar Gaddhafi, Bachar El Assad, Saddam Hussein, comme certain(e)s pseudo-intellectuel(le)s, trié(e)s sur le volet des invitations radiophoniques, l’ont fait, en 2011, et le font encore, en 2015, pour pousser la France à la guerre contre les peuples libyen, syrien, irakien…

Le 6 novembre 1978, Françoise Petitdemange commença l’écriture de son premier roman « Le dernier chemin ». Le féminin d’écrivain et d’auteur n’existant pas, elle décida de créer, dès cette date, les mots écrivaine et auteuse et les rendit publics lors de l’édition de son livre en mai 1981. La diffusion de ce livre lui permit d’utiliser ces mots nouveaux, jour après jour. Si elle a reçu des encouragements de la part de ceux-celles qui devenaient ses lecteurs et lectrices, contrairement à ce que le « on » pourrait croire… ce sont surtout les femmes, et… tout particulièrement les féministes, qui ont cru pouvoir lui barrer la route. C’était, de leur part, ne pas comprendre que Françoise Petitdemange et Michel J. Cuny avaient décidé depuis longtemps de prendre les chemins buissonniers.

Ce n’est qu’en 1986, alors que Michel J. Cuny et Françoise Petitdemange vivaient à Lyon, et qu’elle était occupée à rédiger son deuxième roman « la toiture a pédals » qu’elle a entendu, à la radio France-Culture, un groupe de féministes discuter sur le féminin d’auteur : après moultes discussions, ces dames décidèrent du mot « auteure » sur le modèle de… « prieure ». En ajoutant simplement un « e », cela, d’après elles, ne se remarquerait pas trop ! Or, pour sa part, Françoise Petitdemange utilisait – publiquement, depuis cinq ans – les mots écrivaine et auteuse. Après tout, les mots féminins, châtelaine et chanteuse, existaient bien dans la langue française. Depuis 1978, ces mots, écrivaine et auteuse, créés par elle, sont entrés dans sa vie et nul(le) n’y pourra rien changer…

2. © Photo Françoise Petitdemange, Nomeny (54), 1970.
Archives Privées, Michel J. Cuny-Françoise Petitdemange

Depuis l’âge de dix ans, elle voulait être chanteuse.
Lorsqu’ils se rencontrèrent, Michel Cuny voulait être chanteur, lui aussi.
Il-elle sont devenu(e)… auteur et auteuse, à la plume libre.
Et leurs ouvrages affolent les propagandistes de la pensée unique. 

Françoise Petitdemange par elle-même,
2 et 21 janvier 2015

Suite :
2. Lettre à l’auteuse
2. Les mots ont une histoire


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