Sur fond de guerre civile larvée en Allemagne, Joseph Goebbels prend la mesure d’Adolf Hitler…

Au-delà du mépris qu’il peut éprouver pour certains aspects de la personnalité d’Adolf Hitler telle qu’il a pu la découvrir alors qu’il côtoie son « héros » depuis quelques années déjà, Joseph Goebbels reste, selon la conception qu’il en a, un « socialiste » à l’intérieur même du parti national-socialiste… Pendant ce temps, le sang de la guerre civile larvée continuait à se répandre en Allemagne…

18 mai 1930 :
« Avant-hier, dans la nuit, il y a eu trois morts parmi les Rouges qui assaillaient systématiquement les nôtres. Il va y avoir du vilain. Mais il faut bien qu’on montre à ces voyous qu’ils ne peuvent pas nous assassiner impunément. Les nôtres agissent en état de légitime défense. La police nous laisse tomber. Elle ne nous laisse pas d’autre solution que de nous défendre nous-mêmes. » (Idem, page 468)

Nous avons gardé en mémoire cette phrase écrite quelques mois plus tôt, à propos d’Adolf Hitler, par celui qui est, désormais, le chef de la propagande des nazis : « Qu’est-ce que cela donnerait plus tard, s’il devait assumer le rôle de dictateur en Allemagne ? »

Goebbels n’a toujours aucune raison de se trouver rassuré… C’est ainsi que le 26 juin 1930, il écrit dans son Journal :
« Le Chef veut que je flanque les petits à la porte, alors que lui-même ne s’est pas encore occupé des gros bonnets. C’est du
Hitler tout craché. A Plauen, il faisait le fanfaron et aujourd’hui il fait machine arrière. » (Idem, page 474)

Et encore :
«
Hitler voulait que je vienne, mais je trouve cela bien inutile, il fait des promesses et ne les tient pas. » (Idem, page 474)

Pire, deux jours plus tard (28 juin 1930) :
« Le seul coupable, dans cette histoire, c’est
Hitler lui-même, qui a hésité trop longtemps. Et maintenant, c’est moi qui dois payer les pots cassés. Voilà toute l’injustice de l’affaire. » (Idem, page 475)
« Je ne suis que rage et fureur. » (Idem, page 475)

Et il n’y avait pas que Joseph Goebbels à désespérer de l’homme « providentiel » qui allait coûter si cher à l’Allemagne… et au monde…
30 juin 1930 :
« À midi,
Göring arrive, bouleversé par l’infidélité manifeste de Hitler. » (Idem, page 475)
« C’est tout à fait
Hitler ! Mi-chair, mi-poisson. Ma confiance s’est vue fortement ébranlée ces derniers jours. » (Idem, page 476)

Or, malgré tous ces bruits d’arrière-boutique, les élections au Reichstag du 14 septembre 1930 donnent un résultat qui ne peut que faire monter l’étoile d’Adolf Hitler dans la nuit de l’effondrement de la démocratie libérale en Allemagne. Le parti nazi passe de 800.000 à 6.400.000 de voix et de 12 sièges à 107… Quel impact cela pourra-t-il avoir sur l’état d’esprit de Goebbels en présence d’un chef dont l’image s’emballe aux yeux d’une partie de plus en plus importante de la population ?

Nous voyons que, tout à coup, son « socialisme » se met à changer de couleur… le revoici une semaine plus tard, le 21 septembre 1930 :
« Le soir, avec les
Wied et les Göring, chez Son Excellence von Hintze, un ancien haut personnage. Un vieil homme très cultivé et très spirituel. Quelle différence de rang entre les hommes du régime impérial et les prolos d’aujourd’hui ! Les premiers n’en savaient peut-être pas beaucoup, mais ils avaient au moins pour eux le style et la tradition. Et l’on doit rester neutre envers eux, quelles que soient les raisons révolutionnaires qu’on aurait eu de s’opposer à eux. Et surtout rester juste. » (Idem, page 499)

Et puis il y a ce qui pointe le petit bout du nez dans la vie personnelle du chef de la propagande :
«
Une belle femme du nom de Quandt organise mes nouvelles archives particulières. » (Idem, page 512)

Au bas de cette même page, les éditeurs ont ajouté une petite note :
« Première apparition de
Magda Ritschl, divorcée de l’homme d’affaires Günther Quandt et future épouse de Goebbels en décembre 1931. »

Deux mois plus tard, le 22 novembre 1930…
« Long entretien avec le baron
von der Heydt. Lui aussi nous est entièrement acquis. Il est étonnant de constater à quel point quelques dirigeants de l’économie voient la situation clairement, contrairement à l’Association nationale. » (Idem, page 515)

Et, cependant, Joseph Goebbels n’en démord toujours pas… Ainsi, le 4 décembre 1930, il écrit :
« Ce matin, au Reichstag. Discours de
Feder. Quel mot malheureux : « Nous rejetons toute tendance socialiste. » Quelle horreur ! Je suis furieux contre lui. » (Idem, page 518)

Et Hitler… Qu’en pense-t-il vraiment de ce « socialisme » ?…

Michel J. Cuny

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