Sarkozy et la Libye : une folie meurtrière qui n’a pas fini de ruiner l’âme de la France…

Ainsi que nous l’avons vu, selon Alfred Müller-Armack, penché en 1933 sur la question du sens historique qu’il convenait de donner à l’arrivée d’Adolf Hitler à la tête de l’État allemand…
« Même le libéralisme n’a pas pu empêcher ses antagonismes économiques de devenir politiques. » (Idem, page 25)

Et il précisait aussitôt :
« Devenir politique signifie ici entrer dans une situation dont les problèmes ne peuvent être résolus que par une décision irrationnelle sur l’utilisation de la force. Le signe distinctif, comme l’a montré
Carl Schmitt, est la mise en évidence d’un ennemi contre lequel la décision est dirigée, et d’amis possibles qui se trouvent appelés à la même décision. » (Idem, page 25)

Glissons en 2011 : tout à coup, l’ennemi proclamé de la France de Sarkozy était l’ « ami » d’hier, Muammar Gaddhafi, tandis que les amis qui ont dû venir au secours d’une aviation française qui se heurtait à une difficulté apparemment insurmontable, étaient les pays de… l’OTAN sous la direction des États-Unis.

Se sera-t-il agi là aussi, de la part du président de la république française, et selon les termes venus en 1933 sous la plume du nazi Armack, d’une « décision irrationnelle sur l’utilisation de la force » ?… Il semble que la population française n’ait pas souhaité y réfléchir plus spécialement : comme au temps de De Gaulle, elle a laissé faire… l’homme d’exception… qu’elle avait sous la main… Et puis, elle s’est rendormie… laissant tomber la question qu’autrefois posait, tout de même, le nazi Armack à propos des décisions irrationnelles de l’homme « providentiel »…
« Une véritable affirmation de la politique n’est possible que si l’on a reconnu non seulement sa nécessité réelle mais aussi son droit éthique. » (Idem, page 25)

Droit éthique de la France d’aller détruire la Libye du « dictateur » Gaddhafi… Tu parles, si les Françaises et les Français s’en fichent !… Mais, justement, Alfred Müller-Armack ne leur en ferait certainement pas le reproche… Il n’est jamais trop tard pour bien faire… Et là, c’est bien un nazi qui le dit… à propos des décisions de l’homme providentiel en général :
« En tant qu’être façonné par l’histoire jusqu’à la moelle, il manque de normes éternelles, soustraites à l’historicité, selon lesquelles il pourrait s’établir dans ce monde. » (Idem, pages 25-26)

Autrement dit : il ne répond à aucune norme éthique établie… Mais comment fait-on, alors, pour poser la question du caractère finalement éthique des décisions irrationnelles qu’il prend ?
« Une décision objective n’est possible que lorsqu’il existe une situation claire en soi, où la valeur des biens entre lesquels on décide est clairement reconnaissable. Mais cela lui est précisément refusé par l’ouverture et l’historicité de son monde. Elle le force à prendre une décision irrationnelle basée sur le pouvoir, et ce n’est qu’après cette décision prise que celle-ci acquiert l’univocité dans laquelle l’évaluation éthique devient possible. » (Idem, page 26)

Ce n’est qu’une fois l’acte irrationnel accompli, et après qu’il soit devenu impossible de revenir dessus,  qu’il est possible de décider s’il apparaît comme rétrospectivement revêtu de tous les caractères éthiques nécessaires… qui rendent la situation créée enfin compréhensible dans son entier…

Alors, la Libye ?… Eh bien, pour l’instant, en France, tout le monde s’en fout !… Ce qui n’empêche pas qu’ailleurs, d’autres y pensent, et même très fort… Nous aurons l’occasion d’y revenir, mais pas avant longtemps, tant l’affaire est grave, et compliquée de toute une autre série de… crimes, très rationnels ceux-là, commis ailleurs.

Passons à un autre aspect de la réflexion politique d’Alfred Müller-Armack en 1933…

En tant qu’elle correspond à une création d’origine tout d’abord irrationnelle…
« Cette nouvelle attitude à l’égard de l’histoire voit le sens de l’histoire beaucoup plus profondément que l’idéalisme antérieur, pour lequel elle était la réalisation de ce qui a toujours et toujours existé. » (Idem, page 31)

L’idée en tant que « puissance historique » ne se contente pas d’interpréter objectivement ce qui serait en dehors d’elle… Elle est…
« ce pouvoir de faire l’histoire que
Georges Sorel entendait lorsqu’il appelait les idées politiques des mythes et qu’il enseignait que les transformations historiques sont liées à la création d’un tel mythe. » (Idem, page 31)

Pour l’affaire de Libye, le mythe a été celui d’un Gaddhafi « dictateur » qui « détruisait » sa population… C’était tout… Ce qui veut dire qu’au-delà de ces quelques mots, la suite a montré qu’il n’y avait plus rien d’autre… Ou bien, serait-ce que la population française n’en aura rien su ?…

Mais devons-nous nous interdire de poser cette autre petite question : du point de vue d’Alfred Müller-Armack , le « chef de guerre » Sarkozy aurait-il été un bon « leader » dans l’attaque qui a réduit la Libye indépendante à rien du tout ? En tant qu’il est un « créateur », quel objectif doit-on attribuer au « leader » ? Voici la réponse du professeur allemand :
« Sa tâche ne devient évidente que si l’on comprend le leadership politique comme un façonnement de l’histoire, qui va au-delà de la simple exécution des tâches et des objectifs actuels et, en les remodelant, donne de nouvelles orientations à la volonté du peuple. Le leadership politique ne vit que dans cette tâche dynamique. » (Idem, page 34) 

Quelle volonté anime aujourd’hui le peuple français à l’égard de ce pays qu’en son nom, et sans déclaration de guerre, la France est allée détruire au-delà de la Méditerranée ?… Il paraît qu’il n’en sait strictement rien…

Se pourrait-il qu’ailleurs d’autres le sachent mieux que lui ?

Michel J. Cuny

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Une réflexion sur “Sarkozy et la Libye : une folie meurtrière qui n’a pas fini de ruiner l’âme de la France…

  1. Tout à fait d’accord avec vous il faut sortir de UE / OTAN. DONC AU FINAL il faut bloquer tout je dis bien tout. Retiré les drapeau de le corruption UE. Et virer tout se gouvernement et seu qui les suiv. Qu’il soi sionistes ou Muslims ou Cato on s’en fout. Le but est qu’il dégage tous . La justice réglera leurs conte en temps voulu.

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