Igor Anatolievitch Gromyko, l’actuel ambassadeur de Russie au Mali, est en effet le petit-fils d’Andreï Gromyko qui a été ministre des Affaires étrangères de l’Union soviétique dès la quatrième année (1957) qui a suivi le décès de Joseph Staline en mars 1953.
Andreï Gromyko est resté à ce poste essentiel, sans aucune interruption, jusqu’en 1985 où il a dû le quitter sur décision de ce Gorbatchev qui, avec Eltsine à sa suite, a fait implosé l’U.R.S.S., et l’a condamnée à perdre l’essentiel de ses contacts avec l’Afrique qu’elle avait pourtant aidée à se défaire de la pression des pays impérialistes occidentaux dans la période où les indépendances africaines avaient été proclamées (début des années 1960).
Dans le cadre du retour de la Russie de Vladimir Poutine sur la scène africaine, sans doute ne sera-t-il pas inutile de dire quelques mots à propos de l’illustre grand-père de celui qui a en charge, aujourd’hui, l’ambassade de Russie au Mali : Igor Anatolievitch Gromyko.
S’il faut en croire Andreï Gratchev, l’un des proches collaborateurs de Mikhaïl Gorbatchev lui-même, ce vieux monsieur qu’était devenu Andreï Gromyko (il avait 76 ans en 1985) n’avait pas pour habitude de se laisser mener par qui que ce fût :
« Mais même après être devenu 1er adjoint et héritier potentiel d’Andropov, Gorbatchev n’aurait pas osé intervenir dans le domaine des affaires étrangères, dominé par la personnalité autoritaire d’Andreï Gromyko. » (Andreï Gratchev, Gorbatchev, Armand Colin 2011, page 69.)
Notons encore ceci :
« […] aussi longtemps que Gromyko occupait le poste de ministre des Affaires étrangères, Gorbatchev ne pouvait en aucune façon le défier ouvertement dans ce qui était devenu sa chasse gardée. » (Idem, page 79.)
Ainsi, à travers Andreï Gromyko, c’était, pour autant que l’histoire des relations internationales l’aura permis, la politique étrangère autrefois menée par Joseph Staline – politique qui avait permis l’écrasement de l’Allemagne nazie en 1945 et le développement de la révolution prolétarienne dans toute une partie de l’Europe centrale et orientale – qui se poursuivait à travers la libération de l’Asie et de l’Afrique du joug de l’impérialisme français tout autant que de l’impérialisme anglo-saxon.
Même après avoir réussi à mettre un terme à la carrière diplomatique d’Andreï Gromyko, Gorbatchev ne pourra pas encore se défaire de la politique que celui-ci avait toujours défendue contre les impérialistes occidentaux. Ainsi la suite des confidences d’Andreï Gratchev nous permet-elle de découvrir les manoeuvres auxquelles Gorbatchev n’a pas hésité à recourir pour plaire à ceux-ci en contournant la personnalité même du grand-père de l’actuel ambassadeur au Mali, Igor Gromyko :
« Cependant, malgré la désignation du nouveau ministre des Affaires étrangères, Gorbatchev fut obligé, pendant un certain temps, de prendre en compte la présence de Gromyko qui demeurait un membre éminent et influent du Politburo. Ce qui explique pourquoi Gorbatchev dut s’assurer que les préparatifs de ses premières initiatives diplomatiques importantes en direction de l’Occident – dont sa visite en France, et ensuite à Genève pour la rencontre au sommet avec le président Reagan – fussent conduits en dehors des réseaux traditionnels du M.A.E. [ministère des Affaires étrangères] » (Idem, page 83.)
Voici donc le système de trahisons auquel Vladimir Poutine a su mettre un terme.
Il doit être clair, pour la population travailleuse du Mali, que le Mali lui-même est tout particulièrement concerné par le passé dont Igor, le petit-fils d’Andreï Gromyko, est porteur. Ce passé, c’est toute l’histoire de la grande Union soviétique… Il appartient donc à la jeunesse malienne d’apprendre à la connaître, et de se hisser ainsi à la hauteur des préoccupations qui sont aujourd’hui celles de Vladimir Poutine.
Cet homme-là a besoin qu’on le connaisse, que l’on connaisse sa politique, et qu’on l’aide à la mener.
Michel J. Cuny et Issa Diakaridia Koné
Une France à refaire... si possible 