IV. 17 – L’opposition syrienne : une opposition de classes

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Le peuple syrien dans les décombres

IV. 17 – L’opposition syrienne :
une opposition de classes

Les nombreux groupes pulullent, constitués par la bourgeoisie exilée qui affiche une prétendue solidarité avec la Syrie qu’elle voudrait faire bombarder par l’Otan et avec le peuple syrien qu’elle fait tuer par l’Armée syrienne dite libre : « Appel Solidarité Syrie », « L’Appel d’Avignon », « Une vague blanche pour la Syrie », le « Comité de secours à la population syrienne », « L’urgence d’agir aux côtés du peuple syrien », « Urgentes initiatives de la France face à la situation en Syrie » (juillet 2013), Lettre ouverte de celui-ci, Lettre ouverte à ceux-là…

Les initiateurs(rices) de la Lettre ouverte au Président de la République… sont alors :

1. Wladimir Glasman qui, né au Maroc en 1942, était présenté comme diplomate mais, derrière cette fonction, se profilent tant de personnages… Se disant journaliste, prenant fait et cause pour l’opposition syrienne, il s’appuyait sur quelques anciennes relations et sur son fils, Frantz Glasman. Son blog « Mon œil sur la Syrie », créé sous le pseudonyme d’« Ignace Leverrier, diplomate », était/est toujours hébergé par le site du journal “Le Monde”. C’est ici qu’est servie la soupe populaire : « la version officielle » des événements. Wladimir Glasman décéderait en août 2015 mais ses écrits enfumants trouvent une continuité par son fils Frantz.

2. Isabelle Hausser, écrivaine, est derrière l’initiative du “Prix Nobel de la Paix pour le Peuple syrien”, le peuple syrien dont les opposant(e)s et leurs ami(e)s se fichent éperdument puisqu’ils-elles ont déstabilisé ce pays arabe, dont le régime est laïc, au point de déclencher une guerre civile.

3. Gérard Lauton, universitaire, représentant du SNES (Syndicat National de l’Enseignement Supérieur), fait de “l’agit-prop” contre le président Hassan Rohani, élu le 14 juin et en fonction depuis le 4 août 2013, le Hezbollah et l’Iran, et contre le président Bachar El Assad et le gouvernement légal de la République Arabe Syrienne. Il est à Appel Solidarité Syrie.

4. Michel Morzière, ingénieur en retraite, militant des droits de l’homme, engagé dans Amnesty International, a créé, en 2004, l’association Revivre, dont il est le président d’honneur, association destinée à venir en aide aux réfugiés, opposant(e)s à Bachar El Assad et au parti Baas.

Il figurera parmi les signataires d’une autre lettre intitulée Le vogage de la honte – Lettre ouverte aux parlementaires sur le chemin de Damas… pour s’opposer à la démarche de quatre parlementaires français : Jacques Myard (UMP), qui a dénoncé l’embargo occidental sur les médicaments à destination de la Syrie, Gérard Bapt (PS), président du groupe d’amitié France-Syrie à l’Assemblée nationale, Jean-Pierre Vial (UMP), président du groupe d’amitié France-Syrie au Sénat, et François Zocchetto (UDI), membre du groupe France-Syrie au Sénat, qui se rendraient en Syrie pour rencontrer le président Bachar El Assad. Dans cette lettre qui contestera le droit à ces parlementaires de rencontrer le président syrien élu, il sera écrit : « Dans ces conditions, votre visite auprès d’un pareil criminel de guerre est véritablement déshonorante pour la France qui s’enorgueillit de sa tradition en matière de droits de l’homme. Elle est par ailleurs une faute politique parce qu’elle ne peut qu’encourager le régime de Damas à persévérer dans sa politique de massacre et de torture et à refuser un dialogue avec l’opposition modérée que soutient notre pays à juste titre. » [Le vogage de la honte – Lettre ouverte aux parlementaires sur le chemin de Damas – Communiqué du collectif Urgence solidarité Syrie, Porte-parole du collectif Urgence Soldarité Syrie, 24 février 2015.] Michel Morzière contestera véhémentement cette démarche de parlementaires qui représentaient « notre pays », c’est-à-dire, pour lui, la France des droits de l’homme, et arguera du fait qu’il ne se sentait pas représenté par de tels actes : « Bah ! Écoutez, on ne discute pas avec des criminels de guerre et des crimes contre l’humanité. » [Interview de Michel Morzière, on ne discute pas avec des criminels de guerre, vidéo.] Monsieur Morzière oubliera de parler des crimes de l’Armée syrienne dite libre qu’il soutient et de ceux des autres groupes… N’étant pas un élu, croit-il représenter la France, lui et ses ami(e)s ?

Tous ces groupes, toutes ces associations… ne sont-ils(elles) pas des embryons d’États extérieurs se retournant contre des États arabes socialistes ?

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Pendant que le peuple syrien fait face à la guerre,
Bassma Kodmani se répand dans les médias, les salons…

Parmi les premiers(ères) signataires de la Lettre ouverte au Président de la République se trouvent…

1. Farouk Mardam Bey, écrivain (éditeur vivant en France depuis 1965), cousin des sœurs Kodmani.

2. Marcel Bozonnet, comédien, Appel d’Avignon à la solidarité avec le peuple syrien.

3. Jacques Gaillot, évêque émérite de Parthenia.

4. Burhan Ghalioun, écrivain, universitaire qui fut le 1er président du CNS (Conseil national syrien) de septembre 2011 à mai 2012.

5. Basma Kodmani, devenue directrice, en septembre 2005, de l’Initiative ARI (Arab Reform Initiative), un conglomérat d’instituts de recherche impulsé par le CFR (Council Foreign Relations), notamment par l’une de ses organisations internes, le US/Middle East Project. [Cf. Texte IV. 11 – Un vent mauvais d’automne… une girouette qui tourne mal https://unefrancearefaire.com/2017/01/16/iv-11-un-vent-mauvais-dautomne-une-girouette-qui-toune-mal/]

6. Ziad Majed, Libanais qui a fait de l’“agit-prop” à Beyrouth (Liban), en mars 2005, contre le régime syrien et qui, désormais, vit en France, et se retrouve professeur à l’université américaine de Paris.

7. Raphaël Pitti, spécialiste de la médecine d’urgence. Médecin militaire, il est intervenu sur de nombreux terrains de guerre (ex-Yougoslavie, Golfe, Tchad, etc.). Il a été, au début des années 2000, conseiller de l’Otan et du ministère français des Affaires étrangères en médecine de guerre. Ayant quitté l’armée en 2004, il est devenu chef du service de réanimation dans une polyclinique à Nancy et “conseillait” – contre rétribution ? ou… à titre gracieux… – des sociétés spécialisées dans la vente de matériel d’urgence et dans l’installation d’hôpitaux de campagne. Non dénué de corporatisme, il s’est engagé, en 2007, en faveur des infirmières bulgares et du médecin dit palestinien, qui étaient détenu(e)s en Libye parce que soupçonné(e)s d’avoir inoculé le VIH (Virus du Sida) à des enfants libyens qui sont morts suite à des transfusions sanguines. [Cf. L’ouvrage La Libye révolutionnaire dans le monde (1969-2011), Éditions Paroles Vives 2014, (Le sang contaminé, en France. De la camelote à bazarder à l’étranger. Le temps des procès (1981-1999), pages 361-362. France, l’affaire du sang contaminé : des poches à écouler… coûte que coûte sur le plan humain, pages 401-402-403. « Pas coupable, mais responsable », l’Institut ? Un simulacre de procès pour la Libye, à Lyon (1995-2002), pages 405-406-407.]

En 2012, Raphaël Pitti est parti en Syrie et a contribué à la création du Comsyr (Comité d’aide humanitaire au peuple syrien) dont il est le président ; il a bientôt quitté ses fonctions à la polyclinique de Nancy pour faire de l’humanitaire. Devenu délégué aux urgences sanitaires et sociales au sein de la municipalité de Metz, il fait de la politique à plus vaste échelle puisqu’il dénonce le soutien apporté par la Russie au gouvernement légal syrien et appelle ses collègues français, la communauté internationale (occidentale) à réagir ! « [Q]uand je suis rentré en France, j’ai essayé de soulever les médecins en France, et le personnel soignant en France, en disant : “Regardez ce qui se passe. Des collègues sont assassinés, des infirmiers sont tués.” J’ai fait deux articles dans la presse médicale française, j’ai été voir le Conseil de l’Ordre pour leur demander : “Il est important que nous puissions réagir à cette situation.” Eh bien, ça n’a pas bougé, ça n’a strictement pas bougé. […]. Je pense qu’on est rentrés dans un monde totalement égoïste et qu’il n’y a pas de vision : la Syrie, à l’époque, c’était loin, et ça n’avait pas d’incidence sur leur vie quotidienne tout à fait tranquille et on est… Maintenant, nous en payons le prix. Voilà ! Maintenant, nous en payons le prix de ne pas avoir compris combien nous aurions dû agir très vite dès le départ contre ces crimes de guerre, contre ces crimes contre l’humanité. Et nous sommes restés indifférents à cela. Eh bien voilà qu’aujourd’hui, l’Europe vole en éclats. Des millions de gens viennent se réfugier chez nous, en même temps. Et nous assistons, dans une sorte de passivité, au massacre d’un peuple. » [Clique TV, Interview, La grosse version du Gros Journal : Raphaël Pitti, médecin urgentiste, 13 décembre 2016. Les points de suspension entre crochets sont de moi.] Raphaël Pitti oublie la Libye : les interventions de son ancienne employeuse (l’Otan) ont fabriqué des réfugié(e)s en 2011 et en fabriquent encore durant ces six dernières années… Resterait à savoir ce que ce médecin, qui se présente comme un chrétien, qui boit les informations des médias-menteurs comme du bon vin, et qui fait, le cœur sur la main, une politique de classe, pense du peuple massacré par la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis en Libye auquel ces pays ont arraché la souveraineté à coups de bombes pour le protéger du prétendu dictateur Muammar El Gaddhafi, et ce que ce médecin pense de ce peuple, dont les médias-menteurs disent qu’il est massacré par Bachar El Assad, et qui a voté une troisième fois pour lui…

8. Le passe-partout Jack Ralite, ancien ministre communiste, s’est précipité pour signer la Lettre.

9. Emmanuel Wallon, professeur de sociologie politique, Appel d’Avignon à la solidarité, demandera l’arrêt des attaques russes et iraniennes sur… les écoles et sur la population civile en Syrie, comme si la Russie et l’Iran avaient intérêt à tuer des enfants !

Tous ces gens, qui, tout en prônant la démocratie, s’opposent au gouvernement légal et au président élu, osent affirmer que l’armée de la République Arabe Syrienne, les armées russes et le Hezbollah iranien ciblent les hôpitaux, les écoles, etc., comme si elles-il avaient intérêt à détruire les infrastructures du pays ! à tuer le personnel médical des hôpitaux, le personnel enseignant et les enfants du pays. Tous ces gens, si sensibles, n’ont pas bougé lorsque l’Otan a visé et tué des personnes civiles dont des femmes enceintes et des enfants en Irak, en Libye… Tous ces gens, si sensibles, n’ont pas bougé lorsqu’il a été question de viols, de tortures perpétré(e)s par les amis du Conseil national de transition en Libye… Tous ces gens qui font partie de l’opposition syrienne se croient tout permis sur le plan idéologique comme financier.

C’est la génération des héritier(ères), des désœuvré(e)s ou des cumulard(e)s. En trois mots, c’est une partie de la classe moyenne supérieure… qui, carrée dans les fauteuils des studios, des salons, des avions, ou des limousines, vise la destruction des appareils d’États socialistes qui font, à son goût, une part trop belle aux peuples, et qui fait semblant, ensuite, de se pencher sur les misères qu’elle a déclenchées en provoquant des guerres contre les structures politiques et économiques légales.

Suite : IV. 18 – Le double veto russe et chinois du 22 mai 2014, au Conseil de sécurité de l’ONU

Françoise Petitdemange
27 janvier 2017


2 réflexions sur “IV. 17 – L’opposition syrienne : une opposition de classes

  1. Merci pour ces informations , elles sont capitales pour savoir qui sont ces gens qui se disent les protecteurs des Syriens qui ne leur ont rien demandé. Finalement, leur parcours vient ou aboutit toujours vers les Américains. Une troublante coïncidence!!

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    1. Merci Zohra pour votre commentaire.

      Je dois vous dire que Michel et moi avons parfois la rage au cœur. Car cela fait depuis 1976 que nous crions dans le désert.
      Durant toutes ces années, nous n’avons jamais trouvé aucun média qui puisse relayer ce que nous découvrons au jour le jour : les journalistes sont plus rapides pour colporter des ragots que pour transmettre des éléments d’analyse. Dorénavant, nous avons la possibilité de faire connaître.
      Mais, que de temps perdu ! La France agonise de son ignorance qu’elle remplace par des mensonges pour avoir l’air de savoir…
      Mais, que de mort(e)s, de traumatisé(e)s à vie – physiques et mentaux –, de blessé(e)s moins gravement mais de façon inoubliable… Sans parler de la perte de souvenirs qui font partie de l’histoire individuelle, familiale, tribale.
      Les opposant(e)s à tel ou tel État ont leur part de responsabilité dans les malheurs sans nom des populations auxquelles ils-elles prétendent apporter, souvent de leur exil, la “démocratie” : de manipulé(e)s, ils-elles deviennent des manipulateurs(rices).
      Dans ces guerres à répétition en Afrique et dans les pays arabes, derrière lesquelles se trouvent les États impérialistes, ex-colonisateurs prêts à re-coloniser : les États-Unis et l’État sioniste indéfectiblement liés, la Grande-Bretagne, la France, il y a des intérêts capitaux, et, même capitalistiques…
      Ces guerres permettent aux PDG des multinationales du bâtiment, de la banque, de la finance, de l’alimentaire, de la santé, etc., de venir en sauveurs…

      Cordialement, Françoise Petitdemange
      20 février 2017

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