IV. 11 – Un vent mauvais d’automne… une girouette qui tourne mal

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IV. 11 – Un vent mauvais d’automne…
une girouette qui tourne mal

Le gouvernement syrien de l’époque du premier mandat présidentiel (2000-2007) de Bachar El Assad avait dû renoncer à faire passer le pays d’une économie dirigée à une économie sociale de marché, sous peine de le voir s’enfoncer dans une grave récession économique. S’ensuivait, en février 2005, une détérioration des relations entre les États-Unis et la Syrie qui s’était traduite par le rappel de l’ambassadeur états-unien à Damas. L’opposition à Bachar El Assad allait bientôt avoir le vent en poupe : « L’argent US pour des personnalités de l’opposition syrienne a commencé à affluer sous le président George W. Bush qprès qu’il a effectivement gelé les relations politiques avec Damas en 2005. » [Washington Post, cité par Charlie Skelton, L’opposition syrienne : qui produit le discours ?, dans The Guardian, (Grande-Bretagne), 12 juillet 2012, article traduit par Mounadil al Djazaïri dans “Points de vue sur le monde arabe”, 16 juillet 2012.]

Bassma Kodmani avait été directrice du programme de gouvernance et de coopération internationale pour la Ford Foundation au Caire (Égypte). Puis elle avait été nommée, en septembre 2005, directrice exécutive de l’ARI (Arab Reform Initiative), conglomérat d’instituts de recherche impulsé par le CFR (Council Foreign Relations), notamment par l’une de ses organisations internes, le US/Middle East Project, où se retrouvait le “top du top” des diplomates, des financiers de haut vol et des virtuoses du renseignement, organisation elle-même supervisée par le conseil international dont un général retraité, Brent Snowcroft, était le président. L’ARI était chargée, en liaison avec les instituts européens et états-uniens, de concocter des réformes politiques et économiques dans les pays arabes ; bien évidemment, tout cela se manigançait au mépris des populations concernées. En 2008, pour Bassma Kodmani, c’était la consécration : elle était admise, comme Française, dans le groupe Bilderberg qui réunit, en conférence privée, dans de grands hôtels de pays différents d’une année sur l’autre, l’élite des membres de gouvernement, des économistes, des diplomates, des scientifiques, des journalistes ; en 2012, elle y était admise, cette fois comme « internationale ».

Le panier de crabes se remplissait avec le criminel de guerre George W. Bush, le financier et fauteur de guerres George Soros, le géostratège Zbigniew Brzezinski qui fut l’un de ceux qui poussèrent, à la fin des années 1970, à la création de l’United States Rapid Deployment Forces, force armée pouvant intervenir rapidement, n’importe quand et n’importe où dans le monde, le PDG de Goldman Sachs Peter Sutherland, etc., et, bien sûr, avec Bassma Kodmani qui vouait sa vie d’exilée syrienne à la promotion des valeurs occidentales, notamment de la démocratie made in USA à coups d’embargos et de bombes.

Le 24 février 2012, lors de la création du Groupe des Amis de la Syrie à Gammarth en Tunisie, le ministre britannique du Foreign Office, William Hague, avait dit : « Je rencontrerai les dirigeants du Conseil national syrien d’ici quelques minutes… Nous, ainsi que d’autres nations, les traiterons et les reconnaîtrons en tant que représentants légitimes du peuple syrien. » [William Hague, cité par Charlie Skelton, L’opposition syrienne : qui produit le discours ?, dans The Guardian, (Grande-Bretagne), 12 juillet 2012, etc.] « Représentants légitimes du peuple syrien » ? Quelle impudence !

Dans ses communiqués, le Groupe des Amis de la Syrie, réclamait à cor et à cri que les organisations humanitaires aient libre accès sur le terrain en Syrie (pour le transfert des armes aux rebelles ?), que soit sanctionné le régime syrien… légal, et que le CNS (Conseil national syrien) soit soutenu dans sa volonté de prendre le pouvoir – démocratiquement – des mains du président réélu. Mais il disait n’aller pas jusqu’au soutien d’une intervention militaire. Ah bon ?…

Ce Groupe des Amis de la Syrie – de quels amis ? de quelle Syrie ? – ne se ferait pas faute de “joindre l’utile à l’agréable” en se réunissant, entre avril 2012 et juin 2013, en Turquie (Istanbul), en France (Paris), au Maroc (Casablanca), en Jordanie (Amman), au Qatar (Doha)… autant de voyages et de séjours financés par le capital au détriment futur du travail. Tout ça pour qui ? pour quoi ? À l’instar de la majorité des membres du CNT (Conseil national de transition) libyen, la plupart des membres du CNS préféraient rester dans l’anonymat. Dommage…

Bassma Kodmani, porte-parole du CNS (Conseil national syrien), oubliant qu’elle ne vit plus parmi la population syrienne depuis des décennies, faisant fi des élections présidentielles de 2007, multipliait les déclarations : « Aucun dialogue n’est possible avec le régime en place. Nous ne pouvons discuter que de la manière d’aller vers un système politique différent. » Mais encore… « L’étape suivante requiert une résolution sous le chapitre VII [de la charte de l’ONU] qui autorise l’usage de tous les moyens légitimes, de moyens coercitifs, d’un embargo sur les armes ainsi que l’usage de la force pour obliger le régime à se conformer [à la résolution]. » [Bassma Kodmani, citée dans l’article Les Syriens appellent à une force armée de maintien de la paix, publié dans Herald Sun (Australie), cité par Charlie Skelton, L’opposition syrienne : qui produit le discours ?, dans The Guardian, (Grande-Bretagne), 12 juillet 2012, etc. NdA : Les précisions entre crochets ne sont pas de moi.]

Ces “Syrien(ne)s” étaient aussi rancuniers(ières) à l’égard des pays occidentaux qui les avaient accueilli(e)s, jadis, au temps de l’exil de leurs parents et qui accueillaient encore ceux-celles qui étaient arrivé(e)s tout récemment. Pourquoi ? Parce que ces pays ne s’engageaient pas assez, à leur goût, pour le CNS (Conseil national syrien) et leur “révolution” : tous-toutes s’étaient vu(e)s en haut de l’affiche. Mais ils-elles ne parvenaient pas à s’entendre : le CNS devait bientôt perdre le peu de crédibilité qu’il avait sur le sol syrien et à l’échelle non pas internationale où il n’en avait jamais eue mais occidentale, tant il était agité par ce qui s’appelait, pour dire les choses plus diplomatiquement, des « dissensions internes »…

Leur girouette révolutionnaire tournait-elle dans la mauvaise direction ?

Une fois la guerre lancée contre son pays natal, Bassma Kodmani, qui sentait venir le vent mauvais d’automne, désertait le CNS, le 28 août 2012, pour faire, dès le mois de septembre, au sein de l’association Initiative pour une nouvelle Syrie dont elle devenait la trésorière, dans… l’humanitaire. Après avoir appelé les bombes occidentales sur son pays natal, elle s’engageait dans « l’assistance humanitaire », pour prétendument aider le peuple syrien qu’elle avait contribué à mettre sur la paille : ce qui en dit long sur… les opposant(e)s à un gouvernement légal et sur… “L’humanitaire”.

Suite : IV. 12 – La CNFORS (Coalition nationale des forces de l’opposition et de la révolution syrienne)…

Françoise Petitdemange
16 janvier 2017


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