
Le royaume de Yougoslavie avait été une monarchie absolue, de 1929 jusqu’à l’assassinat, à Marseille, du roi Alexandre 1er, le 9 octobre 1934. Le roi Pierre II Karađorđević, fils du défunt roi, étant trop jeune pour régner (il avait 11 ans), le royaume de Yougoslavie était devenu une monarchie constitutionnelle sous la régence de son oncle, le prince Paul Karađorđević. Le 1er septembre 1940, l’Allemagne avait envahi la Pologne ; le 3 septembre le Royaume-Uni et la France avaient déclaré la guerre à l’Allemagne…
Dans ce contexte de guerre, le prince Paul de Yougoslavie s’était entretenu avec Adolf Hitler, le 4 mars 1941, et avait signé, le 25, à Vienne, un pacte d’adhésion du royaume aux forces de l’Axe. Contesté par des généraux, le prince Paul devait renoncer à la régence et laisser la place au roi Pierre II : la signature du pacte d’adhésion aux forces de l’Axe étant dénoncée, Adolf Hitler allait réagir en faisant envahir la Yougoslavie qui capitulera le 17 avril.
En 1941, les forces de l’Axe Rome-Berlin-Tokyo – l’Italie, l’Allemagne, le Japon –, s’opposaient, avec la collaboration, entre autres, de la France de Vichy et du royaume de Yougoslavie, aux forces alliées : à la France (résistante organisée par Jean Moulin), au Royaume-Uni, à l’URSS, aux États-Unis qui n’interviendraient qu’à partir de 1942, et à la République de Chine qui luttait, depuis 1937, contre l’invasion militaire de l’Empire du Japon, et qui entrerait, en 1941, dans la guerre aux côtés des Alliés.
Si une partie du royaume yougoslave avait collaboré en laissant passer les troupes allemandes sur ses territoires, une autre partie du royaume avait organisé une résistance à l’occupation du pays par les forces de l’Axe, dont les Tchetniks (menés par un officier de l’armée royale yougoslave, Draža Mihailović) et les Partisans (mouvement armé à tendance communiste, dirigé par Josip Broz Tito) qui avaient lutté à la fois contre la Croatie, l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste de Mussolini.
Au sortir de la guerre, en novembre 1945, la monarchie yougoslave, discréditée, était abolie. Les communistes, qui avaient lutté contre les forces de l’Axe, arrivaient au pouvoir. Josip Broz Tito, dit Tito ou le maréchal Tito, (né le 7 mai 1892), devenait président du Conseil fédéral exécutif de Yougoslavie en novembre 1945, et le resterait jusqu’en juin 1963, et deviendrait président de la RFSY (République Fédérative Socialiste de Yougoslavie) de janvier 1953 à sa mort (le 4 mai 1980) : il avait permis d’obtenir une sorte de modus vivendi entre les différentes composantes ethniques, politiques, religieuses, culturelles, linguistiques…
La Yougoslavie était désormais une fédération de 6 Républiques : au nord du pays, la Slovénie ; en dessous la Croatie ; au centre du pays et côte à côte : la Bosnie-Herzégovine et la Serbie composée au nord de la province de Voïvodine, et au sud de la province du Kosovo ; au sud de la Bosnie-Herzégovine : le Monténégro ; au sud du pays : la Macédoine.
L’opposition entre Croates et Serbes était un sujet récurrent : durant la seconde guerre mondiale, de nombreux Croates s’étaient rangés du côté des nazis alors que les Serbes s’étaient engagés dans la lutte contre les nazis.
Après la mort de Tito, en 1980, les 6 Républiques ou provinces tentèrent de s’organiser. La Constitution de 1963 stipulait qu’elles devaient prendre, tour à tour, la présidence de la Yougoslavie, une présidence annuelle qui devait permettre à chaque république d’être représentée.
Après la chute du Mur de Berlin, dans la nuit du 9 novembre 1989, la RDA (République Démocratique Allemande), dite Allemagne de l’Est (1949-1990), dont la devise était « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! », fut annexée, un an plus tard, toujours dans la nuit, celle du 3 octobre 1990, à l’Allemagne de l’Ouest capitaliste : tout fut fait pour éradiquer la pensée marxiste des cerveaux. Après cela, la dislocation de l’URSS (Union des Républiques Socialistes Soviétiques) s’effectuerait le 25 décembre 1991, saluée par les chefs des États occidentaux et amplement commentée dans les médias.
Seule la Yougoslavie se tint en retrait par rapport à la prétendue démocratie occidentale.
Toujours en Yougoslavie, Slobodan Milošević, qui avait été élu Président de la Serbie, resterait dans cette fonction de mai 1989 à juillet 1997.
Mais, dès le début des années 1990, la Yougoslavie, en tant qu’union des entités la composant, fut déstabilisée par des groupes d’opposants, intérieurs et extérieurs, au régime. Du 31 mars 1991 au 12 novembre 2001, des conflits éclatèrent dans les territoires de la RFSY (République Fédérative Socialiste de Yougoslavie), c’est-à-dire dans toutes les républiques et provinces, ainsi que dans un pays limitrophe, l’Albanie.

Le 25 juin 1991, la Croatie et la Slovénie déclaraient leur indépendance. L’Allemagne joua un rôle primordial dans l’éclatement de l’entité fédérale en reconnaissant très rapidement l’indépendance de la Croatie qui s’empressa d’enlever le mot « socialiste » de son nom : cela devait être le début de la fin de la RFSY (République Fédérative Socialiste de Yougoslavie)… Les États-Unis d’Amérique du Nord et l’OTAN se chargeraient du reste…
À partir de ce moment, des conflits mirent aux prises, de 1991 à 1995, la Slovénie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine avec la RFSY, puis avec la Serbie. En avril 1992, la Macédoine et la Bosnie-Herzégovine prenaient elles aussi leur indépendance. Et, donc, la Fédération n’était plus constituée que de la Serbie et du Monténégro qui, le 27 avril, proclamaient la constitution de la RFY (République Fédérale de Yougoslavie).
En septembre 1991, les USA et d’autres pays dont la France, avaient voté à l’ONU un embargo sur les armes. En 1992, les forces croates créèrent le HVO (Hrvatsko vijeće obrane, Conseil de défense croate). En 1995-1996, le MPRI (Military Private Resources Incorporated), organisation privée d’abord constituée de militaires américains à la retraite, ne se gênera pas pour fournir de l’armement clandestin et des formateurs aux forces croates.
L’ingérence, dès le début, de l’ONU (Organisation des Nations Unies) et de l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) dans les affaires intérieures de la Yougoslavie, sous le prétexte de protéger les populations, de maintenir la paix ou de mettre fin aux conflits, ne fit qu’aggraver la situation dans la mesure où il s’agit toujours, pour ces organisations, de prendre fait et cause contre le communisme et donc d’imposer des pseudo-démocraties qui sont, tout compte fait, des dictatures bourgeoises au service de la grande bourgeoisie financière internationale.
À suivre…

La Dame de Carreau
16 avril 2022