Joseph Goebbels et Adolf Hitler, 1926-1930, à propos du socialisme et de l’URSS : « Je t’aime, moi non plus, au prix du sang »…

Nous rejoignons Joseph Goebbels dans sa nuit de cauchemar du 15 au 16 février 1926, tandis que le dernier discours d’Adolf Hitler venait de lui révéler que désormais, dans le nazisme, tout allait pencher du côté du nationalisme. Ainsi qu’il le notera dans son Journal :
« Je ne desserre pratiquement pas les dents. Une nuit atroce ! Sans doute une des plus grandes déceptions de ma vie. Je ne crois plus totalement en
Hitler. C’est cela, ce qu’il y a de terrible : c’est ma cohésion interne qu’on m’a retirée. Je ne suis plus que la moitié de moi-même. » (Idem, page 153)

À peine enfin endormi, le voici qui se réveille, cherchant quelque réconfort auprès de certains de ses camarades du parti :
« Quelques heures de sommeil.
Kaufmann. Je voudrais l’étreindre. Nous nous disons tout. Schmitz et Toni se joignent à nous ! Résultat : nous sommes des socialistes. Nous ne voulons pas l’avoir été en vain. » (Idem, page 153)

Les semaines suivantes tendent tout de même à le rassurer, et voici déjà qu’il retrouve la foi, notamment selon ce qu’il en note dans son Journal à la date du 13 mars 1926 :
« C’est un sacré gaillard… le Chef ! Il a de nouveau anéanti plus d’un doute qui me tenaillait ! » (Idem, page 156)

Passons à l’après-midi du 15 avril 1926 :
«
Hitler arrive. Questions de principes : la politique à l’Est, la question sociale. » (Idem, page 161)

Sur le premier point, nous avions vu Goebbels s’inquiéter précédemment de l’antisoviétisme d’Hitler
« Il parle trois heures. Brillamment. Il pourrait vous désorienter. L’Italie et l’Angleterre sont nos alliées. La Russie veut nous dévorer. Tout cela se trouve dans sa brochure et dans le deuxième tome de son Mein Kampf, qui va paraître. Nous nous rapprochons de lui. Nous lui posons des questions. Il répond avec brio. Je l’aime. » (Idem, page 161)

Sur le second point…
« La question sociale. Des vues entièrement neuves. Il a réfléchi à fond à tout cela. Son idéal : mélange de collectivisme et d’individualisme. Le sol, qui conditionne le peuple. La production, créatrice, individualiste. Les cartels, les trusts, les produits finis, le transport, etc. socialisés. Il y a matière à discuter. Il a réfléchi à fond à tout cela. Avec lui, je suis tranquillisé vis-à-vis de n’importe quel sujet. C’est un homme à prendre dans son entier. Un homme impétueux comme lui peut être mon guide. Je m’incline devant ce grand homme, devant ce génie politique. » (Idem, pages 161-162)

Le lendemain 16 avril 1926…
« Je lui ai apporté des fleurs, ce qui lui a fait très plaisir. Puis nous avons parlé pendant deux heures au sujet de la politique à l’Est et à l’Ouest. Sa démonstration est péremptoire. Mais je crois qu’il n’a pas pris toute la mesure du problème de la Russie. » (Idem, page 163)

19 avril 1926 :
« On dîne.
Hitler m’étreint quand il me voit. Il me fait un tas de compliments. Je crois qu’il me porte dans son cœur comme personne d’autre. » (Idem, page 164)

Et encore :
«
Adolf Hitler, je t’aime, car tu es à la fois grand et simple. Ce que l’on appelle le génie. Je prends congé de lui. Adieu ! Il nous fait au revoir de la main » (Idem, page 164)

Le 15 novembre 1926, il faut aussi compter avec ceci :
« Hier matin, défilé à Neukölln. Quatre blessés graves. 14 blessés légers. Mais nous sommes en marche. » (Idem, page 193)

Et puis, le 28 novembre 1926, avec cela :
« Aujourd’hui, dimanche. J’étais ce matin à l’appel général des SA. Tout va bien. Maintenant on peut se mettre au travail pour de bon. Les attaques se multiplient. Le sang coule. Le ciment de la nouvelle communauté ! » (Idem, page 194)

Changement d’année… Nous arrivons au 24 janvier 1927 :
« Demain soir, je parle à Spandau. Il y aura du grabuge avec les communistes et des heurts sévères.
C’est bien ainsi. Πόλεμος πατήρ πάντων.
[Attribué à
Héraclite : La guerre est mère de toutes choses] De toutes choses… » (Idem, page 205)

Le lendemain, 25 janvier 1927 :
« Hier soir,
Riles s’était échappé. Nous l’avons poursuivi en taxi et retrouvé à un coin de rue, tout abandonné. On peut dire qu’il s’est fait sévèrement corriger. Cet après-midi, à Spandau en voiture pour l’inauguration de notre nouvelle salle de lecture. Ce soir, j’y parlerai. Il y aura de la bagarre. Soit ! Je suis content que le combat commence. » (Idem, page 205)

Le surlendemain, 26 janvier 1927, à Spandau :
« Deux mille quatre cents personnes. Dont 500 du KPD [parti communiste allemand]. Je n’ai jamais aussi bien parlé à Berlin. Les Rouges en sont tout abasourdis. Pendant le débat, on apprend que l’un des nôtres s’est fait passer à tabac dans la rue. J’interromps immédiatement le débat, les bonzes rouges sont évacués à coups de poing, on peine à maîtriser les nôtres : victoire sur toute la ligne ! Je n’aurais jamais osé aller aussi loin même dans mes rêves les plus fous ! Quand on livre combat, il n’y a que victoire ou défaite. Et nous avons eu la victoire ! » (Idem, page 205)

Encore 3 jours, et puis, le 29 janvier 1927 :
« Nous avons également acheté notre voiture . 2 600 marks. Une belle Benz à six places. Aujourd’hui, c’est sa première sortie. Dans un moment, on part pour Cottbus. Douze camions. Ça va être un grand jour. » (Idem, page 206)

Environ un an plus tard, le 19 janvier 1928 :
« Aujourd’hui, écrit, lu, fait casser quelques gueules. A présent, j’attends une conversation téléphonique avec le Chef. Il doit rencontrer
Benito courant février. Je jouerai les intermédiaires. » (Idem, page 253)

22 mai 1928 :
« Je suis donc membre du Reichstag. J’ai l’immunité, c’est ce qui compte. » (Idem, page 268)

Un an plus tard, le 2 mai 1929 :
« Il y a quand même eu, au cours de la nuit, des événements sanglants : des combats de barricade à Wedding et à Neukölln, 9 morts, 100 blessés graves, 1 000 arrestations. Combats de rues et guerre civile ouverte. Le KPD monte sur ses grands chevaux. Au Reichstag, cet après-midi, un grand tumulte. Le KPD exige un débat sur ces événements. Le député
Künstler se fait rosser. A la fin, les communistes chantent L’Internationale. La séance est suspendue pour une demi-heure. A Wedding, les combats de rue font de nouveau rage. C’est ce qu’on appelle la République fermement ancrée. » Idem, page 344)

22 novembre 1929…
« Nous nous rapprochons maintenant de plus en plus du pouvoir. C’est aussi la teneur de la longue discussion qui s’ensuit avec Hitler. Il est très bon avec moi. » (Idem, pages 401-402)
« « Dans trois ans, nous serons les maîtres de l’Allemagne ! » Sur cette parole, nous nous donnons solennellement la main. C’est un grand moment. Je me sens plus que jamais lié au Chef. » (page 402)

Beaucoup de sang déjà… Une grande affaire de cœur entre deux hommes ?… Mais, tout de même… 6 décembre 1929 :
« J’ai conscience de ses défauts : il est trop mou et ne travaille pas suffisamment. » (Idem, page 406)
« Quelles méchancetés n’ai-je pas entendues sur le compte de
Hitler ! Mais moi, je crois en lui. Je crois en lui. Ils sont injustes envers lui. Le génie a le droit d’être différent et de vivre différemment des autres. Partout, j’ai apaisé les esprits et j’ai porté la contradiction. Et cela a servi. Je continuerai à agir ainsi. Le mythe Hitler doit subsister comme un rocher de bronze. » (page 407)

20 janvier 1930 :
« Réjouissons-nous de l’avoir et accommodons-nous de ses faiblesses. » (page 425)

Le ver était dans le fruit… Jusqu’où allait-il se glisser ?…

Michel J. Cuny

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