Le monde, il paraît qu’Ursula von der Leyen l’a vu s’ouvrir devant l’Europe à l’occasion de la pandémie… Et qu’elle aura cru qu’il convenait de s’y précipiter… un peu. Certes, avait-elle déclaré le 16 septembre 2020…
« Il ne s’agit pas de faire passer l’Europe d’abord. Il s’agit plutôt d’être les premiers à répondre à l’appel lorsque cela s’avère nécessaire. »
Les deux phrases suivantes sont très significatives de la volonté de la nouvelle présidente de la Commission européenne de présenter la confédération d’États à la tête de laquelle elle se trouve désormais comme une sorte de Messie chargé de répandre le bien jusqu’au dernier mètre carré de terre de notre belle planète…
Qu’on se le dise :
« Durant la pandémie, des avions européens ont livré des milliers de tonnes d’équipements de protection dans le monde entier, du Soudan à l’Afghanistan, de la Somalie au Venezuela. »
Mais ce n’était encore qu’à peu près rien, puisque :
« Aucun d’entre nous ne sera en sécurité tant que nous ne serons pas tous en sécurité, et ce, peu importe l’endroit où que nous vivions, ou ce que nous possédions. »
Et voici le missile qui va assurer la prédominance de l’Europe sur ce champ de bataille qui en vaut bien d’autres…
« Un vaccin accessible, abordable et sûr est le moyen le plus prometteur d’assurer notre sécurité. »
Malheureusement…
L’échec est d’ailleurs d’autant plus retentissant que la présidente de la Commission européenne avait cru pouvoir réaliser son tout premier miracle à coups… d’investissements jetés à la va-vite dans la marmite d’une recherche en santé qui a pourtant perdu l’habitude de découvrir autre chose que quelques… bons gros coups !… qui se suffisent d’autorisations de mise sur le marché dont, en France, le Médiator nous a démontré à quel point elles peuvent être véreuses…
N’empêche. Ursula avait fait très fort. Et c’est bien elle qui nous l’aura dit :
« Avec la société civile, le G20, l’OMS et d’autres partenaires, nous avons réuni plus de 40 pays pour lever 16 milliards d’euros pour financer la recherche sur des vaccins, des tests et des traitements pour le monde entier, démontrant ainsi le pouvoir mobilisateur inégalé de l’UE. »
Et plouf !… Mais ce n’est sans doute que partie remise… Voyons cela…
Puisque, tout à coup, Ursula von der Leyen prend le mors aux dents… en se jetant sur la dimension mondiale où il semble que trois organismes aient plus particulièrement attiré son attention : l’Organisation des Nations Unies (ONU), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation mondiale du Commerce (OMC). Selon elle, tout cela est très gentil…
« Mais il faut aussi reconnaître qu’il n’a jamais été aussi urgent de revitaliser et de réformer le système multilatéral. »
En disant cela, la toute nouvelle présidente de la Commission européenne ne se soucie guère d’y aller rien qu’avec le dos de la cuillère… Tout au contraire…
« C’est pourquoi je veux que l’UE prenne la tête du mouvement de réforme de l’OMC et de l’OMS, afin de les adapter au monde d’aujourd’hui. »
Certes, l’ONU paraît avoir disparu de ses radars… Mais peut-être cette organisation-là ne perd-elle rien pour attendre… puisque, très généralement…
« Il ne fait aucun doute que l’Europe doit prendre clairement position et intervenir rapidement sur les questions internationales. »
Et surtout pour aider à régler un tout petit problème…
« La relation que l’Union européenne entretient avec la Chine est à la fois l’une des plus importantes sur le plan stratégique et l’une de celles qui comportent le plus de défis. »
Arrivée là, Ursula von der Leyen n’hésite pas à tenter un petit rappel qui ne pourra faire de tort à personne :
« Dès le début, j’ai dit que la Chine était un partenaire de négociation, un concurrent économique et un rival systémique. »
« Systémique »… Le grand mot est donc lâché dès le début… C’est une question de système… En tout cas…
« Nous croyons à la valeur universelle de la démocratie et aux droits de l’individu. »
La preuve ?… La voici :
« L’Europe a elle aussi ses problèmes – pensons par exemple à l’antisémitisme. Mais nous en débattons dans la sphère publique. Non seulement la critique et l’opposition sont acceptées, mais elles sont protégées par la loi. »
Sur la première phrase, je ne ferai pas d’autre commentaire que de renvoyer à ce que j’ai écrit dans Sionisme : le renversement d’alliance, Éditions Paroles Vives (2018), qui se trouve doté de ce sous-titre assez explicite, il me semble : « Ou comment l’Allemagne hitlérienne a été dédouanée des crimes nazis par la criminalisation de l’URSS et sans aucun document véridique »
Quant à la troisième phrase, elle peut servir à nous rassurer… mais elle est dans le plus total porte-à-faux avec ce que précise la Loi fondamentale allemande (1949) dans la première phrase de son article 18 :
« Quiconque abuse de la liberté d’expression des opinions, notamment de la liberté de la presse (article 5, al. 1er), de la liberté de l’enseignement (article 5, al. 3), de la liberté de réunion (article 8), de la liberté d’association (article 9), du secret de la correspondance, de la poste et des télécommunications (article 10), de la propriété (article 14) ou du droit d’asile (article 16a) pour combattre l’ordre constitutionnel libéral et démocratique, est déchu de ces droits fondamentaux. »
Pour plus de détails assez croustillants, je renvoie à ce précédent article :
https://unefrancearefaire.com/2020/09/23/la-chevauchee-fantastique-dursula-von-der-leyen-a-loccasion-de-la-session-pleniere-du-parlement-europeen1/
Comme si elle ne savait rien de tout cela, la très conquérante Ursula peut donc se payer le luxe de nous inviter à aller faire la leçon ailleurs, en proférant ce discours qu’on nous ressert sans jamais rien nous dire de son contenu réel, qui n’est rien de ce que les responsables politiques occidentaux en font…
« Nous devons donc toujours dénoncer les violations des droits de l’homme lorsqu’elles se produisent et où que ce soit, à Hong Kong ou chez les Ouïghours. »
Et très dangereusement, elle ajoute immédiatement cette menace à peine voilée :
« Mais qu’est-ce qui nous retient ? »
Et qui donc la retiendra, elle, partie comme elle l’était dès la première seconde de sa présidence ?
Michel J. Cuny
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