IV. 51 – Le blocus privant les civils d’électricité ? « Dévastateur ! »
…Selon Mme Power
La pitoyable Mme Power
Sans paraître s’en rendre compte, Mme Samantha Power se livre, à l’ONU (Organisation des Nations Unies), à une terrible cruauté lorsqu’il s’agit d’évoquer des armes de guerre qui ne sont pas des jouets mais des instruments de mort.
La voici qui accuse, « d’après des témoins »… « les forces d’Assad et les forces russes » de les utiliser contre les civils : bien évidemment, les « témoins » (quels témoins ? les prétendus rebelles ?), dispensent Mme Power d’apporter la moindre preuve à ses accusations. Par ailleurs, Mme Power ne comprend toujours pas que « les forces » ne sont pas « d’Assad » mais de l’État syrien… Volonté de tromper, incompétence ou répugnance à reconnaître qu’il existe un État syrien ?
En tout cas, la représentante des États-Unis à l’ONU fait fort…
« À l’heure où nous nous réunissons, le siège de la partie est d’Alep se poursuit. Il semble que les seuls articles qui parviennent dans cette zone ces jours-ci soient les barils d’explosifs et les bombes incendiaires que larguent, d’après des témoins, les forces d’Assad et les forces russes. L’impact combiné des frappes aériennes ininterrompues et du blocus sur les civils est absolument dévastateur. Il n’y aura bientôt plus de diesel pour alimenter les générateurs, principale source d’électricité. D’ici une semaine, il se pourrait qu’il n’y ait plus assez d’énergie pour faire du pain. Les hôpitaux, qui ont déjà réinstallé leurs urgences en sous-sol et dans des bunkers dans l’espoir de mettre les patients à l’abri des frappes aériennes routinières, peinent à s’éclairer. Les coupures d’électricité sont si fréquentes que les médecins ont appris à opérer à la lueur de leurs téléphones portables. Or, à chaque frappe aérienne, ce sont toujours plus de civils mutilés qui affluent, des personnes qu’ils doivent soigner avec toujours moins de moyens. » [Idem, page 6/26.]
Puisque Mme Power veut parler « des frappes aériennes ininterrompues et du blocus sur les civils »… qui ont un « impact » « dévastateur » sur la survie des habitant(e)s et sur les centres de soins en Syrie… il faut lui rappeler certains faits d’un passé qui ne remonte qu’à cinq années, en Libye.
Pour mettre les rebelles libyens dans sa dépendance quant à l’obtention des armes, le lundi 9 mai 2011, l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) a bombardé, en quatre vagues successives, un site comprenant 72 entrepôts d’armes souterrains, en béton armé, près de Zintan, dans le Djebel Nefoussa.
L’OTAN a bombardé, de nuit, des villages comme Majer où les avions ont attaqué deux fermes sous le prétexte qu’elles étaient des cibles militaires et sont revenus pour attaquer les équipes qui se portaient au secours des blessé(e)s… sous quel prétexte ?, et des villes comme Zliten, Syrte, Sorman, Mizdah, Ajdabiya, Misrata, Marsa El Brega… chacune comptant, avant la guerre, plusieurs dizaines de milliers d’habitant(e)s. Il est impossible de croire qu’il n’y ait pas eu une hécatombe dans la population civile. Mais l’OTAN et les dirigeants criminels de ces trois États (France, Grande-Bretagne, États-Unis) sont trop faibles, sur le plan éthique, pour prendre les crimes, que leurs ordres ont produits, sous leur responsabilité : ils ont donc passé sous silence les mort(e)s dans la population civile. Les médias français ont été d’une obéissance aveugle et, donc, ils sont restés muets sur ce plan-là.
L’OTAN a effectué des bombardements d’une rare violence sur la capitale Tripoli (même Hitler n’avait pas osé toucher à la ville de Paris !).
Ceux des hôpitaux, qui n’ont pas été détruits par les bombes, ont été désorganisés par des frappes volontaires sur les réseaux électriques. Les équipes médicales libyennes, et celles étrangères qui n’étaient pas toutes rentrées dans leurs pays au début de la guerre ou qui avaient répondu aux appels des services de soins libyens, ont fait tout ce qu’elles ont pu pour sauver des vies humaines… Les forces de l’OTAN n’ont rien épargné à la population libyenne pour la protéger « du dictateur Mouammar Kadhafi »… (Cf. « IV. 49 – Des armes de guerre qui tuent instantanément ou à petits feux… »)
Dans la nuit du lundi 9 au mardi 10 mai, peu après 2 heures du matin, l’OTAN a bombardé les médias d’État : les locaux de la télévision et l’agence officielle JANA ; ayant ciblé et endommagé, le 30 avril, le bâtiment public où était installée la Haute commission libyenne pour l’enfance, elle l’a de nouveau ciblé, en mai, et l’a complètement détruit. Elle a touché le centre de chirurgie réparatrice et de traitement des grands brûlés dans le quartier de Shariah Zawiyae (un jeune patient a d’ailleurs été blessé par les éclats de verre provenant de vitres soufflées par l’explosion, selon le médecin présent sur place à ce moment-là).
Les avions de l’OTAN ont bombardé Zliten (ville d’environ 100.000 habitant(e)s en 2007, située à environ 180 kilomètres à l’est de la capitale), touché des dépôts de denrées alimentaires, une maison d’assistance aux personnes âgées, et détruit le Centre national de lutte contre les maladies contagieuses tuant au moins 7 personnes (l’après-midi, des ambulances attendaient à proximité d’une équipe de recherches pour prendre en charge d’éventuels survivant(e)s enfoui(e)s dans les décombres)… Pour protéger « le peuple libyen », l’OTAN visait les hôpitaux.
Parce qu’elle voulait la peau des révolutionnaires du 1er Septembre 1969, l’OTAN n’a pas hésité à viser leurs domiciles, à Tripoli, à Sorman et ailleurs, tuant des hommes, des femmes, des enfants, parfois dans leur sommeil. Des missiles ont été tirés à plusieurs reprises (en mars, en avril, en mai…) sur la caserne de Bab al-Azizia, domicile de la famille Gaddhafi.
Lundi 20 juin, 1 heure 45 du matin,
l’Otan tire plusieurs missiles sur la villa de la famille Hamidi
et tue hommes, femmes et enfants dans leur sommeil
Simple rappel : « Art. 8 Crimes de guerre
2. Aux fins du Statut on entend par « crimes de guerre » :
b) les autres violations graves des lois et coutumes applicables aux conflits armés internationaux dans le cadre établi du droit international, à savoir, l’un quelconque des actes ci-après :
i) le fait de diriger intentionnellement des attaques contre la population civile en tant que telle ou contre des civils qui ne participent pas directement aux hostilités ;
ii) le fait de diriger intentionnellement des attaques contre des biens de caractère civil, c’est-à-dire des biens qui ne sont pas des objectifs militaires ; » [Le Conseil fédéral, Le portail du Gouvernement suisse, 0.312.1, Texte original, Statut de Rome de la Cour pénale internationale, Conclu à Rome le 17 juillet 1998, Approuvé par l’Assemblée fédérale le 22 juin 2001.]
Cinq ans après les bombardements de l’OTAN – soit, l’année même où Mme Power s’exprime – la Libye manque de tout : de médicaments, de matériel de chirurgie et de laboratoire. Le système de santé a été complètement désorganisé. En ce qui concerne les prouesses criminelles des États-Unis, son pays d’adoption, Mme Power a la mémoire courte.
Et la guerre civile, déclenchée par les États criminels sur le sol libyen et depuis l’étranger, n’en finit pas, tandis que des dirigeants fantoches de gouvernements bricolés dans les officines occidentales se disputent le pouvoir d’un peuple spolié de ses décisions politiques et économiques… Les États occidentalo-golfico-sionistes attisent le feu en Libye parce qu’ils n’ont aucun intérêt à voir les conflits entre Libyens s’achever. Idem pour l’Irak. Idem pour la Syrie.
Suite : IV. 52 – De « fausses équivalences » …Selon Mme Power
Françoise Petitdemange
18 mai 2017