Restons dans ce même deuxième paragraphe de la page 198 du beau livre « Les Origines du totalitarisme » de « notre amie » Hannah Arendt :
« En d’autres termes, si l’on a toujours su que les publications soviétiques officielles avaient des fins de propagande et n’étaient nullement sûres, il apparaît maintenant que les sources sûres et le matériel statistique n’ont probablement jamais existé nulle part. »
Hannah Arendt (1906-1975)
Ceci est donc la dernière phrase… de ce deuxième paragraphe dont toutes les citations jusqu’à présent utilisées proviennent. Il s’offre bravement en conclusion de ce merveilleux exercice de logique que nous avons pu voir se déployer devant nous : « En d’autres termes »…
Quels sont-ils donc, ces « autres termes »? Voici tout d’abord, et c’est en effet un personnage essentiel du système des préjugés : « on ». Si « on » donne la part belle à « on », « on » est tout à fait sûr d’arriver à des preuves retentissantes et qu’« on » ne pourra guère contester puisqu’« on » fait partie, qu’« on » le veuille ou pas, du « on » lui-même.
Bon, et alors ce « on » qui nous met dans sa poche pour pas cher, à quoi est-il chargé d’apporter sa garantie en tant qu’il est sujet? A ceci : « on a toujours su que… » C’est sûr qu’« on » y est depuis longtemps dans ce monde. « On » n’a pas de date de naissance, et « on » va certainement nous (mettre un « nous » dans ce contexte, c’est déjà faire une énorme concession, évidemment!) suivre jusqu’à la fin des temps.
Mais, il n’est pas possible d’éviter la question suivante : ce « on » qui a « toujours su que », n’est-ce pas ce drôle de personnage qu’« on » appelle un « con »? Ou, pour ne pas faire injure à tous les « cons », au plus parfait d’entre eux?
Ceci dit, « on » n’ayant pas de féminin, madame Hannah Arendt est bien sûr tout à fait hors de cause.
Le vrai « con », n’a certes pas besoin du savoir en tant que tel : il a « toujours su que »… Parlez-lui de n’importe qui, de Staline par exemple, le « con » a « toujours su » que Staline avait fait plusieurs dizaines de millions de victimes, si pas cent… Comme cela lui vient de « toujours », le « con » ne s’en remettra « jamais », sauf à accepter de bien vouloir devenir un tout petit peu moins « con ».
Evidemment, toutes celles et ceux qui ont cru pouvoir se porter garant(e)s des éminentes qualités intellectuelles de l’ouvrage de madame Arendt, ou bien sont des fripouilles, ou bien sont des… et plus ou moins indécrottables.
En bonne logique, la conclusion des précédents aveux d’Hannah Arendt sur l’absence de toute documentation fiable permettant de mettre en cause les éventuelles responsabilités criminelles de Staline aurait dû être un non-lieu au moins temporaire.
Mais, dès la première ligne du paragraphe qui suit celui dont nous venons de démontrer qu’il est un véritable hymne à la connerie ordinaire, nous avons droit à un coup de théâtre :
« C’est une question plus sérieuse que de savoir si... »
Ainsi donc, devoir admettre qu’il n’y a pas de preuves n’était pas suffisamment « sérieux » pour être pris vraiment en compte… et pour exiger de ne pas se jeter immédiatement sur une question plus sérieuse!… Plus sérieuse que celle-ci, dans l’histoire du XXème siècle, peut-il y en avoir vraiment une? Mais laquelle, donc?
Nous y voici :
« …que de savoir si une étude du totalitarisme peut se permettre d’ignorer… »
Nous avons bien lu : « …savoir si… se permettre d’ignorer… » (savoir ignorer!)…
Décidément, nous piétinons, avec délice, dans l’univers de la… connerie. Madame Arendt qui, au moment où elle écrivait ces phrases historiques, avait largement franchi sa soixantième année, était restée si admirablement jeune d’esprit… que c’en est un vrai miracle. De là à penser que sa petite affaire du « totalitarisme » est un moyen parfaitement adapté de jouer à la poupée avec le bonhomme Staline qu’elle ne va pas tarder à nous rendre en morceaux, il n’y a qu’un pas que pourront allègrement franchir tous ceux qui n’ont pas forcément tout de suite envie de se prosterner devant… ou la connerie, ou la méchanceté humaines.
Laissons-la, alors, cracher tout son venin de petite fille un peu tortionnaire :
« C’est une question plus sérieuse que de savoir si une étude du totalitarisme peut se permettre d’ignorer les événements qui se sont produits, et continuent à se produire, en Chine. »
En effet, depuis le moment où elle a ouvert sa boîte à marionnettes du totalitarisme en 1945, il y a eu 1949 en Chine et la prise du pouvoir par Mao et ses camarades. Hannah Arendt peut-elle négliger cette nouvelle mare de sang… dont il ne lui est pas interdit d’imaginer qu’elle aura laissé, cette fois-ci, quelques preuves?
Hélas, trois fois hélas, la revoici bredouille :
« Aujourd’hui encore [entre 1966 et 1971],notre connaissance des événements passés et présents en Chine est moins assurée que celle que nous avions de la Russie dans les années 30, d’abord parce que le pays a réussi à se protéger plus complètement des observateurs étrangers après la victoire de sa révolution, mais surtout parce qu’il ne s’est pas trouvé de transfuges de rang élevé du parti communiste chinois pour nous venir en aide – c’est là du reste en soi un phénomène hautement significatif. »
Cette tartine de petite fille mérite d’être étudiée de près… Rien sur l’U.R.S.S., et moins que rien sur la Chine. Donc, de façon « significative », voilà, de son propre aveu, où nichent les sources d’information qui peuvent venir en aide aux promoteurs des Guignols du totalitarisme authentifié par la boutique Arendt : chez les « transfuges »…
Et pourquoi pas? s’ils nous fournissaient des preuves… qui n’existent pas…
Mesdames-Messieurs les adultes – les citoyennes et citoyens? -, il va falloir se reprendre! ou bien retourner faire des petits pâtés sur la plage de la connerie, et, pas loin de là, sur celle de la trahison.
Michel J. Cuny
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