Den knutna revolvem (Le révolver noué)
Sculpture-symbole de non-violence…
de l’artiste suédois : Carl Fredrik Reuterswärd,
[conceptualisation : 1980 ;
Première version originale installée en 1985 à Malmö (Suède) ;
Deuxième version originale installée devant l’ONU en 1988 ;
Troisième version originale installée devant la Commission européenne (Luxembourg) ;
des répliques de cette sculpture
existent dans différents pays du monde]…
Mais si l’art apportait la paix, cela se vivrait…
IV. 33 – Ce sont ceux qui font verser le sang
qui prétendent mettre fin au sang versé
(2/4)
Des divergences fondamentales
lors des débats du 18 décembre 2015
au Conseil de sécurité de l’ONU
En décembre 2015, au moment où se réunit le Conseil de sécurité de l’ONU pour tenter de mettre fin au conflit en Syrie qui a commencé, comme en Libye, en 2011, quel est le bilan de cette guerre provoquée par les États capitalistes occidentaux et les monarchies du Golfe derrière lesquel(le)s se profilent la finance internationale ?
Ban Ki-moon
Six ans après le début de la guerre en Syrie, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, est tout étonné de ce que les mensonges politiques relayés par les médias et les manquements au respect des Résolutions et du Préambule de la Charte des Nations Unies ont produit… Il en est resté aux « manifestations populaires pacifiques »… Croit-il que l’armée et la police de Libye et de Syrie seraient intervenues contre des manifestant(e)s pacifiques ? Le voici obligé de reconnaître que l’opposition syrienne, hétéroclite et dispersée dans d’autres pays, ne pouvait que déstabiliser la Syrie et la mener là où elle est…
« M. Ban Ki-moon, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé que le conflit syrien avait débuté par des manifestations populaires pacifiques demandant un changement politique, avant de se retrouver rapidement miné par les divisions internes, régionales et internationales – y compris au sein de ce Conseil. « Presque cinq ans plus tard, nous voilà devant un pays en ruines, ses habitants dispersés par millions à travers le monde, emportés par un tourbillon de radicalisme et de sectarisme qui remet en question la sécurité régionale et internationale », a-t-il déploré. » [ONU, Couverture des réunions & communiqués de presse, Conseil de sécurité, 7588E Séance – après-midi, CS/12171 – 18 décembre 2015, Syrie : pour la première fois depuis le début du conflit, le Conseil de sécurité fait preuve d’unité en adoptant une « feuille de route » pour la paix.]
Il est bien dommage que M. Ban n’ait pas – en tant que Secrétaire général de l’ONU – tiré la leçon de ce qui s’était passé en Irak, en Libye… Qu’adviendrait-il, dans les pays dits démocratiques, de groupes de manifestant(e)s “pacifiques” – armé(e)s ou non armé(e)s – demandant un changement politique : une éviction du président élu et un renversement du gouvernement ? Face à des manifestant(e)s armé(e)s, la police et l’armée interviendraient à mains armées. À des manifestant(e)s non armé(e)s, l’élite politique auto-proclamée répondrait en coulisses : “Causez toujours… Vous nous amusez.”
John Kerry
C’est le Secrétaire d’État états-unien, qui est aussi le président de cette réunion du Conseil de sécurité du 18 décembre 2015, qui annonce le résultat d’une déstabilisation devenue guerre civile puis guerre tout court :
« M. Kerry a affirmé qu’en raison du conflit, un Syrien sur 20 a été tué et [ou] blessé et un sur 5 a fui son pays. « Nous devons mettre fin au sang versé », a-t-il insisté. » [Idem. Note FP : Le mot de coordination entre crochets est de moi. Il est possible d’être blessé ou tué, ou d’être blessé puis tué, mais pas d’être tué puis blessé.]
Triste bilan pour le trio déstabilisateur et destructeur de la Libye et de la Syrie : Nicolas Sarkozy qui était, en 2011, président de la république française, David Cameron qui était alors Premier ministre de Grande-Bretagne, et Barack Obama qui était président des États-Unis.
Toujours M. John Kerry… Sans rire.
« Il a affirmé que le processus de Vienne avait abouti à l’idée d’un cessez-le-feu et à la nécessité de faire émerger une nouvelle Syrie, « dirigée par les Syriens et pour les Syriens ». » [Idem.]
Monsieur Kerry est un plaisantin : « dirigée par les Syriens »… lesquels ? les opposant(e)s exilé(e)s à l’étranger qui se distribuent les places en Syrie tandis que les membres de l’ASL (Armée syrienne libre) se font tuer ? Bachar El Assad et les membres du gouvernement ne sont-ils pas des Syriens ? « pour les Syriens »… Bachar El Assad et son gouvernement, ne travaillent-ils pas « pour les Syriens » ? L’armée de la République Arabe Syrienne ne défend-elle pas les Syriens contre les partisans de l’étranger ?
La réponse à cette dernière question est directement sortie de la bouche du Secrétaire d’État états-unien, M. John Kerry :
« « Des divergences subsistent sur le sort d’Assad », a-t-il reconnu, avant d’ajouter que le processus d’un règlement politique en Syrie devrait être façonné par les Syriens eux-mêmes et non pas imposé. » [Idem.]
Mais il a tout de même une petite idée, le Secrétaire d’État états-unien, sur ce que les Syriens doivent faire…
« Il a affirmé que tout doit être fait pour assurer le succès des pourparlers inter-syriens et garantir la participation de tous les Syriens. « Je sais quelles atrocités ont été commises et continuent d’être commises en Syrie », a affirmé M. Kerry. C’est pourquoi il est essentiel que Daech ne contrôle pas la Syrie. » [Idem.]
En voilà une !
Il a sans doute une deuxième petite idée, le Secrétaire d’État états-unien, sur ce que les Syriens doivent encore faire…
« Les membres du Groupe international d’appui pour la Syrie ont convenu qu’Assad n’est plus crédible et ne peut plus gouverner la Syrie, a affirmé le Secrétaire d’État, pour qui « ce n’est pas une question idéologique mais une question de réalité ». »
Donc, c’est une question idéologique (car, il faut souvent prendre le contre-pied de ce que les dirigeants occidentaux disent : leurs négations sont souvent à prendre pour des affirmations). Mais ce n’est pas fini.
Le Secrétaire d’État états-unien a une troisième petite idée sur ce que les Syriens doivent faire…
« Le peuple syrien doit pouvoir se mettre d’accord sur un autre choix, a-t-il affirmé. » [Idem.]
C’est ce que M. Kerry appelle une Syrie « dirigée par les Syriens et pour les Syriens »… Sans doute M. Kerry, estime-t-il que le peuple syrien a mal voté en 2014…
N’aurait-il pas une quatrième petite idée sur la personne qui pourrait remplacer le Président Bachar El Assad réélu par le peuple syrien un an et demi plus tôt ? Pour l’heure…
« « Mettons fin à la guerre et faisons en sorte que les Syriens puissent rentrer chez eux », a conclu le Secrétaire d’État américain. » [Idem.]
Depuis 2011, les Libyen(ne)s et d’autres Africain(e)s, et puis, maintenant, les Syrien(ne)s “envahissent” l’Europe par la Mer Méditerranée. Sait-on jamais ? Il ne faudrait tout de même pas que leur vînt l’idée de passer l’Océan Atlantique !…
Sergueï Lavrov
Ayant bien entendu les trois petites idées du Secrétaire d’État états-unien, John Kerry, le ministre russe des Affaires Étrangères, Sergueï Lavrov, intervient à son tour :
« Seul un dialogue inter-syrien inclusif pourra mettre fin aux souffrances du peuple syrien, a-t-il assuré. Appelant de ses vœux la formation d’un gouvernement « séculier » et « multiconfessionnel », le Chef de la diplomatie russe a rejeté les tentatives déployées, selon lui, « depuis l’extérieur », pour changer le « destin du Président » Bachar Al-Assad. » [Idem.]
Alors que…
« La lutte contre le terrorisme doit être menée sans relâche que ce soit en Syrie ou ailleurs, en se gardant de faire des distinctions entre « bons » et « mauvais » terroristes, a prévenu M. Lavrov. » [Idem.]
À bons entendeurs…
Suite : IV. 34 – Un poison anti-arabe, distillé pendant des décennies…
Françoise Petitdemange
20 mars 2017