IV. 22 – 2015 : la parlote de certains onusiens contre l’expression du peuple syrien

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L’ONU : une organisation très démocratique ;
5 pays membres permanents au Conseil de sécurité
dont trois États capitalistes-impérialistes-colonialistes

IV. 22 – 2015 : la parlote de certains onusiens
contre l’expression du peuple syrien

Pour tenter de faire cesser une guerre que les États capitalistes et les monarchies féodales du Golfe avaient déclenchée de l’extérieur, un « Groupe d’action » s’était réuni à Genève. « Le 30 juin 2012, les Secrétaires généraux des Nations Unies et des États arabes, les ministres des Affaires étrangères de la Chine, de la France, de la Russie, de la Turquie, de l’Iraq (Président du Sommet de la Ligue des États Arabes), du Koweït (Président du Conseil des ministres des Affaires étrangères de la Ligue des États Arabes) et du Qatar (Président du Comité arabe de suivi sur la Syrie de la Ligue des États Arabes) et le Haut Représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère et de sécurité se sont réunis [à l’Office] des Nations Unies à Genève en tant que groupe d’action pour la Syrie, présidé par l’envoyé des Nations Unies et de la Ligue des États Arabes pour la Syrie. » [Groupe d’action pour la Syrie – Communiqué final 30 juin 2012, page 1. Note FP : Les mots entre crochets sont de moi.]

Évidemment, aucun représentant de l’Afrique et de l’Amérique latine n’est mentionné dans ce « Groupe d’action » : sans doute ces deux continents ne font pas partie de la planète Terre… Parmi les États présents à Genève, ce sont les États impérialistes belliqueux qui, « au nom des droits de l’homme », déstabilisent les autres États en fomentant des guerres civiles (Afghanistan, Irak, Tunisie, Égypte, Libye, Syrie, Ukraine…), en semant la zizanie entre les ethnies, les tribus, les religions, les langues, en exacerbant la violence sous toutes ses formes, qui prétendent, à force de réunions, de groupes de travail et de conférences, etc., éteindre les incendies qu’ils ont eux-mêmes allumés ou fait allumer par des opposant(e)s dont ils voient tout le parti qu’ils peuvent tirer : « Les membres du Groupe d’action sont attachés à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité nationale et à l’intégrité territoriale de la Syrie. Ils sont résolus à travailler d’urgence, à intensifier [leur action] pour mettre fin à la violence et aux violations des droits de l’homme et [à lancer] un processus politique mené par la Syrie conduisant à une transition qui réponde aux aspirations du peuple syrien et [lui permette], de manière indépendante et démocratique, de déterminer [son] propre avenir. » [Idem, page 1. Note FP : Les mots entre crochets sont de moi.]

Trois ans après cette réunion du « Groupe d’action » à Genève, Bachar El Assad est toujours là : d’une part, la population syrienne l’a reconduit dans sa fonction présidentielle en le réélisant début juin 2014 ; d’autre part, la Syrie est soutenue par la Russie et l’Iran, mais aussi par les milices combattantes chiites venues d’Irak et du Liban.

Le résultat de l’élection présidentielle de 2014 n’empêche pas l’envoyé spécial de l’ONU à Genève – ou plutôt l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon –, l’italo-suédois, Staffan de Mistura, de répéter les doléances de l’opposition et ce que le camp occidentalo-golfique veut entendre, comme s’il n’y avait pas eu, entre le Communiqué final de Genève de 2012 et les débats onusiens de 2015 sur la Syrie, la réélection de Bachar El Assad : à savoir, qu’il faut un nouveau gouvernement, une nouvelle Constitution, et de nouvelles élections parlementaires et présidentielle ! Voilà un diplomate très impartial…

Mais tous les États dits non démocratiques ne sont pas près à se ranger derrière les États dits démocratiques faisant fi de l’expression du peuple syrien dans les urnes. C’est pourquoi… Staffan de Mistura marche, en juillet, sur des œufs : « Nous avons ainsi conclu qu’il était possible de mettre en œuvre progressivement le Communiqué de Genève, même s’il reste des divergences, en particulier concernant un organe de gouvernement de transition. » [Couverture des réunions – Conseil de sécurité ONU, 7497E Séance- matin, CS/11988, 29 juillet 2015, Staffan de Mistura propose de constituer des groupes de travail composés de Syriens pour préparer l’application du Communiqué de Genève.] Et quelle divergence ! Car, en ce qui concerne la création d’un « organe de gouvernement de transition », il suffit de regarder dans la direction de la Libye pour voir ce que cette marotte occidentalo-golfique a engendré !

Bien sûr, tout ce petit monde de la parlote, qui passe par-dessus la volonté des peuples pour imposer des oligarchies bourgeoises, est à l’abri des balles et des bombes. En mai 2015, l’ÉI (État Islamique) s’emparait du nord de Palmyre contre l’armée de la République Arabe Syrienne. Palmyre… un site qui est classé, depuis 1980, « patrimoine mondial » par l’Unesco.

Que fait alors la coalition dite « anti-Daesh », qui prétend lutter contre les groupes terroristes et l’État Islamique et qui se pique de sauver les sites culturels partout dans le monde contre les destructions menées par ce que d’aucun(e)s appellent des « sauvages », des « barbares », des « non civilisés » ? L’ancien élève de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr et de l’École des officiers de la Gendarmerie nationale, Hadrien Desuin, donne la réponse : « Elle continue de bombarder avec succès les positions djhadistes face aux Kurdes, hier à Kobané et aujourd’hui à Hassaké, mais Palmyre l’indiffère. Quelques raids aériens bien guidés auraient pu stopper net les colonnes du Djihad. Mais parce que ce sont des alaouites qui résistent à la barbarie, rien ne sera fait. » [Le Figaro, Hadrien Desuin : article Prise de Palmyre par l’État islamique : pourquoi une telle incaction de la coalition ?, 21 mai 2015.] Il est important de rappeler, en effet, que, dans cette partie de la Syrie, les combattants de l’armée syrienne sont pour la plupart des Alaouites (branche confessionnelle à laquelle appartient la famille Assad) : il n’est donc pas question, pour la coalition dite internationale, d’apporter le moindre concours à l’armée de la République Arabe Syrienne… même pour « sauver Palmyre » contre les « barbares » qui détruisent tout sur leur passage !

Pourtant, invité d’une émission radiophonique, le 19 mai 2015, l’ex-ministre de la culture, Jack Lang, y était allé de sa colère mêlée de trémolos :  « Pour Palmyre, vraiment, qu’on, qu’on prenne tous les moyens je ne sais, aériens, si on veut pas aller au sol pour, j’allais dire, massacrer ces massacreurs ! [Intervention d’une journaliste : « Une bombe ? »] Pour détruire ces voyous ! ces étrangleurs ! ces assassins ! ces bandits ! Il faut sauver Palmyre ! C’est, c’est là une partie de notre civilisation : sauvons Palmyre ! Il faut sauver Palmyre par tous les moyens. » https://unefrancearefaire.com/2016/02/20/ii-3-une-creature-ingrate-daesh/

Mais Jack Lang ne sera pas entendu. Hadrien Desuin de dire… « La culture n’a pas d’importance quand les « méchants » la défendent. Comme si l’Occident ne parvenait pas à sortir de son manichéisme pour prendre la moins mauvaise des solutions. Cette indignation stérile s’explique aisément : la bataille de Palmyre remet en cause le dogme de l’alliance tacite entre Bachar et l’ÉI. C’est le conte que rabâchent depuis quatre ans les chantres de « l’opposition syrienne » : Bachar et l’ÉI sont alliés, ils sont les deux têtes d’une même hydre bicéphale. Tandis que des combats opposent depuis des années les troupes loyalistes aux soldats du califat à Der Ez Zor, à Damas et ailleurs ; tout est fait pour minimiser sinon effacer la part que prend l’armée loyaliste dans la lutte contre Daesh. » [Idem.] Voilà qui est dit et bien dit.

Mais encore… « Une fable qui cède le plus souvent à la facilité complotiste : l’ÉI est une créature de Bachar Al-Assad. Conclusion imparable des derniers rêveurs du printemps arabe : pour vaincre Daesh, il faut renverser Bachar. Et si, après Palmyre, c’était l’État islamique qui renversait Bachar, le maître de Damas serait-il encore coupable ? » [Idem.] Oui, sans doute, puisque l’ÉI est une créature des monarchies du Golfe et de quelques États occidentaux, et que… les unes sont des monarchies féodales et que les autres sont des oligarchies bourgeoises qui sont à l’opposé des démocraties (gouvernements des peuples par les peuples pour les peuples). Oui, puisque la République Arabe Syrienne refuse d’adopter le modèle politico-économique capitaliste que les États impérialistes cherchent à lui imposer, depuis 2011, par la force armée.

Suite : IV. 23 – L’Accord russo-syrien du 26 août 2015 qui fit jaser…

Françoise Petitdemange
16 Février 2017


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