IV. 23 – L’Accord russo-syrien du 26 août 2015 qui fit jaser…

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Bachar El Assad et Vladimir Poutine

IV. 23 – L’Accord russo-syrien du 26 août 2015
qui fit jaser…

Dans le cadre d’une coordination militaire entre la FR (Fédération de Russie) et la RAS (République Arabe Syrienne) pour défendre la Syrie et sa population contre les attaques militaires de l’ASL (Armée syrienne libre), de l’ÉI et de leurs alliés occidentaux et golfiques, un accord a été rédigé, le 26 août 2015, et signé par le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, et son homologue syrien, Fahed Jassem Al Freij.

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Sergueï Choïgou

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Fahed Jassem Al Freij

Avant de parler de cet accord… Juste quelques mots de l’un et de l’autre responsables qui l’ont signé. Le ministre de la Défense russe a été nommé à cette fonction, le 6 novembre 2012. Suite à la guerre civile fomentée en Ukraine, depuis 2013, par quelques pays occidentaux qui utilisent les opposant(e)s – et il y a des opposant(e)s dans tous les pays du monde –, dans le but de déstabiliser la Russie, l’Union Européenne a interdit au ministre de la Défense russe de fouler le sol des pays européens… Le ministre de la Défense syrienne a été nommé, quant à lui, à ce poste, en remplacement de Daoud Rajha, assassiné le 18 juillet 2012, dans l’attentat à la bombe perpétré dans le quartier général de la Sécurité nationale syrienne, à Damas.

Cet attentat en Syrie a causé la mort d’autres hauts responsables de l’État syrien : celle du vice-ministre de la Défense, Assef Chaoukat (marié à la sœur aînée de Bachar El Assad, Bouchra El Assad, il était donc le beau-frère du Président) ; celle de Hassan Turkmani, qui avait été nommé assistant, avec rang de ministre, et qui était chargé des Affaires militaires et stratégiques du vice-président Farouk Sharaa ; celle du chef de la Sécurité nationale, Hicham Ikhtiar, décédé, deux jours après l’attentat, des suites de ses blessures ; celle du général Amin Charabeh, chef adjoint de la Cellule centrale de Gestion des Crises, qui aurait succombé à ses blessures dix jours après les faits. Lors de cet attentat, d’autres membres importants de la République Arabe Syrienne ont été blessés : le ministre de l’Intérieur, Mohammed Ibrahim Al Chaar, gravement touché dans cet attentat, a été de nouveau touché cinq mois plus tard, le 12 décembre, dans un autre attentat ; le secrétaire national du Parti Baas, Mohammad Saïd Bakhtian (ce qui montre que le Parti Baas est aussi visé dans cette guerre) ; le colonel Hafez Makhlouf, chef du renseignement de Damas à la Direction générale de la Sécurité, (cousin maternel du Président) : blessé ou tué. Cet attentat a été revendiqué à la fois par l’ASL (Armée syrienne libre), et par Liwa al-Islam (Brigade de l’Islam), mais il pourrait s’agir d’un attentat exécuté par un garde du corps de l’un de ces responsables…

Toutes ces personnes étaient considérées, depuis longtemps pour certaines, comme personæ non gratæ (personnes non agréées, non bienvenues) par les États-Unis, l’Union Européenne et la Suisse… Sanctions, gels des avoirs, interdictions de circuler dans les pays européens, etc. Parler de persécutions n’est pas exagéré.

Après cela, voici le cadre – défensif et non offensif – dans lequel a été accepté cet accord de 2015 par les deux parties.
« La Fédération russe (FR) et la République arabe syrienne (RAS) (ci-après, les “parties”), reconnaissant que le stationnement d’un escadron d’aviation russe sur le territoire de la RAS répond à l’objectif de maintenir la paix et la stabilité dans la région, qu’il est défensif et n’est pas dirigé contre un autre pays, et conscientes de la nécessité de consolider leurs efforts pour résister aux menaces terroristes, conviennent des points suivants : » [MEMRI (Institut de Recherche des Médias du Moyen-Orient), Accord entre la Russie et la Syrie pour une durée illimitée du déploiement de l’armée de l’air russe en Syrie, 29 janvier 2016.]

En opposition totale avec les coups de force habituels des pays occidentaux entre eux ou/et contre d’autres pays, il est stipulé ceci :
« Article 2 : Objet de l’accord
1. À la demande de la partie syrienne, la partie russe déploiera son escadron sur le territoire de la RAS.
2. L’emplacement exact du déploiement de l’aviation et des installations mises à la disposition de la partie russe sont précisés dans un Protocole distinct du présent accord.
3. En vue du déploiement de l’escadron d’aviation russe, la partie syrienne met à sa disposition l’aéroport de Khmeimim (dans la province de Lattaquié) avec son infrastructure et le territoire requis [aux alentours] qui sera convenu entre les parties.
4. L’aéroport de Khmeimim… est destiné à l’utilisation de la partie russe, gratuitement. » [Idem.]

Les articles suivants montrent la confiance que la République Arabe Syrienne fait à la Fédération de Russie :
« Article 5 : Approvisionnement ; entrée et départ des membres d’équipage
1. La partie russe aura le droit d’amener sur le territoire de la RAS tous les armements, munitions [ou] équipements… sans devoir payer de droits.
2. L’escadron russe pourra librement franchir la frontière de la RAS en utilisant une identification valable pour sortir de la Fédération russe et ne sera pas soumis aux contrôles douaniers ou frontaliers de la part des autorités de la RAS. » [Idem.]

Parce qu’il est nécessaire, pour la Fédération de Russie comme pour la République Arabe Syrienne, de se prémunir contre toutes réclamations de l’une par rapport à l’autre, mais, surtout, contre toutes les réclamations et récriminations des chefs d’États opposés à Bachar El Assad et à Vladimir Poutine
« Article 7 : Procédure de recours
1. La RAS ne présentera aucun recours contre la FR, son escadron d’aviation et son personnel, et ne donnera suite à aucun recours lié à l’activité de l’escadron d’aviation russe et de son personnel.
2. La RAS s’engage à régler tous les recours pouvant être intentés par un tiers en raison d’une perte causée par l’activité de l’escadron russe ou de son personnel. » [Idem.]

La guerre civile syrienne, doublée d’une guerre coloniale, dure depuis déjà 2011. Il est difficile, pour les deux parties – République Arabe Syrienne et Fédération de Russie – de prévoir la fin de ce conflit. Mais si la durée de l’accord paraît illimitée, l’accord lui-même peut être abrogé :
« Article 12 : Durée de l’accord et interruption
L’Accord est conclu pour une durée illimitée. Au cas où une des parties souhaiterait résilier l’Accord, elle devra informer l’autre partie par écrit. Dans un tel cas, l’Accord sera résilié un an après la réception de la notification.

Rédigé à Damas, 26 août 2015 en deux exemplaires originaux ; en russe et en arabe. » [Idem.]

Cet accord ouvre alors sur une coopération militaire accrue entre la Fédération de Russie et la République Arabe Syrienne contre les forces qui leur sont opposées… à mort !

Suite : IV. 24 – Discours de Vladimir Poutine à l’AG de l’ONU, 28 septembre 2015

Françoise Petitdemange
24 Février 2017


3 réflexions sur “IV. 23 – L’Accord russo-syrien du 26 août 2015 qui fit jaser…

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