IV. 24 – Discours de Vladimir Poutine,
Président de la FR (Fédération de Russie),
à la tribune de l’Assemblée Générale de l’ONU,
le 28 septembre 2015
(Début)
Commentaires et captures d’écran de Françoise Petitdemange
Vladimir Poutine
Un mois après la signature de l’Accord russo-syrien du 26 août 2015, et un jour après le discours du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, à l’occasion de la 70ème session de l’Assemblée Générale de l’ONU… le 28 septembre, le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, s’exprime, à son tour, à la tribune, et revient sur la question des guerres occidentales en Afrique et dans le monde arabe :
« Il suffit de voir de plus près ce qui se passe au Proche-Orient et en Afrique du Nord dont ont aussi parlé les intervenants précédents. Naturellement, dans ces régions, des problèmes se posent sur le plan de l’ordre politique et social. Et les populations souhaitaient un changement. Mais que s’est-il passé, en réalité ? L’intervention agressive extérieure n’a guère débouché à [sur] des réformes des institutions de l’État. Le mode de vie tout entier a été anéanti. Et plutôt que le triomphe de la démocratie et du progrès, on a pu voir la pauvreté, la violence et la catastrophe sociale. Et Les droits de l’homme, y compris le droit à la vie ont été gravement obérés. » [Discours de Vladimir Poutine devant l’AGNU-70, 28 septembre 2015, vidéo. Note de FP : Le mot barré est remplacé par un autre entre crochets qui est de moi.]
« Le mode de vie tout entier a été anéanti. »
Concernant les fauteurs de guerre, Vladimir Poutine ne se fait aucune illusion :
« On a envie de demander à ceux qui sont à l’origine de tout cela : « Est-ce que vous prenez au moins conscience de ce que vous avez fait ? » Mais je crains que cette interrogation ne reste lettre morte car les politiques qui se basent sur la confiance en soi excessive et le principe d’exclusivité, et la certitude de l’impunité perdurent. » [Idem.]
Le problème a été soulevé par Bachar El Assad lui-même : ces dirigeants d’États belliqueux mènent une politique “à la va-comme-je-te-pousse” à l’intérieur de leurs pays et la politique de la canonnière à l’extérieur, sans souci aucun des populations, ni dans leurs pays, ni dans les autres pays, contrairement à ce que, parfois, ils affichent.
« Est-ce que vous prenez au moins conscience
de ce que vous avez fait ? »
Les chefs d’États qui déclenchent les guerres ne sont animés que par une seule idée : imposer – si besoin, par la force des armes – le capitalisme à l’échelle du monde, c’est-à-dire à la fois réduire le nombre des propriétaires des moyens de production et d’échange, et étendre l’exploitation de l’être humain par l’être humain dans tous les pays. Pour cela, il leur est nécessaire de détruire les États souverains indociles, de renverser les gouvernements de ces États, d’éliminer physiquement les chefs de ces États : le Président, Saddam Hussein, en Irak, le Guide révolutionnaire, Muammar Gaddhafi, en Libye… Le Président, Bachar El Assad, en Syrie, et le Président, Vladimir Poutine, en Russie, menacés depuis des années, se tiennent nécessairement sur leurs gardes… Le résultat de la politique des dirigeants arrogants des États occidentaux est là, ainsi que le rappelle Vladimir Poutine :
« Il est tellement évident que le vide politique, qui s’est instauré dans certains pays du Proche-Orient et d’Afrique du Nord, a eu, comme répercussion, l’apparition de zones d’anarchie qui ont immédiatement commencé à attirer extrémistes et terroristes. Des dizaines de milliers de terroristes sont déjà venus combattre sous les drapeaux de ce que l’on appelle l’État Islamique avec, parmi eux, d’anciens soldats irakiens qui, en 2003, se sont trouvés à la rue à la suite de l’invasion militaire en Irak. » [Idem.]
L’Afghanistan, l’Irak, la Libye, la Syrie… autant de guerres qui ont suscité des vocations dans les rangs d’Al-Qaïda, des Talibans, de l’ÉI (État Islamique)… mais aussi parmi les soldats des armées détruites sous les bombes occidentales, qui, « à la rue », ont rejoint ces groupes.
« parmi eux, d’anciens soldats irakiens qui, en 2003,
se sont trouvés à la rue »
La déstabilisation des pays les plus développés politiquement et économiquement, en Afrique du Nord et dans le monde arabe, par les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France, avec l’aval des monarques du Golfe, et au profit notamment de l’État sioniste, s’est produite, à partir de 2010-2011, avec des assaillants qui, à main armée, attaquaient les forces de défense de ces pays (casernes, commissariats de police) pour y voler des armes, et s’en prenaient à la population elle-même : le même procédé a été utilisé pour la Syrie comme pour la Libye. Vladimir Poutine, à propos de ce qui se passe en Syrie…
« Le recrutement est également organisé par le biais de la Libye dont les structures étatiques ont été démantelées suite à la violation flagrante de la résolution 1973 du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Et, en ce moment, des membres de l’opposition syrienne dite modérée et soutenue par l’Occident adhèrent à ces mouvements radicalisés. On leur donne des armes, on leur fournit une formation militaire et, ensuite, ils se retrouvent du côté de l’État Islamique et l’État Islamique lui-même n’est pas non plus apparu de nulle part. » [Idem.]
Qu’en est-il des responsables de l’ONU qui ont accepté de voir la Résolution 1973 bafouée ? et qui, donc, ont failli à deux missions essentielles : « Maintenir la paix et la sécurité internationales », « Garantir le droit international » ?
« la Libye
dont les structures étatiques ont été démantelées »
Puisse l’Irak se remettre de cette destruction
ordonnée par l’ex-alcoolo-drogué devenu président,
George W Bush, surnommé « le boucher de l’Irak »
Vladimir Poutine ne fait grâce de rien aux fauteurs de guerre – dirigeants états-uniens, britanniques, français – qui se disent et se redisent « démocrates laïcs » pour masquer aux populations le fait qu’ils ne sont que les protecteurs politiques de l’économie capitaliste qui engraisse le capital et spolie le travail en recourant constamment aux multinationales de l’armement. Car, pour perdurer, le capitalisme a besoin d’étendre l’exploitation d’une majorité d’êtres humains, par une minorité, à tous les pays du monde : d’où le recours aux bombardements pour faire plier les pays qui ne veulent pas de ce système dans lequel la valeur d’usage est complètement oubliée derrière la valeur d’échange qui mène les populations du monde occidental… par le bout du nez. D’où la destruction de la Libye (Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire Socialiste) et l’assassinat de Muammar Gaddhafi (Guide révolutionnaire) qui n’a pas voulu jouer à ce jeu-là. À quoi peut donc servir, aux « démocrates laïcs », l’État Islamique ? Vladimir Poutine donne la réponse :
« Il a été, au départ, nourri et choyé car apparaissant comme un outil de lutte contre des régimes laïcs indésirables. Une fois sa ligne de déploiement acquise en Syrie et en Irak, l’État Islamique continue inexorablement sa progression vers d’autres territoires pour assurer sa domination dans le monde islamique et au-delà, et son intention manifestement est loin de se borner à ces projets. L’état de choses actuel est donc plus que dangereux. » [Idem.]
« l’État Islamique » : « un outil de lutte
contre des régimes laïcs indésirables »
Une fois que les mercenaires de l’État Islamique auront conquis un maximum de territoires dans le monde musulman (Afrique, Proche et Moyen Orient, Asie et une partie de l’Europe), les fauteurs de guerre, qui ont des « droits de l’homme » plein la bouche, ne se gêneront pas pour utiliser les grands moyens et se retourner contre leurs protégés. C’est d’ailleurs ce que dit Vladimir Poutine :
« Dans une situation pareille, il est hypocrite, irresponsable de dénoncer solennellement la menace du terrorisme international tout en fermant les yeux, par ailleurs, sur les canaux de financement et de soutien aux terroristes, notamment le trafic de drogue, la contrebande de pétrole et d’armes. Il est aussi irresponsable de manipuler ces réseaux extrémistes afin de les engager à son propre service pour défendre ses propres fins politiques tout en espérant ensuite de leur régler leur compte et de les anéantir. » [Idem. Note de FP : Les mots barrés le sont par moi.]
« tout en espérant ensuite
leur régler leur compte et les anéantir »
D’ailleurs, les membres de l’État Islamique (qui devient un concurrent de l’État juif dans la région) devraient bien savoir cela, depuis le temps qu’ils sont, tour à tour et par les mêmes États, formés, armés, financés, puis bombardés, emprisonnés, quand ils ne finissent pas torturés et “liquidés” à Guantánamo !…
Suite : IV. 25 – Discours de Vladimir Poutine à l’AG de l’ONU, 28 septembre 2015
Françoise Petitdemange
26 février 2017