Ce judéo-bolchevisme que l’idéologie de l’Holocauste a étouffé

Si nous poursuivons la lecture de l’Introduction au Journal du nazi Alfred Rosenberg telle qu’elle a été rédigée par MM. Matthäus et Bajohr, nous aboutissons à la dizaine de pages (27 à 37) qu’ils ont consacrée au « destin des carnets après 1945 ». Elles nous initient au circuit étrange qu’ont suivi certains documents issus des archives du procès de Nuremberg, jusqu’à induire en nous une certaine inquiétude quant à l’ensemble de ce qu’a été cette séquence judiciaire de l’après-guerre…

alfred-rosenberg

Mais laissons cela de côté, pour l’instant, et reprenons le fil de la pensée de Rosenberg lui-même, ainsi qu’elle nous est présentée par deux messieurs ordinairement rétribués pour leurs activités à la tête d’institutions rangées sous l’intitulé « Holocauste », titre dont j’ai indiqué qu’il ajoutait, dans la balance des ennemis que se donnait le nazisme, un poids certain à la première part des préoccupations finalement meurtrières de Rosenberg : le « judéo-bolchevisme ».

À la page 38, apparaît ce sous-titre : « Rosenberg, le système nazi et la « question juive« . » Or, nous savons, pour l’avoir lu précédemment sous leur plume, que les auteurs de l’Introduction considèrent nécessaire de procéder à…
« la reconstruction et la réévaluation du rôle joué par Rosenberg dans le régime nazi pendant la phase où celui-ci passa, au cœur de l’année 1941, de la persécution des Juifs à leur destruction systématique ». (page 20)

Apparemment, c’est bien à cela que serait destinée cette partie-ci. Encore nous faudrait-il franchir quelques lignes du premier paragraphe, qui insistent à nouveau sur le duo judéo-bolchevique, pour atteindre ensuite un lieu où la problématique juive fera enfin cavalier seul.

Voici le passage à enjamber. Il concerne les lendemains immédiats de la défaite allemande de 1918, et la leçon que Rosenberg s’avisa d’en tirer :
« […] il se saisit comme d’une aubaine de formules va-t-en-guerre – ainsi « bolchevisme juif » et « l’âme raciale allemande » – qu’il propagea dans son ouvrage Mythe du XXe siècle. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, tous les éléments d’idéologie anticommuniste au relent antisémite rencontraient un large succès auprès de la bourgeoisie allemande en plein désarroi ; face à ce « type de Juif russe, chef du mouvement mondial, ce mélange explosif d’extrémisme intellectuel juif et d’exaltation christologique slave« , même un Thomas Mann [l’auteur de cette première phrase et de la suivante] recommandait, au début mai 1919, d’agir sans attendre « avec la dernière énergie et la brièveté d’une cour martiale« . » (page 38)

C’est alors seulement que survient un texte où ne figure plus rien qui puisse rappeler la part « bolchevique » de la pensée de l’idéologue nazi :
« Rosenberg n’était pas un « antisémite de raison » – représentant d’un « antisémitisme plus froid, mais sûr de son but, celui des ‘gens de l’esprit’« , par opposition à « l’antisémitisme de la rue, brutal, public et au fond sans but« . Sa pensée était déterminée par l’affect et l’intuition ; partout où il croyait discerner l’œuvre « du Juif » ou de ses nombreux complices, il était pris de fureur et de haine, et les projetait immédiatement sur ses adversaires. Pour Rosenberg, l’antisémitisme était tout autant le point fixe de son image manichéenne du monde – d’un côté le « porteur de culture » – qu’un besoin émotionnel et le socle indispensable de la politique nationale-socialiste. » (pages 38-39)

Plus jamais, dans l’Introduction, l’antisémitisme et tous les termes qui s’y rattachent, ne retrouveront pareille exclusivité. Partout et toujours, ils seront compagnons de route des termes qui renvoient, eux, au bolchevisme, mais aussi aux Tsiganes, aux Slaves, aux Polonais, etc.

Le premier exemple arrive dès la page 40 :
« Alors que, en voulant coupler dans le même programme les positions antijuives et anticléricales, Rosenberg échoua largement, en revanche, la durable association des cibles ennemies « Juif » et « bolchevisme » fut un réel succès. »

Toujours sur cette même page 40, il est dit de Rosenberg :
« […] il ne cesse de prôner la destruction de l’ennemi universel judéo-bolchevique […]. »

Ainsi, même dans la partie rangée sous le titre « Rosenberg, le système nazi et la ‘question juive’« , il n’a pas été possible aux auteurs de repousser loin d’eux la question conjointe du bolchevisme…

Cependant, ne nous ont-ils pas déclaré que, pour opérer la « réévaluation » des souffrances juives, ils avaient ajouté quelques documents en fin d’ouvrage ? Allons-y donc de ce pas…

Ayant proposé à Hitler, en juillet-août 1936, l’organisation d’un congrès antibolcheviste mondial, Rosenberg nous montre le pourquoi d’une séparation momentanée d’avec la question juive… Mais momentanée seulement…
« Compte tenu de la situation actuelle, il est nécessaire de se limiter, pour le congrès qui sera éventuellement lancé, à l’antibolchevisme au sens strict, et de ne plus intégrer directement au programme officiel la question juive, la question des francs-maçons, l’idéologie nationale-socialiste et fasciste. Ce en considérant que certains États et peuples ne sont pas encore suffisamment avancés pour pouvoir traiter officiellement la question juive. » (page 559)

Autre phrase prise dans le même document :
« C’est la raison pour laquelle un congrès antisémite paraît encore prématuré aujourd’hui, en revanche, on peut imaginer un congrès antibolcheviste servant de précurseur, si les préparatifs sont menés aussi bien par le parti que par l’État, et à la demande du Führer. » (page 560)

Une dernière :
« De l’attitude anticommuniste, on tirerait sans doute aussi, peu à peu, des conclusions antisémites qui pourraient certainement considérablement affaiblir le pouvoir du judaïsme dans le travail d’opposition qu’il mène contre nous. » (page 560)

Voici maintenant un document rédigé par le service de Rosenberg au moment de la préparation de l’opération Barbarossa contre l’Union soviétique :
« Par principe, il faut garder à l’esprit, pour toutes les mesures prises, que la population voit généralement les Allemands comme ceux qui viennent les libérer du gouvernement judéo-bolcheviste. » (page 575)

Unissons enfin les Juifs et les bolcheviks dans la mort que leur prépare Alfred Rosenberg dans des pays comme l’Ukraine :
« Toute la population saluera certainement le fait que nous dénonçons les Juifs comme les principaux coupables. La question juive peut être très largement résolue en laissant les mains libres à la population quelque temps après la prise de possession du pays. De la même manière, on peut s’attendre à ce que les fonctionnaires bolchevistes les plus radicaux aient été liquidés par la population elle-même, ou se soient enfuis. » (pages 575-576)

Rien, nulle part, ni dans l’Introduction, ni dans le Journal, ni dans les documents annexes ne permet de briser le lien intime qui fonde le « judéo-bolchevisme » au nom duquel l’Allemagne de Hitler a attaqué la Russie de Staline pour la vider de tout son sang.

Et pourtant, les messieurs de l’Holocauste ont réussi à faire de leur livre un instrument qui doit convaincre chaque lectrice et chaque lecteur de l’infinie prévalence du martyre juif sur le martyre bolchevique…

J’écrirai comment.

Michel J. Cuny

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