Si nous reprenons le titre du mémoire de maîtrise de Julie Lécuyer (2007), L’influence de l’Allemagne dans l’intégration des pays d’Europe centrale et orientale au sein de l’Union européenne, nous pouvons imaginer qu’il va peut-être nous permettre de mesurer la part prise par les intérêts privés allemands dans l’ensemble des intérêts privés européens rassemblés au sein d’une organisation européenne dont nous ne cessons de dire ici qu’elle est… allemande.
La part, oui… Mais aussi les qualités spécifiques que manifeste cette… part allemande. Tentons-en donc l’expérience… en rappelant, tout d’abord, la liste des dix pays qui sont rassemblés, par Julie Lécuyer, sous l’intitulé « PECO (pays d’Europe centrale et orientale) » : Chypre, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, République tchèque, Slovaquie et Slovénie.
Et nous commençons aussitôt par les échanges commerciaux :
« L’Allemagne est le premier partenaire commercial européen des PECO. Elle assurait en 2004, près de la moitié (44 %) des exportations de l’UE dans ces pays. » (Idem, page 95)
À la même date, les pays constitutifs de l’Union européenne, outre l’Allemagne, étaient les suivants : Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grèce, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni, Suède.
Un seul pays : 44% des exportations vers les 10 pays des PECO… pour 56% aux 14 autres Européens… au moment de l’intégration en 2004 !… C’est presque à mourir de rire (jaune)…
Pour sa part, Julie Lécuyer ne masque pas son émoi :
« La « performance » de l’Allemagne dans la croissance des exportations dans les PECO depuis quinze ans, est extrêmement impressionnante. Il est aussi intéressant de remarquer la disparité assez incroyable entre l’Allemagne et les autres pays. En effet, les exportations de l’Allemagne dépassent le total combiné des prochains quatre pays et ce, dans toutes les années calculées. » (Idem, pages 95-96)
Ces quatorze années sont celles qui vont de 1989 à 2004… Quant aux quatre pays qui réunissent leurs scores pour se ranger sous celui de la seule Allemagne, ce sont l’Italie, la France, l’Autriche et le Royaume-Uni, sauf en 2003 où celui-ci a dû céder momentanément sa place aux Pays-Bas…
Petit exemple chiffré que nous fournit une note de bas de page :
« En 2004. les exportations de l’Allemagne sont de l’ordre d’un peu plus de 75 millions $US, ct le total des quatre pays suivants, l’Italie, la France, l’Autriche et les Pays-Bas totalisent 67 millions $US. » (Idem, note du bas de la page 96)
Aidons-nous maintenant d’un graphique présenté à la page 97 sous l’intitulé : Exportations de chaque État membre de l’UE dans l’ensemble des PECO, de 1989 à 2004, en millions de dollars US.

Nous l’avons réduit à ce qui est nécessaire ici… Dans la partie haute, nous découvrons un grossissement de la bagarre que se livrent les suivants du côté du plancher, tandis que la diagonale triomphante qui divise le tableau principal dessine tout simplement la performance des exportations allemandes vers les 10 pays des PECO de 1988 à 2004 !
Mais déjà, Julie Lécuyer se saisit du même problème par l’autre bout :
« La dépendance économique des PECO envers l’Allemagne se confirme aussi par les importations de cette dernière. La provenance géographique des importations allemandes s’est sensiblement modifiée depuis quelques années et ce, particulièrement au profit de la Chine et des PECO.» (Idem, page 97)
Laissons le cas de la Chine… Quant aux PECO… tout va très bien… ne changeons rien…
« Les importations de l’Allemagne dominent toujours nettement, représentant pour près de 46 % des importations totales de I’UE, en 2004. » (Idem, page 100)
D’ailleurs, Julie Lécuyer paraît pouvoir à peine en croire ses propres yeux :
« Les importations de l’Allemagne dépassent le total combiné non pas des quatre prochains pays comme c’est le cas des exportations, mais bien des sept prochains pays en 2004. Parfois même, selon certaines années calculées, les importations allemandes dépassent jusqu‘à celles totalisées des neufs pays la suivant, comme c’est le cas en 1998 ou encore, avant 1995, les importations allemandes dépassent celles totalisées de tous les autres pays. » (pages 100-101)
Même la petite note paraît rire au nez de tout ce qui n’est pas l’Allemagne :
« Les importations de l’Allemagne en 1998 représentent un total de 34.198.784 $US, tandis que celles de l’Italie, l’Autriche, la France, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Suède, la Belgique, le Danemark et l’Espagne, totalisent 32.970.709 $US. » (Idem, note du bas de la page 101)
Veut-on, là aussi, d’un petit graphique… Voici celui de la page 101, réduit, lui aussi, à ce qui nous est nécessaire, et qui se lit comme le précédent… mais à propos des importations venues des PECO… Le triomphe allemand se signale par la même diagonale flamboyante…

Nous avons vu les gros chiffres… Nous sentons que les contenus vont nous faire tout aussi mal…
Michel J. Cuny
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