IV. 130 – Un élément perturbateur dans le Proche et Moyen-Orient…

IV. 130 – Un élément perturbateur
dans le Proche et Moyen-Orient…

Sans commentaire

Dans les traditions culturelles de l’Antiquité et des ères chrétienne et musulmane, les compositions littéraires ou, plutôt, les compilations, faites à partir de récits narratifs discontinus recueillant les paroles de tel ou tel personnalité de diverses époques, comprennent des épisodes mettant en lumière des personnages plus ou moins réels, plus ou moins fictifs. Et donc, Abram « Père exalté », descendant de Sem, fils de Noé, apparaît dans le Livre de la Genèse (premier livre de la Torah). Devenu Abraham, « père d’une multitude de nations », il apparaît dans la Bible. Sous le nom d’Ibrahim, il est reconnu comme un grand prophète dans le Coran. Abram, Abraham, Ibrahim est considéré comme le père des religions monothéistes (juive, chrétienne et musulmane).

Dans les religions post-Abram-Abraham-Ibrahim, la Palestine est la « Terre promise aux enfants d’Israël » (du point de vue des Juif(ve)s, la « Terre Sainte du christianisme » (du point de vue des chrétiens puisque Jésus-Christ y est né, y a vécu, avant de mourir et, selon la croyance religieuse, de ressusciter à Jérusalem), et la « Terre Sainte de l’Islam » (du point de vue des musulmans).

Durant toutes les périodes marquant la marche de l’humanité, il y a eu brassage des populations plus ou moins nomades, plus ou moins sédentaires, sur les parties habitées du Globe terrestre. Durant l’Antiquité, des populations non israélites et israélites se sont installées dans cette région correspondant à la Palestine. À partir de la naissance de Jésus-Christ, des populations chrétiennes y ont vécu elles aussi. De même, durant ce dernier siècle de notre époque dite moderne, les populations non israélites et israélites habitent dans cette Palestine que les secondes arrachent, lambeau après lambeau, aux premières en en revendiquant la propriété exclusive.

Bien sûr, derrière cela, il y a une lutte de classes. À la fin du XIXème et au début du XXème siècles, de riches Palestiniens, qui désertaient de plus en plus leurs maisons et leurs propriétés en Palestine pour vivre dans les grandes capitales de l’Europe, ont vendu leurs biens fonciers et immobiliers à de riches juifs.

La première guerre mondiale (1914-1918) fut l’occasion d’un re-partage du monde entre les grandes puissances impérialistes : l’Empire ottoman devait en faire les frais.

La déclaration Balfour du 2 novembre 1917, qui prit le nom de son signataire Arthur Balfour, secrétaire du Foreign Office (Affaires Étrangères britanniques) allait préparer la suite… dans le dos du peuple palestinien. Cette lettre ouverte, il l’adressait à son « Cher Lord », Lionel Walter Rothschild, banquier et homme politique, qui était à la fois le financier du mouvement sioniste et l’une des têtes conspirantes de la communauté juive vivant en Grande-Bretagne. Voici ce que disait la lettre :

« Le Gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissment en Palestine d’un Foyer national pour les Juifs et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte soit aux droits civiques et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, soit aux droits et aux statuts politiques dont les Juifs disposent dans tout autre pays. » Sept jours plus tard, le 9 novembre, la lettre est publiée dans le Times sous le titre « Palestine for the Jews. Official Sympathy » (« Palestine pour les Juifs. Sympathie officielle ».)

Le général anglais, Edmund Allenby, avait été affecté, de 1882 à 1925, à des expéditions colonisatrices dans différents pays d’Afrique, notamment en Afrique du Sud (seconde Guerre des Boers 1899-1900) ; il devait achever sa carrière militaire dans le Moyen-Orient.

Le 11 décembre 1917, soit un mois après la publication de la déclaration Balfour, les troupes britanniques, menées par Edmund Allenby, allaient livrer la bataille pour Jérusalem contre les forces ottomanes, et entrer dans la ville sainte. Cela heurta le représentant français, François-Georges Picot, qui veillait sur le Levant comme chasse gardée de la France.

En 1918, l’armée anglaise occupa toute la Palestine : c’en fut fini de la domination de l’Empire ottoman sur cette région. Les événements s’enchaînèrent : conférence de San Remo (25 avril 1920), traité de Sèvres (10 août), conférence du Caire (12-30 mars 1921)… En 1920, la SDN (Société des Nations), prédécesseuse de l’actuelle ONU (Organisation des Nations Unies), avait proposé de placer la Palestine sous mandat britannique provisoire… trois ans plus tard, le 29 septembre, le provisoire était devenu du définitif.

En 1931, il fut question de faire voter à la Société des Nations une résolution en vue de la création d’un État juif en Palestine. En 1935, les partis politiques arabes, qui voyaient de plus en plus la Palestine, sous mandat britannique, échapper aux populations arabo-musulmanes, demandèrent aux autorités de tutelle de stopper l’immigration juive dans le pays, d’interdire la poursuite de la vente des biens fonciers aux sionistes, de permettre aux Palestiniens d’avoir une administration autonome. En 1936-39, une révolte arabe d’importance, qui éclata en Palestine contre l’occupation britannique et la colonisation sioniste, se termina par une répression féroce qui décima les rangs des personnalités politiques palestiniennes et par de nombreux massacres dans le peuple de Palestine. Les sionistes transformèrent leurs milices en une armée prête à tout. En 1937, selon le Plan Peel, établi sous la direction du Lord William Peel, la partition du pays devait déboucher sur la création d’un petit État juif usurpant environ 30 % de la Palestine. Le Plan fut rejeté par les Arabes (seul le roi Abdallah l’avait accepté puisque la partie arabe incluait la Transjordanie sur laquelle il régnait) ; il divisait le camp des sionistes dont certains trouvaient l’État trop petit, alors que cet État devait bénéficier d’une longueur de côte méditerranéenne considérable. Un corridor, partant de Jérusalem (est de la Palestine) à Jaffa (côte ouest) devait être sous le contrôle britannique. Finalement, le gouvernement britannique abandonnera lui aussi le Plan.

En 1939, les textes du Libre Blanc britannique prévoyaient plusieurs mesures : l’attribution de l’indépendance à la Palestine, dès 1947 ; la soumission de l’immigration des Juif(ve)s vers la Palestine à l’accord des Palestiniens eux-mêmes ; la régulation et la limitation des acquisitions de terres palestiniennes par les sionistes.

En 1942, durant la seconde guerre mondiale, dans le Programme de Biltmore adopté à New York, les sionistes revendiquèrent la Palestine mandataire pour y établir un État juif.

Le 26 juin 1945, la Charte des Nations Unies était signée ; elle entrerait en vigueur dès la création de l’ONU (Organisation des Nations Unies), le 24 octobre 1945.

La fin de la seconde guerre mondiale fut suivie d’une importante immigration juive illégale en Palestine, contraire aux dispositions du Livre Blanc, et combattue par l’Angleterre elle-même. David Ben Gourion, qui détenait le portefeuille de la Défense à l’exécutif de l’Agence juive, entra en opposition au Livre Blanc et aux mandataires britanniques ; il prit des mesures contraires : il défia le blocus, appela les Juif(ve)s à venir peupler les colonies israéliennes, bafoua l’autorité britannique. La Palestine vécut, en 1946, une époque d’affrontements violents.

Plan de partition de la Palestine – 1947

En 1947, les Britanniques étant déchirés entre les communautés juive et arabe, entre les colons de fraîche date et les habitant(e)s séculaires, s’en remirent à l’ONU : la résolution 181, qui prévoyait un plan de partage de la Palestine en deux États, palestinien et juif, fut mise au vote.

« L’Assemblée générale, »
« Prend acte de la déclaration de la Puissance mandataire [britannique], par laquelle celle-ci fait connaître qu’elle se propose d’achever l’évacuation de la Palestine pour le 1er août 1948. »

[ONU, XVII Résolution adoptée sur le rapport de la commission ad hoc chargée de la question palestinienne – 181 (II). Gouvernement futur de la Palestine. Page 131. Note FP : La précision entre crochets est de mon fait.] http://www.un.org/fr/documents/view_doc.asp?symbol=A/RES/181(II)

« Plan de partage avec union économique » « A. Fin du mandat, partage et indépendance »
[Idem, page 132.]

Tout cela, bien sûr, sans la moindre consultation du principal intéressé : le peuple palestinien, et, par extension, des principaux concernés par la paix et la sécurité dans la région du Proche et Moyen-Orient : les pays arabes.

« 1. Le Mandat pour la Palestine prendra fin aussitôt que possible, et en tous cas le 1er août 1948 au plus tard.
2. Les forces armées de la Puissance mandataire évacueront progressivement la Palestine ; cette évacuation devra être achevée aussitôt que possible, et en tous cas le 1er août 1948 au plus tard. »
[Idem, pages 132-133.]

Or…
« La puissance mandataire fera tout ce qui est en son pouvoir pour assurer, à une date aussi rapprochée que possible, et en tous cas le 1er février 1948 au plus tard, l’évacuation d’une zone située sur le territoire de l’État juif et possédant un port maritime et un arrière-pays suffisants pour donner les facilités nécessaires en vue d’une immigration importante. »

Mais pourquoi donc… « l’évacuation d’une zone située sur le territoire de l’État juif » « le 1er février 1948 au plus tard », alors qu’il était question, pour le reste de la Palestine, d’une « évacuation » « le 1er août 1948 au plus tard » ?

« 3. Les États indépendants arabe et juif ainsi que le Régime international particulier prévu pour la Ville de Jérusalem dans la troisième partie de ce plan, commenceront d’exister en Palestine deux mois après que l’évacuation des forces armées de la Puissance mandataire aura été achevée et, en tous cas, le 1er octobre 1948 au plus tard. Les frontières de l’État arabe, de l’État juif et de la Ville de Jérusalem seront les frontières indiquées aux deuxième et troisième parties ci-dessous. »
[Idem, page 133.]

Le plan de partage fut adopté à l’ONU, le 29 novembre 1947, par 33 voix pour, 13 contre et 10 abstentions. Les 11 pays arabes avaient voté contre. Le partage de la Palestine était ainsi entériné : 55 % reviendraient à l’État juif, 44 % étaient laissés à l’État arabe, la Palestine, encore sous mandat britannique, et une zone, comportant Jérusalem et Bethléem, serait placée sous contrôle international. Évidemment, une telle iniquité pouvait convenir parfaitement aux colons sionistes mais pas aux Palestiniens qui vivaient là depuis des siècles.

Pour plus de précisions sur le sujet :
Cf. https://unefrancearefaire.com/2016/05/01/le-sionisme-mais-quest-ce-donc/

Suite : IV. 131 – La démocratie d’Israël : occupation, colonisation, apartheid

Françoise Petitdemange
5 mai 2018


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