8 – « Où sont les documents bancaires ?
Où sont les virements ?
Où sont les folios ? »
(suite)
Gilles Bouleau recevait l’ancien président de la république,
le 22 mars 2018, au 20 heures, sur TF1
https://www.tf1.fr/tf1/jt-20h/videos/20-heures-22-mars-2018.html
« Où sont les documents bancaires ?
Où sont les virements ?
Où sont les folios ? »
Nicolas Sarkozy :
« Permettez-moi de vous dire que, pour qu’il y ait des preuves con., des indices concordants, faudrait-il qu’ils disent tous la même chose. Où sont les documents bancaires ? Où sont les virements ? Où sont les folios ? »
[Nicolas Sarkozy sait très bien que ce type de transactions – comme celle d’un financement d’une campagne présidentielle par un État étranger – se fait sans laisser beaucoup de traces, et surtout pas des traces bancaires. D’ailleurs, le journaliste, Gilles Bouleau, le reprend…]
Journaliste :
« Ce n’est pas des virements, c’est du. Ce serait, le cas échéant, du liquide, pas des virements. (N. Sarkozy : Absolument pas !) Les commissions ne se passent jamais sous forme de virements. »
N. Sarkozy :
« Absolument pas, ab. »
[Lorsque, en 2012, il avait été question, dans les médias, d’un possible financement de sa campagne présidentielle de 2007 avec l’argent libyen, Nicolas Sarkozy s’était offusqué à Télé Matin : « Vous croyez vraiment qu’avec ce que j’ai fait à monsieur Kadhafi, il m’a fait un virement ? Pourquoi pas un chèque endossé ? »
Nicolas Sarkozy inversait la chronologie des événements…
Il disait… « ce que j’ai fait à monsieur Kadhafi ». C’est-à-dire ? Il l’a fait mourir le 20 octobre 2011.
Et donc, selon Nicolas Sarkozy, Muammar Gaddhafi, après sept mois et demi de bombardements de son pays, du 19 mars au 31 octobre 2011, ne pouvait guère vouloir financer la campagne de… 2007 ?
Autrement dit, l’ex-président Nicolas Sarkozy se moque du monde et utilise n’importe quel stratagème pour se tirer d’affaire.
Cf. Texte 37 – Combien ?
https://unefrancearefaire.com/2016/02/14/37-combien/
En mars 2018, face à Gilles Bouleau, Nicolas Sarkozy croit pouvoir encore réfuter le financement de sa campagne par l’État libyen en demandant ces preuves bancaires qu’il sait ne devoir exister : « Où sont les documents bancaires ? Où sont les virements ? Où sont les folios ? »]
Après ce tour de force… N. Sarkozy se permet de faire la leçon au journaliste :
« D’abord, les commissions, il n’y a pas de marché. Comment voulez-vous qu’il y ait une commission ? Soyez précis, monsieur Bouleau. »
[Selon Nicolas Sarkozy, il n’a pu y avoir de transfert de liquide pour la campagne présidentielle de 2007 parce qu’il n’y a de transfert de liquide que lorsqu’il y a des commissions et qu’il n’y a des commissions que lorsqu’il y a des marchés.
Dans une campagne électorale, il n’y a pas de contrats. Il ne peut donc y avoir directement de « marchés » et, donc, de « commissions ». À l’inverse, les marchés et, notamment, les marchés publics génèrent des commissions ou, plutôt, des rétrocommissions qui, après la conclusion de ces marchés, donnent lieu à des versements d’argent occultes aux vendeurs par des intermédiaires et peuvent participer à un financement de campagne électorale…
Tout cela rappelle “l’affaire de Karachi” (Pakistan) et le financement de la campagne présidentielle d’Édouard Balladur de 1995, que Nicolas Sarkozy et Charles Pasqua avait soutenue, et dans laquelle des amis de Nicolas Sarkozy avaient été sérieusement impliqués dont Nicolas Bazire. Ce dernier, qui était depuis deux ans (1993), l’ami et le conseiller de Nicolas Sarkozy, serait fidèle en amitié puisqu’il sera témoin du mariage de Nicolas Sarkozy avec Carla Bruni, le 2 février 2008.
Pour formuler une hypothèse… L’État libyen a pu financer la campagne de 2007 contre la promesse d’une invitation de Muammar Gaddhafi et de la délégation libyenne en France. D’où la mise en examen de Nicolas Sarkozy pour « corruption passive ».]
« Si, il y avait des marchés français,
des promesses de marchés français. »
Journaliste :
« Si, il y avait des marchés français, des promesses de marchés français. »
[De nombreux contrats étaient en jeu pour la Libye mais aussi pour toute l’Afrique qui devait créer une armée commune à tout le continent…
https://unefrancearefaire.com/2016/02/17/muammar-gaddhafi-je-lui-ai-donne-largent-avant-quil-ne-devienne-president/
« 25 juillet 2007, Tripoli. » « Les contrats sur l’armement ? Henri Guaino a la réponse : « Quand vous faites des contrats de ventes d’armes, vous imaginez bien que le gouvernement peut effectivement les utiliser d’une autre manière que pour préserver l’indépendance, l’indépendance nationale. Bon ! Voilà. Mais faut-il donc ne plus vendre d’armes à quiconque ? »
Il paraît, par ailleurs, tout étonné du résultat d’une diplomatie française à coups de phrases intempestives : « On aurait vendu beaucoup de Rafale, hein, si toutes les promesses et tous les précontrats signés, tous les engagements signés avaient été tenus, hein. »
Nicolas Sarkozy, après son élection présidentielle, n’avait plus d’yeux que pour Muammar Gaddhafi. Les contrats, signés par Bernard Kouchner, en Libye, en juillet 2007, étaient pleins de promesses. Jusqu’au moment où une partie de l’équipe gouvernementale française s’est retournée contre la venue à Paris, le 10 décembre 2007, de Muammar Gaddhafi et de la délégation libyenne. Ce qui a eu pour conséquence une réduction à leur plus simple expression des contrats signés à Paris.
Le mot de Ziad Takieddine (intermédiaire en armements) rend bien compte du revirement de comportement diplomatique de la France à l’égard de la Libye : « Les affaires ne peuvent pas se faire sans qu’il y ait une politique extérieure cohérente et rassurante. C’est ça quand je vous dis : « des amateurs ! ».]
N. Sarkozy :
« Non. Il y a eu. (Journaliste : Des centrales nucléaires en Libye, par exemple.) Absolument pas. (Journaliste : Si !)
Non ! Ce projet n’a jamais été avancé. Il n’y a jamais eu de discussion. Donc, il ne peut pas y avoir de commissions puisque il n’y avait pas de marchés. »
[À partir de ce que dit le journaliste, Nicolas Sarkozy, qui nie avoir reçu de l’argent pour sa campagne présidentielle sous le prétexte qu’il n’y avait pas de « marchés », s’est piégé lui-même : il est obligé maintenant de nier l’existence de « marchés ».
Or, Henri Guaino a parlé de « contrats de ventes d’armes », et déploré le gâchis : « On aurait vendu beaucoup de Rafale »…]
« Ces gens-là qui sont des assassins,
des criminels,
des délinquants, ne produisent aucune preuve. »
N. Sarkozy :
« Ces gens-là qui sont des assassins, des criminels, des délinquants, ne produisent aucune preuve. »
[Se sentant en difficulté face au journaliste, Nicolas Sarkozy revient à ses insultes à l’égard de ses amis qui sont devenus ses pires ennemis et qui, décidément, ont dorénavant tous les défauts.
La trêve des mots-chocs n’a été que de courte durée… “Chassez le naturel, il revient au galop.”]
Suite : 9 – « Un fou », « un illuminé »… Qui ça ?
Françoise Petitdemange
4 avril 2018