7 – « Le nombre de micros
qui s’ouvrent à lui est invraisemblable :
vraiment, on donne la parole à n’importe qui »
(suite)
Gilles Bouleau recevait l’ancien président de la république,
le 22 mars 2018, au 20 heures, sur TF1
https://www.tf1.fr/tf1/jt-20h/videos/20-heures-22-mars-2018.html
[Nicolas Sarkozy, qui a suffisamment à faire avec les siennes, après avoir éludé les affaires qui concernent Claude Guéant, Brice Hortefeux, préfère s’en prendre à Ziad Takieddine…]
« dans cette bande de mafieux qui me calomnient »,
« Takieddine est un intermédiaire sulfureux »
N. Sarkozy :
« J’y viendrai. Mais avant, permettez-moi de vous dire que, dans cette bande de mafieux qui me calomnient – et, décidément, monsieur Pleynel n’a pas que des amis fréquentables – puisqu’après Tariq Ramadan, le voilà mis avec la bande Kadhafi, il y a le dénommé Takieddine. Takieddine est un intermédiaire sulfureux qui a fait de la prison, qui a été condamné pour blanchiment et qui a pillé l’État libyen par du liquide ou par des sociétés off-shore sur lequel il recevait des transferts. »
[Ce qu’a fait monsieur Takieddine avec l’argent libyen regarde l’État libyen et pas l’État français, encore moins monsieur Sarkozy-Bismuth…]
Journaliste :
« Et que vous avez connu dans les années 2005. »
N. Sarkozy :
« C’est absolument faux. (Journaliste : Vous n’avez jamais rencontré monsieur Takieddine avant 2004-2005 ?) J’ai rencontré monsieur Takieddine à deux reprises : une fois en 2002, il m’était amené par Philippe Seguin ; une fois en 2003, il servait de traducteur à un prince saoudien. Entre 2004 et aujourd’hui, je ne l’ai jamais reçu, ni revu, ni déjeuné, ni vu. Mais (attendez,) mieux que ça. »
[Se rappeler que Ziad Takieddine faisait partie de l’entourage d’Édouard Balladur.]
Journaliste :
« Il n’est jamais venu à l’Élysée. Il n’est jamais venu (N. Sarkozy : Je vais vous en apporter la preuve.) place Beauvau apporter, comme il le dit, trois valises (N. Sarkozy : non, mais,) de liquide pour une valeur de 5 millions d’euros à vous – l’accusation est gravissime – et à Claude Guéant. Jamais ! C’est un mensonge ? »
« cet individu, qui est un malfaiteur, a menti »
N. Sarkozy :
« Je vais… C’est une ignominie. Ce n’est pas un mensonge. (Journaliste : Donc, cette scène n’a jamais existé.) Monsieur Bouleau, permettez-moi d’en apporter la preuve. J’ai. J’apporterai la preuve que, au moins à quatre reprises, cet individu, qui est un malfaiteur, a menti.
La première, sur PV de police, ce sinistre Takieddine dit : Le 4 mars, il rencontre le fils Kadhafi. Il ne peut pas se tromper sur la date parce que, le 5, monsieur Takieddine sera arrêté au Bourget avec de l’argent liquide que lui avait remis Seif Kadhafi pour lui ! pas pour qui que ce soit d’autre. »
[Heureusement que Nicolas Sarkozy précise… Mais d’où sait-il cette histoire où une somme en liquide passe d’une main à une autre ? Et pourquoi éprouve-t-il le besoin d’en parler ? Cette histoire, le concernerait-elle ? Est-ce pour masquer sa propre implication ?]
« il dit, ce sinistre individu »
« Deuxième mensonge, il dit, ce sinistre individu, qu’il m’aurait croisé au ministère de l’Intérieur. »
« Mais il n’a pas de chance, cet escroc »
« Mais il n’a pas de chance, cet escroc. »
« et, comme c’est un homme déséquilibré,
et qui parle tellement »
« Troisièmement. Il dit qu’il a rencontré mon directeur de cabinet et, comme c’est un homme qui est déséquilibré, et qui parle tellement – il faut dire que le nombre de micros qui s’ouvrent à lui est invraisemblable : vraiment, on donne la parole à n’importe qui – il dit qu’il a rencontré mon directeur de cabinet. »
« La somme de 5 millions d’euros a bien été versée
pour la campagne de Nicolas Sarkozy en 2006-2007. »
Le Journaliste, Gilles Bouleau, disposant tout de même de quelques éléments :
« Mais, mais les propos de monsieur Takieddine sont confirmés par d’autres sources. Vous parliez de monsieur Senoussi : Senoussi qui est donc le chef des Services de renseignement libyens. Devant la Cour Pénale Internationale, en 2012, il dit la chose suivante : “La somme de 5 millions d’euros a bien été versée pour la campagne de Nicolas Sarkozy en 2006-2007. J’ai personnellement supervisé le transfert de cette somme, je confirme qu’elle a bien été réceptionnée par Nicolas Sarkozy.” Lui aussi ment ?… »
« Vous avez ici un ancien chef d’État qui n’a jamais été condamné
et vous parlez d’un homme qui a assassiné 170 personnes dans l’UTA. »
Se sentant en difficulté N. Sarkozy contre-attaque :
« Non. Mais… Mais… Vous parlez de de, vous parlez d’un homme qui a assassiné (Journaliste : Tout à fait. Mais devant la Cour Pénale Internationale.). Non, pardon. Pardon monsieur. Pardon. Vous avez ici un ancien chef d’État qui n’a jamais été condamné et vous parlez d’un homme qui a assassiné 170 personnes dans l’UTA. Pardon. J’entends bien. »
[Le voici attribuant de nouveau, au Libyen Abdallah Senoussi, l’attentat perpétré contre l’avion d’UTA – dont il a déjà parlé –, alors que les responsables n’ont jamais été démasqués.]
Journaliste :
« Mais je vais y venir. Cela veut-il dire que tous ces personnages (N. Sarkozy : Non, non.) troubles mentent tous ? (N. Sarkozy : Non, non.) C’est ça le sens de la question. »
N. Sarkozy :
« Mais. Il est le beau-frère de Kadhafi. L’autre est le fils de Kadhafi. Le troisième est le cousin de Kadhafi. Quant à Takieddine, il a été biberonné – si vous me permettez l’expression – à l’argent de Kadhafi. Mais Takieddine a encore menti. Car il disait : “Ah ! Moi, il suffisait que je dépose mon nom et je rentrais au ministère de l’Intérieur à l’époque de Sarkozy.” C’est faux ! Quand on rentre au ministère de l’Intérieur, on doit dire avec qui on a rendez-vous.
Mes agendas ont été saisis par la justice au moment de l’affaire Bettencourt. On n’a jamais retrouvé la moindre trace d’un rendez-vous entre monsieur Takieddine et moi, ni en 2005, ni en 2006, ni en 2007, ni dans toutes les années qui suivent. »
[Une fois encore, Nicolas Sarkozy élude la question et s’en prend directement aux personnes : le seul fait d’être « le beau-frère », « le fils », « le cousin » « de Kadhafi », suffit à les déconsidérer… Et, donc, peu importent leurs paroles et leurs actes.
Mais ce monsieur Sarkozy est un grand comique : des rendez-vous pour donner et recevoir de l’argent sous le manteau ne s’inscrivent pas sur un agenda, qui plus est, sur un agenda de ministre de l’Intérieur en fonction ! Il ne peut ignorer cela, lui qui a toujours été présenté comme un avocat d’affaires… Imagine-t-on pouvoir lire sur son agenda : “Rendez-vous Bismuth-Takieddine pour récupérer valise argent libyen” ?]
« Je suis accusé par des proches d’un dictateur »
N. Sarkozy :
« Donc ! Je suis accusé par des proches d’un dictateur dont nous avons, avec la coalition internationale, sous mandat de l’ONU, détruit le régime de terreur. »
[Nicolas Sarkozy parle beaucoup et il est désormais possible de comprendre tout ce qu’il y a de faux dans ce genre d’affirmations. En général, les grands discours qu’il fait pour se défendre ne valent strictement rien relativement aux faits qu’ils sont censés décrire.
Avant la guerre lancée par monsieur Sarkozy en mars 2011, les Libyens et Libyennes ne quittaient pas leur pays. Depuis cette date, ils-elles vivent réellement dans un « régime de terreur » établi par les amis de Nicolas Sarkozy avec l’appui des bombes de celui-ci.]
Suite : 8 – « Où sont les documents bancaires ? Où sont les virements ? Où sont les folios ? »
Françoise Petitdemange
3 avril 2018
Une réflexion sur “7 – « Le nombre de micros qui s’ouvrent à lui est invraisemblable : vraiment, on donne la parole à n’importe qui »”