IV. 91 – Sotchi (Russie), 22 novembre 2017,
“Déclaration conjointe des Présidents
de l’Iran, de la Russie et de la Turquie”
Sommet irano-turco-russe à Sotchi (Russie),
le 22 nov 2017
À l’annonce d’un “Congrès du dialogue national inter-syrien”, qui devait réunir des représentants de l’État syrien et de l’opposition, le Président turc, Recep Tayyip Erdoğan, et le Président iranien, Hassan Rohani, avaient apporté leur soutien au Président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine.
Il s’agissait alors de préparer l’après guerre : depuis leur création, les “Pourparlers d’Astana” (Kazahstan), traitent des questions militaires ; le “Congrès du dialogue national inter-syrien” à Sotchi (Russie) s’en tiendrait aux questions politiques.
Les trois Présidents : iranien, russe, turc
Six jours avant les 8èmes négociations de Genève, le 22 novembre 2017, les trois chefs d’États de Russie, d’Iran et de Turquie, Vladimir Poutine, Hassan Rohani, Recep Tayyip Erdoğan, les ministres des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, Mohammad Javad Zarif, Mevlüt Çavuşoğlu, les chefs d’état-major des forces armées, les généraux Valery Gerasimov, Mohammad Baqeri, Hulusi Akar, se réunissaient lors d’un sommet sur la Syrie, toujours à Sotchi, en Russie. À l’issue de ce Sommet, une “Déclaration conjointe des Présidents de l’Iran, de la Russie et de la Turquie” était rédigée, qui faisait un bilan de ce qui avait été prévu, de ce qui était réalisé et de ce qu’il restait à faire…
« Le Président de la République Islamique d’Iran, Hassan Rohani, le Président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, et le Président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdoğan, réunis à Sotchi, le 22 novembre 2017, pour une réunion tripartite, ont réaffirmé leur détermination à poursuivre une collaboration active entre l’Iran, la Russie et la Turquie en vue d’établir la paix et la stabilité en Syrie, prévues par la résolution 2254 de l’UNSCR [United Nations Security Council Resolution (Résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies)].
Les Présidents se sont déclarés satisfaits du niveau actuel de coordination tripartite pour le maintien et le renforcement du régime de cessez-le-feu en Syrie, dont l’Iran, la Russie et la Turquie sont les garants. Les chefs d’État ont noté que, après plusieurs années d’efforts internationaux pour vaincre les groupes terroristes non désignés en Syrie, au cours des onze mois écoulés depuis l’instauration du régime de cessez-le-feu, le 29 décembre 2016, une avancée avait été faite en apportant plus de fermeté à l’élimination de l’ÉIIL, du Front Nusra et de toutes les autres organisations terroristes, ainsi désignées par l’UNSC [United Nations Security Council (Conseil de sécurité des Nations Unies)], et ont convenu que l’Iran, la Russie et la Turquie continueront à coopérer pour leur défaite finale.
Les Présidents ont insisté sur le fait que la création des zones de désescalade en Syrie, établies dans le processus d’Astana, a été très efficace et a grandement contribué à réduire la violence, à alléger les souffrances humaines, à freiner le flux des réfugiés et à mettre en œuvre les conditions d’un retour en toute sécurité des réfugiés et des personnes déplacées à l’intérieur du pays. Les Présidents ont reconnu que le “format Astana” et ses réalisations sont devenus un instrument efficace pour contribuer à la paix et à la stabilité en Syrie.
Les Présidents ont décidé que l’Iran, la Russie et la Turquie poursuivraient leurs efforts coordonnés pour s’assurer que le progrès dans la réduction de la violence soit irréversible. Ils ont convenu d’aider les Syriens à rétablir l’unité du pays et à parvenir à une solution politique de la crise grâce à un processus inclusif, libre, juste et transparent, dirigé par les Syriens et appartenant aux Syriens, conduisant à une Constitution bénéficiant du soutien du peuple syrien et à des élections libres et équitables avec la participation de tous les Syriens éligibles sous contrôle approprié.
Les chefs d’État ont réaffirmé leur fort attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la République Arabe Syrienne et ont insisté sur le fait qu’en aucun cas la création des zones de désescalade susmentionnées et l’initiative politique visant à résoudre la crise syrienne ne compromettent la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de la République Arabe Syrienne. Les Présidents ont exprimé leur soutien à un large dialogue intra-syrien impliquant des représentants de tous les secteurs de la société syrienne.
Les Présidents ont appelé les représentants du Gouvernement de la République Arabe Syrienne et l’opposition, qui sont attachés à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité, à l’intégrité territoriale et opposés à la partition de l’État syrien, à participer de manière constructive au Congrès du dialogue national syrien à Sotchi dans un futur proche. Ils ont convenu de contribuer activement au succès du Congrès. L’Iran, la Russie et la Turquie consulteront et conviendront des participants au Congrès. Les Présidents ont souligné la nécessité d’un accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave et ont insisté sur la nécessité, pour les parties syriennes, de prendre des mesures de confiance, incluant la libération des détenus/otages et la remise des corps, ainsi que l’identification des personnes disparues afin de créer les meilleures conditions possibles pour un processus politique et un cessez-le-feu durable. Ils ont appelé les membres de la communauté internationale à soutenir le processus de désescalade et de stabilisation en Syrie, notamment en envoyant une aide supplémentaire au peuple syrien, en facilitant l’action humanitaire contre les mines, en préservant le patrimoine historique et en restaurant les infrastructures de base, dont les équipements sociaux et économiques.
Les Présidents ont exprimé l’espoir que les progrès réalisés dans la résolution de la crise syrienne grâce à la coopération de l’Iran, de la Russie et de la Turquie auraient un effet positif sur la situation générale dans la région et réduiraient le risque de division ethnique et sectaire. »
Suivent les remerciements…
[President of Russia, Joint statement by Presidents of Iran, Russia and Turkey, (Déclaration conjointe des Présidents de l’Iran, de la Russie et de la Turquie), November 22, 2017 (22 Novembre 2017). Note FP : La traduction de l’anglais au français et les précisions entre crochets sont de mon fait.]
La Syrie, en novembre 2017
L’État syrien, par la voix de son gouvernement, devait apporter son accord à la “Déclaration”, ce même jour, 22 novembre 2017 :
« Eu égard à l’intérêt, dont a fait preuve le gouvernement syrien, censé soutenir toute solution politique qui respecte la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale du pays et qui contribue à l’arrêt de l’effusion de sang du peuple, alors Damas accueille favorablement la déclaration finale du sommet tripartite tenu aujourd’hui, mercredi à Sotchi. » [Al Manar, Sotchi : Damas salue la déclaration finale, 23 novembre 2017.]
Les trois Présidents irano-turco-russe devaient exprimer, dans une lettre adressée au Secrétaire général de l’ONU (Organisation des Nations Unies), António Guterres, et au président du Conseil de sécurité, leur souhait de voir la “Déclaration conjointe des Présidents de l’Iran, de la Russie et de la Turquie”, rédigée à la fin du Sommet de Sotchi et qu’ils venaient de co-signer ce 22 novembre, enregistrée et publiée comme un acte officiel du Conseil de Sécurité. Ce document sur la Syrie a, d’ailleurs, été paraphé par les ambassadeurs permanents auprès de l’ONU : l’Iranien, Mohammad Khazaï, le Russe Vasily Nebenzia, et le Turc Feridun Sinirlioglu.
Suite : IV. 92 – La démocratie et les droits de l’homme, imposé(e)s par le terrorisme et les guerres…
Françoise Petitdemange
10 février 2018