Tout pour la valeur d’échange…

Dans le Journal du Net daté du 16 octobre 2013, Céline Deluzarche posait cette question :
« La médecine personnalisée sauvera-t-elle les labos pharmaceutiques ? »

Pas quelques patients, mais les laboratoires…
C’est la seule question qui puisse nous intéresser.
En tant que nous appartenons à un pays capitaliste, la valeur d’usage de la vie est le cadet de nos soucis, bien sûr que nous sommes de tout récupérer du côté de la valeur d’échange : pognon pour les uns, capital pour les autres… Et vogue la galère.

Alors le remède-miracle pour les multinationales du médicament ?…
C’est la même journaliste qui nous le présente :
« Il s’agit de médicaments ultraciblés, par exemple agissant sur une mutation ou une anomalie génétique particulière. Ce type de traitement présente l’avantage d’induire moins d’effet secondaires et d’avoir un meilleur taux de réponse au traitement. Le Glivec (Novartis) a par exemple révolutionné le traitement de la leucémie myéloïde chronique : 88% des patients traités sont désormais en vie 6 ans après le diagnostic contre 20% avant l’arrivée de cette molécule. »

La cible doit d’abord être sommée de dire si elle entre effectivement dans le champ de tel ou tel médicament ultraciblé. Par conséquent, nous dit Céline Deluzarche :
« La médecine personnalisée implique d’autre part le développement simultané d’un « test compagnon », un deuxième produit qui permet de déterminer si le médicament sera efficace ou non sur tel ou tel patient. »

Or, notre initiatrice ne perd pas le nord… c’est-à-dire la valeur d’échange, bien sûr :
« Reste le principal : la rentabilité. Car une cible étroite, cela signifie moins de ventes. Pour rentrer dans ses frais, le laboratoire réclame donc des prix élevés. Très élevés. Le traitement d’un patient au Zelboraf, un médicament de Roche contre un certain type de mélanome, coûte par exemple 9 800 euros par mois. Le prix exorbitant du Xalkori, annoncé par Pfizer à 80 000 dollars par patient et par an, a fait tousser les autorités de santé en Grande-Bretagne et en Allemagne, qui ont toutes deux rejeté le remboursement du médicament. Aux États-Unis, les assurances privées sont certes moins regardantes, mais pour les patients non couverts ces médicaments sont tout simplement inabordables. »

Qu’on me permette ce rapide commentaire.
Dans ce nouveau miracle technologique, je vois deux choses :

1. On nous dira maintenant que les anciens médicaments n’étaient guère bons et même dangereux, etc…
2. Quant aux nouveaux, ils seront prescrits en trop petite quantité pour que la preuve de leur fiabilité puisse être faite à partir d’éléments statistiques (les seuls qu’on pouvait utiliser antérieurement, mais les seuls, également, qu’on pourrait utiliser aujourd’hui, n’y en ayant toujours pas d’autres…)

Car, dans le domaine de l’effet des médicaments, la médecine ne sait encore pas grand-chose, en dehors des effets statistiquement établis.

Voilà donc une médecine encore plus risquée que la précédente… Quant à ses effets sur les financements de la protection de la santé, ils risquent d’être dévastateurs : les mutuelles privées les plus puissantes vont être très sérieusement dopées !… Elles seules pourront financer les risques couverts par les nouvelles médications.

Comme on le voit, la question abordée dans cet article ne concerne pas les améliorations thérapeutiques, mais les innovations médicamenteuses tournées vers les acquéreurs potentiels (à travers la souscription de l’assurance maladie adéquate) de véritables Ferraris de la médecine : le traitement à plusieurs milliers d’euros par mois !

C’est beau, la valeur d’échange…

Michel J. Cuny


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