IV. 87 – Les 7èmes Pourparlers d’Astana (Kazakhstan),
(30-31 octobre 2017)
Hôtel Rixos, Astana (Kazakhstan), où ont lieu
les Pourparlers de paix sur la Syrie
Les représentants de l’État syrien, Bachar al-Jaafari, et de l’opposition armée “modérée” devaient discuter des moyens de préserver le cessez-le-feu et de s’orienter vers la fin de la guerre. Les délégations des trois pays, Russie, Iran, alliés de la Syrie, et Turquie, soutien des rebelles opposés au président et au gouvernement syriens, qui s’étaient portés garants du respect des mesures prises lors de la création de « zones de désescalade » en Syrie, étaient présentes, comme aux précédentes réunions d’Astana, à ces 7èmes Pourparlers. Quant aux représentants de l’ONU (Organisation des Nations Unies), des États-Unis et de la Jordanie, ils n’étaient invités, comme à l’accoutumée, qu’en qualité d’observateurs.
7èmes Pourparlers d’Astana (Kazakhstan),
30-31 octobre 2017
Après les 6èmes Pourparlers d’Astana, l’accord de désescalade du conflit n’avait pas été entièrement respecté par l’un des trois États garants – la Turquie – qui s’était empressée d’envoyer ses forces armées avec ses blindés pour soutenir le Front al-Nosra sur le sol syrien. Non seulement, la Turquie ne respectait pas ses engagements mais elle se livrait à un acte d’agression armée, suivi d’une occupation de territoire, au mépris de l’État syrien, souverain.
Lors des 7èmes Pourparlers d’Astana, il fallait prendre, en cette fin de guerre, des mesures de toute urgence. Sur le plan humanitaire, il s’agissait de se pencher sur le sort des prisonniers et des otages, de déterminer les conditions de retour en Syrie des réfugié(e)s, d’effectuer des recherches pour tenter de retrouver les disparu(e)s et de les identifier, et de s’occuper de l’enlèvement et du transfert des dépouilles mortelles afin de leur donner une sépulture. Sur le plan militaire, il était absolument nécessaire de procéder au déminage des zones de combat, de libérer les dernières portions de territoire encore tenues par Daesh et d’étudier les moyens d’éradiquer le terrorisme.
À l’occasion de ces 7èmes Pourparlers de fin octobre au Kazakhstan, l’envoyé spécial du Président russe pour la Syrie, Alexander Lavrentiev devait rappeler la proposition émise par Bachar El Assad : « Le Président syrien a fait le 26 (octobre, ndlr) une déclaration importante. Il a confirmé sa disposition à lancer une réforme constitutionnelle. Ceci prévoit, bien entendu, la préparation d’une nouvelle Constitution et la tenue à la base de celle-ci de nouvelles élections législatives et présidentielles. Et ce, à ce que nous estimons, sous l’égide de l’Onu. » [Sputnik, Assad a fait une déclaration sur la transition politique en Syrie, 30 octobre 2017.]
Bahram Qasemi
Le 30 octobre, l’Iran, par la voix de l’un de ses diplomates, manifestait l’espoir que ces Pourparlers aboutiraient à une « entente nécessaire » entre les deux pays alliés de la Syrie : l’Iran et la Russie, et le pays allié de l’opposition “syrienne” : la Turquie.
Lors de son point de presse hebdomadaire, le porte-parole iranien du ministère des Affaires Étrangères, Bahram Qasemi, devait déclarer : « Les septièmes négociations d’Astana sur la Syrie ont répondu à ce qui était attendu. » [IRNA (The Islamic Republic News Agency), Agence de presse de la République Islamique, L’Iran espère que les nouveaux pourparlers d’Astana déboucheront sur une « compréhension nécessaire », 31 octobre 2017.]
Voici comment Al-Fadaiya TV (Syrie) rapporte l’événement majeur qui a clos les 7èmes Pourparlers d’Astana : « À peine terminée, l’hystérie des médias saoudiens atteignait des sommets, car alors que le Dr Bachar al-Jaafari était encore en pleine conférence de presse, le ministère russe des Affaires étrangères [par la voix de Sergueï Lavrov] invitait, non plus des personnalités de l’opposition, mais 33 organisations et partis politiques syriens, y compris les Kurdes, à participer à un « congrès de dialogue national ». Ceci, avant la tenue de la prochaine réunion à Genève, annoncée pour le 28 novembre par le facilitateur onusien, M. Staffan de Mistura. » [Conférence de presse de Bachar al-Jaafari, 31 octobre 2017, reprise dans La Voix de la Syrie, Syrie : d’Astana 7 à Sotchi 1 avant Genève 8… en attendant Damas1 ?, 3 novembre 2017, transcription et traduction par Mouna Alno-Nakhal. Note de FP : La précision entre crochets est de moi.]
Ce Congrès… « de dialogue national » qui devait se tenir à la mi-novembre, sur la base russe de Hmeimim en Syrie ou, plus sûrement, à Sotchi en Russie, court-circuitait la réunion de Genève où, il faut bien le redire, les États occidentalo-golfiques, et leurs services plus ou moins secrets, jettent de l’huile sur le feu syrien en appuyant, encore et encore, de leurs bombes et de leurs pétrodollars, l’ÉI (État Islamique) et la CNS (Coalition Nationale Syrienne) composée d’arrivistes soutenu(e)s, depuis 2012, par le CCG (Conseil de Coopération du Golfe) – créé en 1981 et constitué par les six pétromonarchies de la Péninsule : Arabie saoudite, Qatar, Bahreïn, Koweït, Oman, Émirats Arabes Unis) qui se retrouvent deux fois par an – et qui guignent des places tant convoitées dans les instances dirigeantes d’une Syrie que certain(e)s ont désertée depuis des décennies.
Le peuple syrien, à Genève ? “Peanuts ”!
Suite : IV. 88 – À propos du “Congrès du dialogue national” inter-syrien, à Sotchi (Russie), prévu pour le 18 novembre 2017
Françoise Petitdemange
2 février 2018