(NB. – Ce texte a été écrit et publié en 2012, au moment de la sortie du Guide que MM. Even et Debré ont consacré à l’appréciation des différents médicaments…)
Eau froide (glacée et glaçante) chez MM. Even et Debré (page 24) :
« Le guide consacre ainsi une étude approfondie à l’industrie pharmaceutique française. Une industrie assistée, sans lien avec notre recherche académique, qui vit en vase clos et n’a rien inventé depuis trente ans, et se borne à ne fabriquer à prix d’or que des copies de molécules étrangères et des médicaments bien français, sans la moindre efficacité (classe E5) ou de peu d’efficacité (classe E4), vivant ainsi aux dépens de la nation, soutenue artificiellement par les finances publiques, prétendument pour préserver l’emploi, mais si médiocre, que sa disparition complète n’affecterait en rien la santé des Français. »
Français (et Françaises) qui voient ainsi défiler devant eux ces firmes qui vont périr sous le coup de faux de MM. Even et Debré…
Mais voici venir la partie chaude (très douce, façon caresse) d’une douche que nous commençons à bien connaître (page 24, encore). Au milieu de cette industrie pharmaceutique, française mais calamiteuse d’aujourd’hui, il se pourrait, en effet, qu’il n’y ait pas, demain, que des cadavres :
« Son redressement sera très difficile et laissera quelques victimes sur le carreau, même si un certain frémissement apparaît grâce à l’action énergique de C. Viehbacher chez Sanofi. »
Ah, ce que c’est tout de même qu’un Prince Charmant!…
…qui va vous chasser comme manants toutes celles et ceux qui sont décidément trop vieillots pour atteindre le type de productivité désormais nécessaire en fait de recherche & développement.
Et, si l’on veut vraiment que la grande histoire d’amour entre l’industrie pharmaceutique française et monsieur Viehbacher puisse devenir un feuilleton partout adoré en France (mais ailleurs aussi, puisque Sanofi, mais c’est le monde!), il va y avoir d’assez larges dégâts collatéraux, nous préviennent MM. Even et Debré (page 27) :
« Pourquoi maintenir en survie artificielle par des AMM [autorisations de mise sur le marché], des prix et des remboursements injustifiés, une grande part des firmes hexagonales qui ont failli, au lieu de concentrer tous les moyens financiers disponibles sur quelques-unes qui souhaiteraient relever le challenge d’une vraie rénovation […]. »« Quelques-unes« , mais surtout quelqu’une, qui, quoique un peu enkylosée elle aussi, a tout de même de très larges épaules ; or, il va falloir être costaud (page 133) :
« Le redressement de notre industrie pharmaceutique et de notre recherche biologique ne sera possible qu’en y mettant le paquet. Ce n’est pas d’1 milliard d’euros fictif qu’il s’agit, mais du double, sonnant et trébuchant et tous les ans pendant cinq ans.
Et à condition de trouver les hommes comme Sanofi est parvenu à le faire, avec Chris Viehbacher, mais ce ne sont pas les gérontes nonagénaires de Servier ou Fabre, ni semble-t-il leur entourage immédiat, qui pourront réussir un tel redressement. »
D’où la nécessité d’un fort coup de balai dans les vieilles feuilles presque mortes!…
Michel J. Cuny