IV. 70 – Président Bachar Al Assad : un homme responsable

IV. 70 – Président Bachar Al Assad :
un homme responsable

4ème partie

Dans le cadre de la fin de l’entretien accordé à un journaliste de l’AFP, le 13 avril 2017, le président Bachar Al Assad devait évoquer, après la présumée attaque chimique menée, le 4 avril, à Khan Cheikhoun, attribuée sans preuve à l’armée syrienne et les frappes aériennes états-uniennes effectuées contre la base militaire de Al-Sharayt… le 7, en signe de représailles, son souci de libérer la Syrie du mensonge occidental et la nécessité de la libérer de l’emprise militaire étrangère afin de permettre à la population syrienne de revenir dans ses villages et ses villes. [SANA, L’Agence Arabe Syrienne d’Informations, Le président al-Assad : « Nous ne possédons pas d’armes chimiques et nous avons renoncé à tout notre arsenal », 14 avril 2017. Note de l’Auteuse : Quelques termes modifiés ou ajoutés sont en écriture romaine (non italique) ; la ponctuation n’a guère été changée ; les indications entre crochets sont de mon fait. La vidéo s’arrêtant après la 18ème question, plutôt que de choisir des images hors contexte, les images de 19 à 25 sont reprises à partir des débuts de la vidéo, sans le texte en arabe (qui ne correspond pas à la suite de l’entretien), accompagnées cependant d’une légende munie d’un astérisque (*) (parce qu’elle ne correspond pas à l’image).]

Toute guerre entraîne différents mouvements dans la population : ainsi, des familles fuient, sous les bombes, leurs lieux d’habitation. Certaines se déplacent d’une ville ou d’une région à une autre ; d’autres émigrent dans un pays voisin ou, pour les plus fortunées, dans un pays plus lointain. L’armée, qui défend son pays contre des groupes d’opposition du pays ou de l’étranger armés par les puissances impérialistes, se doit de préserver la vie de la population : si celle-ci veut demeurer sur place, l’armée du pays est accusée d’utiliser les habitant(e)s comme « boucliers humains », si elle décide de quitter ses lieux de résidence, l’armée est accusée de la déplacer… À croire que les accusateurs(rices) n’ont jamais, ou vécu la guerre, ou réfléchi à ce qu’est une guerre du point de vue… ne serait-ce que pratique, au quotidien, lorsque les bombes tombent, lorsque les denrées de première nécessité menacent de manquer pour des heures, des jours, des semaines, voire plus !… Lorsque la guerre est déclenchée, y a-t-il de nombreuses solutions en dehors de ces trois-là : ou combattre aux côtés de l’armée de son pays (ou avec les groupes qui s’opposent au pays et qui sont armés par l’étranger), ou se laisser tuer sur place, ou partir temporairement ou définitivement.

Le journaliste pose la 20ème question :
« Vous avez envoyé la plupart des rebelles à Idleb. Entendez-vous les attaquer la prochaine fois ? »

« Nous attaquerons les groupes armés
n’importe où en Syrie, à Idleb, ou partout ailleurs… » *

Dans sa réponse, le Président Bachar Al Assad montre sa détermination, celle de l’armée et celle du gouvernement :
« Nous attaquerons les groupes armés n’importe où en Syrie, à Idleb, ou partout ailleurs. Quant à l’heure et à la priorité, c’est une question militaire qui se discute au niveau militaire. »

Bien évidemment, ce qui est en question, ici, c’est l’indépendance du pays et la souveraineté du peuple syrien. Cela est loin des petites pensées mesquines des dirigeants occidentaux qui ne jugent les autres qu’à l’aune de leur propre perversité politique et qui, après avoir imaginé puis clamé partout que Muammar Gaddhafi voulait garder le pouvoir (qu’il n’avait pas), imaginent et clament que Bachar Al Assad veut rester président. Comme s’il n’était pas élu et comme s’il s’agissait de cela !
Quel est l’État dans le monde qui pourrait accepter que des groupes d’opposition politico-économique l’attaquent, à main armée, jusqu’à provoquer une guerre appuyée par des puissances extérieures ? Derrière cette détermination dont ont fait preuve le président, le gouvernement et l’armée depuis six ans, il y a nécessairement celle de la population.

La 21ème question est tout aussi pertinente que les autres car elle montre, une fois de plus, que les États-Unis, qui – contrairement à la légende empreinte de propagande – ne supportent guère les minorités ethniques chez eux, s’emploient à utiliser les minorités ethniques, religieuses, politiques… des autres États pour déstabiliser ceux-ci.
« Vous avez dit auparavant que Raqqa était pour votre gouvernement une priorité. Cependant, les forces qui avancent vers la ville se constituent dans leur majorité de Kurdes appuyés par les États-Unis. Ne craignez-vous pas qu’on vous écarte de la libération de Raqqa ? »

« Cela ne veut pas dire cependant qu’il faut
la libérer des terroristes pour qu’elle soit occupée
par les forces américaines, par exemple… » *

Le Président Bachar Al Assad, et pas que lui, sait ce qu’il faut penser de la “libération” d’une ville, à plus forte raison de la “libération”, par les États-Unis, de pays qu’ils ont précipités dans une guerre (Libye, Syrie) ou dans des guerres à répétition (Irak, Afghanistan)…
« Non, car nous soutenons quiconque veut libérer n’importe quelle ville des terroristes. Cela ne veut pas dire cependant qu’il faut la libérer des terroristes pour qu’elle soit occupée par les forces américaines, par exemple, ou par un autre agent, ou un autre terroriste. Il n’est donc pas [évident de savoir] qui va libérer Raqqa : des forces syriennes qui la remettront ensuite à l’armée syrienne ? Est-ce que ce sera en collaboration avec l’armée syrienne ? Ce n’est pas encore clair. C’est ce que nous entendons depuis un an environ, ou un peu moins, mais rien ne s’est produit sur le terrain. Tout reste donc virtuel, car rien n’est tangible sur le terrain. »

L’histoire apprend que les États-Unis ont toujours été plus forts dans les airs – avec des avions lourds bombardant de jour et à haute altitude sans souci de frapper des cibles avec précision et efficacité et donc sans souci des populations civiles et des dégâts causés dans les infrastructures du pays – que sur le terrain. (Dans les airs… vers la fin de la deuxième guerre mondiale, de 1944 à 1945, la France a servi de zone d’entraînement pour des équipages anglo-saxons pas très aguerris : de nombreuses villes portuaires ont été littéralement rasées (à plus de 80 %) telles celles de la côte atlantique comme Le Havre, Saint-Malo, Brest, Saint-Nazaire, Lorient, Saint-Lô, Royan, etc. ; le centre ville de Nantes a été bombardé et complètement détruit sans que les objectifs militaires aient été touchés ; de grandes villes comme Lyon, Marseille, Nice, d’autres moins grandes comme Caen, Montluçon, Chambéry, Saint-Étienne n’ont pas été épargnées. Les infrastructures tel(le)s les routes et les ponts, les maisons d’habitation ont été bombardé(e)s sans discernement aucun ; les victimes civiles ont été nombreuses et une partie de la population, notamment les résistant(e)s qui luttaient contre les nazis sur le terrain, n’ont pas gardé un bon souvenir de ces prétendus sauveurs ! Il faut dire aussi que Charles de Gaulle n’a cessé de se fâcher avec les Anglo-Saxons tout en les laissant faire… Sur le terrain, en Libye en 2011, les États-Unis avaient des mouchards qui, dès avant la guerre, se dissimulaient derrière des titres ronflants d’ambassadeur ou de conseiller et, lorsqu’ils ont envoyé les forces spéciales, ce sont leurs mercenaires qui prenaient tous les risques). Voilà une parenthèse bien longue mais l’histoire, qu’elle soit déjà lointaine ou qu’elle soit plus proche, ne doit pas être oubliée…

La réponse à la 22ème question,
« Les États-Unis et la Russie sont les parrains du processus de Genève. Étant donné la tension existant entre les deux pays, pensez-vous que ce processus se poursuivra ? »,

« …ils [les États-Unis] cherchent à obtenir
à travers cette tribune
ce qu’ils n’ont pas pu réaliser sur le champ de bataille. » *

montre un Président Bachar Al Assad toujours très vigilant :
« Il y a une grande différence entre le fait que le processus soit actif, ce qui pourrait se produire à tout moment, et le fait qu’il soit efficace. Jusqu’à présent, le processus n’est pas efficace. La raison en est que les États-Unis ne sont pas sérieux pour parvenir à une solution politique quelconque. Ils veulent utiliser le processus politique comme un parapluie pour les terroristes, ou ils cherchent à obtenir, à travers cette tribune, ce qu’ils n’ont pas pu réaliser sur le champ de bataille. Raison pour laquelle le processus n’était pas du tout efficace. Nous nous retrouvons maintenant dans la même situation, et nous n’estimons pas que cette administration soit sérieuse sur ce plan, car ils soutiennent les mêmes terroristes. Nous pouvons donc dire : oui, nous pouvons réactiver le processus, mais nous ne pouvons pas dire que nous nous attendons à ce qu’il soit efficace ou fructueux. »

La 23ème question rappelle que cette guerre, cachée derrière la prétendue guerre civile, est une guerre impérialiste et que les puissances cherchent à parvenir à leurs fins (coup d’État politique, changement du type d’économie), en ayant le président, le gouvernement et l’armée de la Syrie… à l’usure.
« Après six ans, Monsieur le Président, n’êtes-vous pas fatigué ? »

« [N]ous défendons notre pays,
et nous ne nous lasserons jamais de le défendre. » *

Le Président Bachar Al Assad fait face, aux côtés de la population, à tous les mensonges, à toutes les attaques verbales et guerrières :
« À vrai dire, la seule chose qui puisse faire pression sur vous, ce n’est ni la conjoncture politique, ni la posture militaire, mais c’est la situation humanitaire en Syrie, l’effusion quotidienne du sang, l’endurance, les souffrances ressenties dans chaque foyer en Syrie. C’est la seule chose pénible et fatigante, si on peut parler de “fatigue”. Mais si vous voulez parler de la guerre, de la politique, des rapports avec l’Occident, non, je ne suis pas du tout fatigué, car nous défendons notre pays, et nous ne nous lasserons jamais de le défendre. »

Chez Bachar Al Assad, il y a le médecin et le président : ces deux personnalités, telles qu’il les vit, font de lui un homme responsable : médecin, il devait répondre de ses décisions et de ses actes devant ses patient(e)s ; président, il répond de ses décisions et de ses actes devant la population de son pays.

La 24ème question paraît indiscrète :
« Qu’est-ce qui vous empêche de dormir ? »

« Encore une fois : la souffrance du peuple syrien
que je constate au contact humain que j’entreprends
avec chaque famille syrienne, directement ou indirectement. » *

Mais la réponse du Président Bachar Al Assad n’est pas loin de celle qu’il aurait donnée s’il était encore un médecin au chevet de ses patient(e)s :
« Encore une fois : la souffrance du peuple syrien que je constate au contact humain que j’entreprends avec chaque famille syrienne, directement ou indirectement. C’est la seule chose qui peut m’empêcher de dormir de temps à autre. Mais ni les déclarations ni les menaces occidentales de soutenir les terroristes. »

Quant à la 25ème et dernière question
« Aujourd’hui, il y a des gens de Foua et de Kafraya qui seront déplacés vers Damas et Alep. Ne craignez-vous pas que cela puisse représenter un déplacement important de la population, et que la Syrie d’après la guerre ne sera plus comme celle qui existait avant la guerre ? »

« Ils rentreront bien sûr chez eux après la libération.
C’est ce qui s’est produit dans plusieurs autres régions
où les gens sont rentrés chez eux… » *

…le Président Bachar Al Assad y répond ainsi :
« Le déplacement qui se fait dans ce contexte est obligatoire. Nous ne l’avons pas choisi, et nous souhaitons que toute personne puisse rester dans son village et sa ville. Mais ces gens-là, comme beaucoup d’autres civils dans les diverses régions, étaient entourés et assiégés par les terroristes. Ils ont été quotidiennement tués. Ils devaient donc les quitter. Ils rentreront bien sûr chez eux après la libération. C’est ce qui s’est produit dans plusieurs autres régions où les gens sont rentrés chez eux. C’est une situation provisoire. Parler de changements démographiques n’est certainement pas dans l’intérêt de la société syrienne si c’est permanent, mais puisque c’est temporaire ça ne nous inquiète pas. »

Pour terminer en image… Le Journaliste et le Président. *

Suite : IV. 71 – Du 17 au 19 avril 2017, de la désescalade du conflit syrien à lescalade dautres guerres…

Françoise Petitdemange
12 juillet 2017


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