IV. 55 – L’éclaircie syrienne qui vient de la Russie et de la Turquie

IV. 55 – L’éclaircie syrienne
qui vient de la Russie et de la Turquie

Le président Vladimir Poutine, entouré de l’armée et de la diplomatie russes, ne cesse d’œuvrer depuis des années pour obtenir la fin du conflit et le maintien de Bachar El Assad – comme il se doit d’un président réélu par l’ensemble de la population de son pays – à la tête de la République Arabe Syrienne. N’en déplaise aux groupes de Syrien(ne)s, vivant depuis plus ou moins longtemps à l’étranger, qui sont, pour une grande part, à l’origine de cette guerre qu’ils ont menée sous la forme d’intrigues dans les salons européens, golfiques, turcs, états-uniens, aiguillonnant, depuis leurs fauteuils, les groupes armés qui prennent tous les risques sur le terrain.

Ces différents groupes, extérieurs et intérieurs, qu’ils soient faits d’idéologues ou de combattants, ont pris les armes contre la République Arabe Syrienne, contre le président élu, contre le gouvernement et, donc, contre la majeure partie de la population. À la fin décembre 2016, la reprise du contrôle de la ville d’Alep par l’État syrien, avec l’appui de ses alliés parmi lesquels le Hezbollah libanais qui est venu sur le sol syrien, dès les débuts de la guerre (2012) et qui a une action majeure dans la ville, est effective : l’opposition armée est en recul partout, malgré le soutien de la coalition occidentalo-golfico-sioniste…

En décembre 2016, un accord de cessez-le-feu a été mis au point par Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie, et Recep Tayyip Erdoğan, président de la Turquie qui, pourtant, soutient l’opposition armée.

De gauche à droite de l’image :
Sergueï Lavrov, Vladimir Poutine, Sergueï Choïgou

Vladimir Poutine, qui sait tous les freins que les États-Unis et l’Europe opposent aux projets qui ne viennent pas d’eux(d’elle), les a laissés hors champ. Après des échanges de vues entre la Russie et la Turquie, il déclare :
« L’accord que nous avons trouvé est bien sûr fragile et nous devons être très vigilants dans son application. Mais nous avons très bien travaillé. » [Francetvinfo, Syrie : Poutine veut la paix. Ce jeudi 29 décembre à minuit, un cessez-le-feu voulu par Vladimir Poutine entrera en vigueur entre les rebelles armés syriens et le régime de Bachar el-Assad, 29 décembre 2016.]

Recep Tayyip Erdoğan

Recep Tayyip Erdoğan insiste sur la mise à exécution de l’accord proposé :
« Nous ne devons pas laisser passer une chance pareille. C’est un moment historique, une opportunité qu’il ne faut pas gâcher. » [Idem.]

Le 29 décembre 2016, le représentant permanent de la Fédération de Russie, M. Vitaly Churkin, et le chargé d’affaires par intérim de la mission permanente de la Turquie, M. Güven Begeç, publient conjointement « un ensemble de documents » adressé au secrétaire général et au président du Conseil de sécurité de l’ONU en vue d’un cessez-le-feu en Syrie, étape nécessaire pour mettre fin au conflit.

Vitaly Churkin, représentant de la Fédération de Russie,
au Conseil de sécurité de l’ONU,
décembre 2016

M. Churkin a rédigé une « Déclaration sur l’instauration de la cessation des hostilités sur le territoire de la République arabe syrienne » dont voici quelques éléments importants qui laissent à penser que les quatre frappes aériennes, effectuées au cours du précédent cessez-le-feu, le 17 septembre 2016, par la coalition dirigée par les États-Unis, contre les troupes de l’armée de la République Arabe Syrienne stationnées près de Deir ez-Zor, et que l’attaque qui s’en est suivie, lancée contre ces troupes par les groupes armés de Daesh, n’ont pas été oubliées…

« Toutes les formations armées des parties au conflit, ainsi que les forces qui les appuient, sont invitées à assumer, à compter de la date et de l’heure susmentionnées, les obligations suivantes :

Cesser toutes les attaques, quelles que soient les armes employées, y compris les tirs de roquettes, de mortiers et de missiles antichars, ainsi que les bombardements aériens ;

S’abstenir de conquérir ou de chercher à conquérir des territoires occupés par d’autres parties au cessez-le-feu ;

Recourir à la force de manière proportionnée (c’est-à-dire uniquement dans la mesure nécessaire pour répondre à une menace directe) et seulement en cas de légitime défense.

La Fédération de Russie prie instamment le Gouvernement syrien, les groupes d’opposition armés qui sont favorables à un règlement pacifique du conflit et ne se réclament pas d’organisations terroristes internationales, ainsi que les États qui ont de l’influence sur les parties au conflit d’accepter les conditions proposées de la cessation des hostilités. » [NU, Conseil de sécurité, Lettre datée du 29 décembre 2016, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Représentant permament de la Fédération de Russie auprès de l’Organisation des Nations Unies et le Chargé d’affaires par intérim de la Mission permanente de la Turquie auprès de l’Organisation des Nations Unies, page 2/9.]

Güven Begeç, représentant-adjoint de la Turquie,
au Conseil de sécurité de l’ONU,
décembre 2016

M. Begeç a fait parvenir une « Déclaration du Ministère des affaires étrangères de la République de Turquie » qui sert aussi de « Communiqué de presse relatif à l’annonce d’un cessez-le-feu dans tout le pays entre les belligérants en Syrie » :

« Comme suite à notre action, les parties au conflit en Syrie sont parvenues à un accord concernant un cessez-le-feu dans tout le pays à compter du 30 décembre 2016 à minuit. Nous saluons ce progrès.

Les organisations terroristes désignées comme telles par le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies sont exclues du cessez-le-feu.

La Turquie et la Fédération de Russie se portent garantes de cet accord.

Par cet accord, chacune des parties s’engage à cesser toutes attaques armées, y compris les attaques aériennes, et à ne pas chercher à étendre les territoires placés sous son contrôle aux dépens de l’autre partie.

Il est indispensable que toutes les parties respectent ce cessez-le-feu : la Turquie et la Russie le soutiennent sans réserve et en surveilleront conjointement l’application.

Il est tout aussi important que les pays ayant une influence sur les parties sur le terrain aident à maintenir le cessez-le-feu.

La Turquie est intervenue de façon décisive pour mener à bonne fin les évacuations humanitaires à Alep, il y a quelques jours, et pour faire en sorte que le cessez-le-feu entre en vigueur dans tout le pays dès demain. » [Idem, page 3/9.]

Et, parce que les cessez-le-feu ont échoué jusqu’ici et que certains membres du Conseil de sécurité se sont empressés de faire porter la responsabilité de ces échecs uniquement sur la République Arabe Syrienne et la Fédération de Russie elle-même, « la Fédération de Russie et la République de Turquie » « sont convenues de ce qui suit : »

« Article premier. Commission mixte
1. Les Garants établissent une commission mixte, qui est le principal organe chargé d’examiner toutes plaintes et questions liées à des violations de la cessation des hostilités. » [Idem, page 4/9.]

« Article 2. Points de contrôle
1. Afin d’enregistrer les violations de la cessation des hostilités commises par les Parties, les Garants établissent, dans les localités situées à proximité immédiate de la ligne de contact, des points de contrôle chargés de surveiller le respect de la cessation des hostilités.

Article 3. Imposition de sanctions aux Parties qui commettent des violations
1. Les Garants prennent toutes les mesures possibles pour aplanir les désaccords entre les Parties concernant le respect de la cessation des hostilités et régler les différends qui les opposent.
2. Lorsque les Parties ne parviennent pas à se mettre d’accord, la Commission mixte demande à la Partie commettant des violations de cesser ces violations et de prendre des mesures pour rembourser les dommages infligés à la population et aux infrastructures de la Partie touchée. S’il n’est pas donné suite à cette demande, les Garants prennent des mesures coercitives contre la Partie commettant des violations. » [Idem, page 5/9.]

Le 31 décembre 2016, a lieu une nouvelle réunion du Conseil de sécurité de l’ONU pour soumettre la Résolution 2336 au vote.

Vitaly Churkin, lors du vote de la Résolution,
31 décembre 2016

Les 15 membres du Conseil de sécurité adoptent la Résolution 2336 (2016) à sa 7855e séance, à l’unanimité. À suivre…

Bachar et Assma El Assad avec des Syrien(ne)s,
près de Damas

Suite : IV. 56 – Faire taire les armes en Syrie et discuter au Kazakhstan

Françoise Petitdemange
25 mai 2017


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