Bachar El Assad avec les soldats
IV. 41 – Hala Kodmani, journaliste :
« Bachar El Assad est un grand menteur, hein ! »
(2ème partie / 6)
L’invitée au « Club de la Presse » (radio Europe 1), Hala Kodmani, répond aux questions des trois journalistes, Arlette Chabot, Robert Namias, Olivier Duhamel, présenté(e)s par Nicolas Poincaré, comme les… « grandes signatures de notre époque ».
L’animateur, qui voit ses invité(e)s, sait qui parle. Il en oublie de les nommer lorsqu’ils-elles prennent la parole, ce qui a pour conséquence que les auditeurs et auditrices ne parviennent pas toujours à mettre un nom sur la voix entendue.
Robert Namias ? à Hala Kodmani : « Mais vous, vous interprétez comment le retrait des Russes qui, curieusement, coïncide, en effet, avec la reprise de Palmyre ? Alors qu’on aurait pu penser que c’est, au contraire, une poussée et une aide très puissantes des Russes à l’égard de Bachar El Assad qui… »
Hala Kodmani : « Moi, j’ dis, moi, j’dirais d’abord, bon, heu, en général, que les les Russes sont en train, depuis plus d’un an, vraiment d’imposer le tempo en Syrie : d’ailleurs, sur toute la crise syrienne, que ce soit militairement, diplomatiquement, politiquement, c’est eux qui sont, qui ont la main, c’est eux qui sont à l’initiative. Y a pas grand monde pour heu les contrarier.»
« Moi, j’dis, moi, j’dirais. » Oui, d’accord ! Mais que fait l’Armée syrienne libre que Mme “Moi, je” soutient… moralement, depuis l’étranger, c’est-à-dire depuis la France ?
Robert Namias ? : « Eh bien, alors, à quoi correspond ce retrait annoncé ? »
Hala Kodmani : « Alors, ce retrait, heu, selon quelques informations que j’aie, c’est à la fois pour montrer que, oui, on fait intervenir militairement mais, après, on sait reprendre l’initiative politiquement puisque, maintenant, y a Genève, etc. On veut donner une chance au processus diplomatique. Heu… Je crois aussi que c’est un, une sorte d’avertissement au régime Bachar El Assad. Parce que, bon, ben, Bachar El Assad est un grand menteur, hein !
Et il y avait, apparemment, un engagement, quand il est allé à Moscou et que les Russes ont décidé d’intervenir, que il allait prendre certaines positions ou accepter certaines choses qu’il a tout de suite, heu…, brouillées. D’abord, en déclarant des élections, qu’il tenait des élections unilatéralement, avant, alors que Genève commençait. Heu… En jouant un petit peu derrière le dos des Russes avec les Iraniens, enfin, on, c’était un peu un avertissement, dire à Bachar El Assad : « Bon, on vous a bien soutenu. Vous nous devez pas mal. Heu… C’est pas la peine de nous faire des enfants dans le dos. »
Mme Kodmani n’y va pas par quatre chemins… Mais est-elle à même, depuis Paris, cette exilée de longue date, de juger moralement le président de la République Arabe Syrienne ? Peut-elle savoir avec ses « quelques informations » ce qui se passe dans les arcanes de la politique, de la diplomatie, de la défense militaire d’un pays projeté – par une opposition majoritairement exilée dont sa sœur, prise en mains par la CIA, est une cheville ouvrière et qu’elle-même, journaliste, appuie – dans une guerre civile doublée d’une guerre coloniale. Selon elle, « il y avait, apparemment, un engagement »… Il n’est pas possible d’informer d’une politique en temps de guerre avec des « apparemment »… Ici, il n’y a pas la moindre citation, pas la moindre référence de documents : textes d’engagement, de paroles russes ou syriennes ; il s’agit d’élucubrations de Mme Kodmani qui, par ailleurs, cherche à jeter de l’huile sur le feu en laissant croire que les Syriens et les Iraniens s’entendent contre les Russes… ce qui serait aberrant.
Olivier Duhamel : « Donc, il n’est pas exclu que tout ça se termine par un retour à la case départ, c’est-à-dire par le maintien au pouvoir de Bachar El Assad, heu… au moins un certain temps, et que, donc, tout ça soit un immense fiasco, un fiasco de la coalition d’être intervenue sans intervenir tout en intervenant, un fiasco de l’opposition libre et démocratique qui a été progressivement marginalisée et que, donc, y aura eu des centaines de milliers de morts, des millions et des millions de réfugiés, un pays totalement ravagé. Pour quoi ? Pour à peu près revenir à la case départ ? (silence) C’est-à-dire une des plus grandes catastrophes qu’on puisse imaginer quand même. »
Olivier Duhamel n’est pas un révolutionnaire. Mais il est très lucide sur ce que produit, depuis cinq années, l’opposition… « un immense fiasco, un fiasco de la coalition d’être intervenue sans intervenir tout en intervenant » ? Et c’est encore lui qui parle de « fiasco de l’opposition libre et démocratique » lorsqu’il fait le bilan de l’opposition. Par contre, ce que ne peut ou ne veut voir un idéologue comme Olivier Duhamel, c’est que l’opposition syrienne extérieure n’est ni « libre », ni « démocratique » : elle fait pression depuis des années, voire des décennies, auprès des puissances impérialistes, principalement des États-Unis, et des monarchies du Golfe pour renverser le président élu et le gouvernement légal ; ce faisant, elle ne peut être libre de s’être mise sous la coupe de leurs services secrets ; elle n’est pas davantage démocratique puisqu’elle ne tient aucun compte de la population syrienne qui a réélu Bachar El Assad.
L’opposition syrienne intérieure, qui a pris les armes contre son pays, et l’opposition extérieure, qui utilise les armes idéologiques dans les médias occidentaux contre son pays natal, sont à l’origine d’une catastrophe politique, économique, militaire, et, d’abord et avant tout, humaine… C’est Olivier Duhamel encore qui ramène à la réalité qu’ont produite l’attrait du pouvoir et les ambitions personnelles… « y aura eu des centaines de milliers de morts, des millions et des millions de réfugiés, un pays totalement ravagé » « une des plus grandes catastrophes qu’on puisse imaginer quand même ».
Mais ces centaines de milliers de mort(e)s, ces millions de réfugié(e)s, ce pays ravagé, Hala Kodmani, ne veut pas en entendre parler…
Hala Kodmani : « Le fiasco… est heu la défaite de tout le monde, j’allais dire (Olivier Duhamel : « Oui. »), est évidente. Heu, le gâchis est immense. Heu… Revenir à la case départ, moi, je n’ pense pas qu’ ce soit possible. Heu, c’est pas parce que, aujourd’hui, Bachar El Assad a pris heu, grâce à l’aviation russe, heu une ville désertique que heu on va dire qu’il a repris les choses en mains. Heu… »
Mme Kodmani a un certain culot… Le CNS (Conseil national syrien), qu’a co-fondé sa sœur Bassma, n’a-t-il pas une part essentielle de responsabilité dans ce désastre ? Complètement irresponsable, comme sa sœur Bassma, elle préfère renvoyer « le fiasco » et « la défaite » sur « tout le monde » plutôt que d’assumer ses propres prises de position idéologique aux côtés de l’opposition, et continue à stigmatiser la personne qui l’obsède le plus, Bachar El Assad, comme s’il était la République Arabe Syrienne à lui tout seul…
Est-il possible d’évoquer le bilan, encore provisoire, de cette double guerre civile et coloniale, sous la forme d’un « gâchis », même « immense »… lorsqu’il s’agit d’un pays détruit, privé de 300.000 hommes, femmes, enfants qui n’auront eu, de la prétendue démocratie (à la mode occidentale) que certain(e)s ont voulu imposer à leur pays, que la mort ?… lorsqu’il s’agit d’un pays affaibli par des centaines de milliers de blessé(e)s ?… lorsqu’il s’agit d’un pays vidé de millions de réfugié(e)s ?… lorsqu’il s’agit d’un pays bouleversé dont les générations devront renouer le fil de leur histoire ?… Ce bilan, n’est-ce pas le résultat d’une aventure criminelle lancée par des exilé(e)s assoiffé(e)s de pouvoir jusqu’à créer, à l’étranger, un gouvernement factice… parallèle à celui de la République Arabe Syrienne ?
Palmyre, le joyau sur lequel les cultureux(euses) du monde occidental versaient, naguère, des larmes de crocodiles, ne devient plus, dans la mesure où elle est près d’être reprise par l’armée syrienne, appuyée par les forces afghanes, irakiennes, libanaises, iraniennes, et par l’aviation russe, qu’« une ville désertique » sans plus d’intérêt. La journaliste Hala Kodmani oublie de préciser que, si la ville est « désertique », c’est parce que la population a dû être évacuée afin d’éviter la mort à de nombreuses personnes civiles durant les combats contre les forces de Daesh. Que dirait-elle si la ville était encore pleine de ses habitant(e)s ? Elle traiterait Bachar El Assad de criminel qui massacre son peuple.
À ce moment de l’entretien, Olivier Duhamel ne peut retenir une pointe d’agacement devant la mauvaise foi de l’invitée et le mépris soudain pour cette « ville désertique », expression utilisée pour minimiser la reprise de la ville par l’armée syrienne…
Olivier Duhamel : « Apparemment, il n’a pas que repris une ville désertique ! Il y a… On parlait d’un préalable qu’il quitte le pouvoir : ce préalable a disparu. Heu, il a conforté sa position ailleurs. C’est pas que la reprise d’une ville désertique. »
Hala Kodmani : « Oui, oui, oui. Non ! De se présenter, de diaboliser l’opposition, de se présenter, de laisser faire, de se laisser se développer l’État islamique, et de se présenter comme l’alternative, ç’a a été son jeu, heu… il est arrivé à ses fins, et avec ses alliés, aussi. Heu… Aujourd’hui, comment il peut reprendre le pays, parce que il s’agit pas de juste rester en place. Si c’est juste rester en place, ce qui… qui je, tout peut être détruit, tout peut disparaître, les Syriens peuvent aller au Diable, heu, en, par millions, etc. Mais moi, je reste en place. Si c’est ça l’objectif, comment il va reprendre le pays, après ?
Il peut gagner une bataille. (Olivier Duhamel : Le pays ! Il n’est pas fini, le pays ?) Non, il n’est pas fini le pays. Il finira pas le pays. (Olivier Duhamel : « Il peut se refaire ? ») Pourquoi ? Bien sûr qu’il peut se refaire ! C’est sûr qu’il peut se refaire. D’ailleurs, toutes les guerres ont une fin… On finit par s’en relever. Heu, je crois que, là, la trêve, quand même, qui est là depuis trois semaines, maintenant, et qui tient, montre combien tout le monde est épuisé, sur le terrain, tous les combattants de tous les côtés – à commencer par l’armée de Bachar El Assad – ils sont, ils soufflent, ils sont très contents. Et surtout ça a permis de reprendre une des manifestations et, tout d’un coup, une population qui est ressor ressurgie pour dire : « On vous rappelle, y a cinq ans, on était partis pour demander un changement de de de de régime, et ça continue, et on s’oppose, tout en s’opposant au heu mouvement djihadiste sur le terrain. »
Mme Kodmani est tellement en opposition à Bachar El Assad qu’elle oublie un élément essentiel de la fonction politique au plus haut niveau de la responsabilité : lorsqu’un président est réélu, il ne peut être question, pour lui, « de se présenter comme l’alternative » ; par ailleurs, elle plaque sa conception, très simplette, de la fonction présidentielle sur Bachar El Assad : or, pour le Président élu, Bachar El Assad, il ne s’agit pas de rester en place, pour avoir la place, mais d’assumer le mandat qui lui a été de nouveau accordé par la population et de conduire le pays en guerre vers la paix. Après ? Les esprits travaillent mais chaque chose en son temps.
Aveuglée par la haine, la journaliste ne sait plus très bien où elle en est ni ce qu’elle dit… Elle s’identifie tellement au pouvoir (à ce qu’elle croit être le pouvoir) qu’elle attribue des pensées à Bachar El Assad comme si elle pouvait être dans son esprit, mais, ne sont-ce pas ses pensées à elle ?… « les Syriens peuvent aller au Diable » « par millions ».
Quant à la trêve, elle… « montre combien tout le monde est épuisé, sur le terrain, tous les combattants de tous les côtés – à commencer par l’armée de Bachar El Assad – » : à quoi joue Mme Kodmani ? Et puis, surtout, la trêve… « ça a permis de reprendre une des manifestations et, tout d’un coup, une population qui est ressor ressurgie pour dire : « On vous rappelle, y a cinq ans, on était partis pour demander un changement de de de de régime, et ça continue, et on s’oppose, tout en s’opposant au heu mouvement djihadiste sur le terrain. » »… Qui manifeste ? Non pas la population syrienne mais… « une population », c’est-à-dire une partie de la bourgeoisie moyenne qui veut s’emparer du pouvoir contre le reste de la population. Les appels répétés de l’opposition afin d’obtenir une trêve, prétendument pour laisser passer les convois “humanitaires” au service de la population civile, devaient principalement servir à rameuter les manifestant(e)s. Des opposant(e)s qui sont allés jusqu’à s’armer contre leur pays et jusqu’à déclencher une guerre civile et coloniale, et qui profitent d’une trêve – en pleine guerre qui ravage leur pays – pour continuer à manifester et demander un changement de régime, cela s’appelle… des traîtres(ses) à leur pays.
L’armée syrienne
La population syrienne a reconduit le Président dans la fonction présidentielle parce qu’elle est bien placée, sur le terrain, pour comprendre que l’armée syrienne libre, bras armé d’un groupe d’opposant(e)s exilé(e)s de longue date qui a lancé une guerre et qui attend, en bavassant ici et là, la fin des événements qui lui permettrait de prendre les places présidentielle et ministérielles, est en train de mettre le pays en lambeaux et que seul un homme politique expérimenté tel que Bachar El Assad peut redresser la situation, avec l’armée de la République Arabe Syrienne qui la protège des agressions intérieures et extérieures. Car il y a, malgré tout, l’exemple de la Libye.
« Une population »… C’est-à-dire ? Une infime minorité qui veut arracher le pouvoir et le garder dans ses seules mains afin d’instaurer non pas la démocratie mais une oligarchie bourgeoise conforme aux diktats des puissances occidentales et aux vœux des monarchies féodales du Golfe.
Suite : IV. 42 – Ah ! le capitalisme adoré qui permet aux un(e)s de faire fortune, aux autres de travailler et de tendre la langue
Françoise Petitdemange
12 avril 2017