Dès 2008, nous le constatons, il était clair que la chasse à courre en Afrique pourrait s’étendre au moins jusqu’en 2025, voire même jusqu’en 2030… Une génération, ou à peu près, pourrait-on dire.
C’est donc sur cette longue période qu’il va falloir mettre en application cette phrase de la page 45 du Livre blanc rapportée précédemment :
« Une stratégie européenne organisant un partenariat équilibré avec les pays concernés, pour un accès équitable à ces ressources, doit donc être mise en oeuvre. »
Les motifs se présentent, d’avance, en masses compactes :
« La carence fréquente des structures étatiques et l’extension des zones de non-droit, les économies de rente au profit d’une minorité et l’existence de réseaux criminels disposant de moyens militaires importants constituent autant de facteurs d’inquiétude. Les problèmes de l’Afrique ont des incidences directes sur nos intérêts : immigration clandestine, radicalisation religieuse en terrain musulman et développement de sectes fondamentalistes en terrain chrétien, implantation des groupes terroristes se réclamant d’Al-Qaida, apparition de nouvelles routes de la drogue, trafics d’armes illicites, réseaux de prolifération, blanchiment d’argent et risques sanitaires. La bande sahélienne, de l’Atlantique à la Somalie, apparaît comme le lieu géométrique de menaces imbriquées et, à ce titre, appelle une vigilance et un investissement spécifiques dans la durée. » (Le Livre blanc, page 46)
Panorama tout ce qu’il y a de plus terrible !…
« Pourtant, contrairement à ce que cette liste laisserait présager, le tableau est loin d’être entièrement négatif et l’Afrique possède de nombreux atouts, qu’elle fait valoir de plus en plus : la zone subsaharienne comprend des richesses vitales pour l’économie mondiale ; sa jeunesse est une chance ; de nouvelles générations, qu’il faut encourager, accèdent aux responsabilités économiques et politiques. » (page 46)
Autrement dit : nous pourrions en prendre pour cent ans, peut-être. Avec, très bientôt, la possibilité d’accaparer, plus ou moins, des « richesses vitales pour l’économie mondiale« .
Ainsi n’est-ce sans doute pas par hasard que nous aurons entendu l’un des derniers présidents de notre république (Hollande) placer son mandat sous l’autorité ancienne d’un Jules Ferry. C’est bien celui-ci qui aura écrit :
« Aujourd’hui, ce sont des continents que l’on annexe, c’est l’immensité que l’on partage, et particulièrement ce vaste continent noir, plein de mystères farouches et de vagues espérances… »
(On pourra, ici, se référer à cette vidéo de Françoise Petitdemange)
D’ailleurs, si ce n’est pas nous – l’Europe gentiment emmenée vers la caverne d’Ali Baba par la France -, il y en aura d’autres, et des gens d’ailleurs très peu recommandables, faut-il le souligner ?
« Enfin, l’expansion et l’influence croissantes des pays du Moyen-Orient et de l’Asie en Afrique, attirés par les ressources et le potentiel africains, sont un des faits marquants des dix dernières années. Elles se font parfois au détriment de l’action du FMI et de la Banque mondiale, qui tentent de lier l’aide à la gouvernance. En mars 2008, la Chine a ouvert la ligne de crédit la plus importante à un pays africain : 50 milliards de dollars au profit du Nigeria, tandis que la République démocratique du Congo a récemment signé avec Pékin des accords qui portent sur des investissements de 12 milliards de dollars. » (pages 48-49)
Vous avez dit « gouvernance » ? Eh bien oui, il paraît que la Chine néglige de contraindre les pays avec lesquels elle traite, en Afrique ou ailleurs, à adopter les « droits de l’homme », c’est-à-dire les règles de la liberté d’entreprise !… Oh, coupable hérésie !
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Michel J. Cuny