(Le torchon de papier d’A.C.)
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III 23. « Soraya » à Bab al-Azizia… Vraiment ?
(La voici qui raconte… Ou plutôt, voilà Annick Cojean dans ses fantasmes…)
« L’air y était frais, très humide. Nous étions en fait au sous-sol. Amal, ma voisine de voiture, m’a indiqué une petite pièce sans fenêtre : « Ce sera ta chambre. » J’ai poussé la porte. Un miroir recouvrait les murs si bien qu’il était impossible d’échapper à son image. Deux petits lits occupaient chacun un coin de la pièce équipée d’une table, d’une mini-télévision, et d’une petite salle de bains attenante. » (P.59) (Ce miroir recouvrant les murs… La journaliste confond la caserne de Bab al-Azizia en Libye avec certains hôtels de passe en France…)
C’est dire que l’Echo peut avoir aussi un effet boomerang
« […] la chambre du maître, exactement au-dessus de la mienne. Une chambre immense, entourée en partie de miroirs, avec un grand lit à baldaquin encadré d’un voile de tulle rouge, comme celui des sultans des Mille et Une Nuits, une table ronde, des étagères avec quelques livres et DVD et une collection de fioles de parfums orientaux dont il se tamponnait fréquemment le cou, un bureau où reposait un gros ordinateur. Face au lit, une porte coulissante donnait sur une salle de bains dotée d’un grand jacuzzi. Ah, j’oubliais ! Près du bureau, était installé un petit coin réservé à la prière avec quelques éditions précieuses du Coran. Je le mentionne parce que cela m’intriguait et que je n’ai jamais vu Kadhafi prier. Jamais. Sauf une fois en Afrique, lorsque lui-même devait prononcer une grande prière publique. Quand j’y pense : quel cinéma ! » (PP.59-60) (L’allusion que fait la journaliste au conte des Mille et Une Nuits conduit à penser qu’elle s’en est inspirée… jusqu’à quel point ?, puisqu’il s’agit, plutôt que de l’ambiance des Mille et Une Nuits, d’un lupanar parisien du milieu des années 50, dans lequel elle place l’anonyme “Soraya”, à la description duquel il suffit d’ajouter quelques éléments modernes : des « DVD », un « ordinateur », un « jacuzzi »… Le « Coran » n’est mentionné dans la liste des objets que pour faire passer Muammar Gaddhafi pour un hypocrite, pour un parjure à l’islam. “Soraya” est née et vit en Libye. La Libye, n’est-elle pas en Afrique ? Pourquoi dit-elle : « Sauf une fois en Afrique » ?
En tout cas, les prétendus rebelles qui, durant les bombardements de leur pays par l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) en 2011, aimaient tant scruter dans le détail les lieux où avait vécu Muammar Gaddhafi pour tenter de le déconsidérer à la face du monde, et qui ont fait des vidéos, n’ont pas montré cette prétendue chambre du Guide ni les prétendues chambres des jeunes filles et jeunes hommes qui étaient, paraît-il, à son service.)
« Mabrouka entrait et sortait comme si de rien n’était. Elle lui communiquait des messages – « Leila Trabelsi demande que vous la rappeliez » – jusqu’au moment où elle a dit : « Terminez, maintenant. Vous avez autre chose à faire. » J’étais sidérée. Elle pouvait tout lui dire. Je crois même qu’il en avait peur. Il est allé dans sa salle de bains, s’est plongé dans le jacuzzi dont elle avait fait couler l’eau et m’a crié : « Tends-moi une serviette. » Elles étaient à portée de sa main, mais il voulait que je le serve. « Parfume-moi le dos. » Puis il m’a indiqué une sonnette près du magnétophone. J’ai appuyé. Et Mabrouka est entrée illico. « Donne des DVD à cette petite salope pour qu’elle apprenne son boulot ! » (P.61)
(Mme Cojean n’aura décidément pas reculé devant le pire. Muammar Gaddhafi, dont toute l’idéologie occidentale nous parlait, depuis des années, comme d’un « dictateur », n’aurait été qu’un homme soumis à une maquerelle… Si Mme Cojean a donné à son “héroïne” un faux prénom : « Soraya », elle n’a pas hésité à nommer certaines personnes… Leïla Trabelsi est l’épouse de Zine el-Abidine Ben Ali : née à Tunis, elle est la fille d’un couple de condition très modeste qui avait quitté son village situé non loin de Benghazi, en Cyrénaïque, pour s’installer dans le pays voisin de la Libye, la Tunisie. Annick Cojean mêle, à dessein, le nom de Leïla Trabelsi, qui a été tant décriée pendant la déstabilisation de la Tunisie, à celui du Guide révolutionnaire libyen : il s’agit de jeter, d’avance, le trouble dans l’esprit des lecteurs et des lectrices.
Sous la dictée d’une « Soraya » sortie nous ne savons d’où, le Guide révolutionnaire n’est autre qu’un « maître » qui, quand il n’est pas soumis lui-même, traite les jeunes filles comme des esclaves : ainsi donc, les lecteurs ou les lectrices, qui ne se sont jamais penché(e)s ni sur la personnalité et sur la vie de Muammar Gaddhafi, ni sur les réalisations révolutionnaires qui ont été menées de 1969 à 2011, sont amené(e)s à croire l’exact contraire de la réalité : alors que le révolutionnaire a incité les femmes libyennes à faire des études, à pratiquer le métier qu’elles voulaient, et à participer activement à la vie politique et économique du pays, le Guide révolutionnaire n’a fait, selon Mme Cojean, qu’enchaîner les femmes libyennes à sa débauche ! Ce que fait la journaliste tient en deux mots : révisionnisme historique.)
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Françoise Petitdemange