Les crimes de Staline (de Poutine ???…), quelles preuves ? 12. Rapport Khrouchtchev : aurait pu mieux faire…

Historiquement, ce qui a véritablement fait basculer Staline du côté des Enfers, ce fut le rapport présenté en 1956 par Nikita Khrouchtchev devant le XXème Congrès du parti communiste de l’Union soviétique. Or, sur ce document comme sur les autres sources, Hannah Arendt va une fois de plus nous prendre à contre-pied.
 
En ce qui concerne tout d’abord lesdits crimes de Staline (page 203), « les étonnantes révélations de Khrouchtchev, lesquelles – pour la raison évidente que son auditoire et lui-même étaient directement concernés par l’histoire véridique – dissimulaient infiniment plus qu’elles ne dévoilaient, eurent ce résultat malheureux qu’aux yeux de nombreuses personnes (parmi lesquelles, bien sûr, les spécialistes, avec leur amour professionnel des sources officielles) elles minimisèrent les crimes gigantesques du régime stalinien qui, après tout, ne consistèrent pas seulement à calomnier et à exécuter quelques centaines ou quelques milliers de grandes figures politiques et littéraires, qu’il est toujours possible de ‘réhabiliter’ à titre posthume, mais aussi à exterminer des millions, littéralement incalculables, de gens que personne, pas même Staline, n’aurait pu soupçonner d’activités ‘contre-révolutionnaires’ ».

Ainsi que le montrent les termes que nous faisons ressortir, il ne s’agit plus, pour notre petite perverse, de faire une analyse historique de détail, mais de frapper directement dans des masses « infinies », « gigantesques », « incalculables »… incalculables même en prenant comme base le million d’êtres humains… Ce que la Bible n’oserait pas attribuer à Yahvé-Dieu, Hannah Arendt l’attribue à l’abominable, le terrifiant, le satanique Staline : quel homme !

Dans la vie ordinaire, qu’on s’avise ainsi, et avec une persistance de quelques dizaines d’années (précisément de 1945 à 1975) de jongler avec des millions incalculables d’humains assassinés, en rejetant la nécessité de se référer aux sources officielles (dont sont « bien sûr » maladivement amoureux les « spécialistes ») et à quelque document que ce soit, à l’exception du témoignage des « transfuges hauts placés  et autres témoins oculaires », et voici que s’ouvriraient toutes grandes les portes de l’internement psychiatrique…

Mais ici, dans l’atelier de fabrication de l’idéologie dominante, nous apprenons qu’il est très facile  de faire croire qu’un communiste, parce que communiste, aura réussi à dissimuler certains millions de cadavres sous le tapis de la porte d’entrée de son pays… Tandis qu’un autre communiste se chargera de dissimuler la forêt du massacre multimillionnaire derrière l’unique arbre d’un aveu qui n’avoue que des bricoles. N’est-ce pas, Hannah ?

Bien sûr que oui (pages 203-204) : « C’est précisément en admettant quelques crimes que Khrouchtchev dissimula la culpabilité du régime dans son ensemble (laissons mijoter la suite…). »

Millions de morts « incalculables » !… Nous en restons tout de même à moitié assommés. Rien à recompter… Rien à vérifier… Et pourquoi ?… Et comment ?… Qui étaient ces gens ?… Et puis, pour en tuer autant (incalculables), il faut des moyens de mise à mort énormes (mais incalculables). Pas de documents, pas de traces, pas un mot, rien…

Nous ne l’avons peut-être pas assez remarqué, mais imperturbablement, madame Arendt nous a coupé la voie d’accès à  toute vérité possible, et plus précisément à ce qu’elle appelle l’« histoire véridique » : Staline a réussi « à exterminer des millions, littéralement incalculables, de gens ».

A la lettre, il n’y a donc pas de documents. A la lettre, il n’y a même plus la moindre cendre sous le tapis…

De qui se moque-t-on ?

Michel J. Cuny


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