Dans la « Préface » – datée de la période juin 1966-novembre 1971 – de son livre « Les Origines du totalitarisme » (Quarto Gallimard, 2002) dont le manuscrit avait été achevé à l’automne 1949, Hannah Arendt nous avoue que depuis cette fin des années quarante :
« Seule addition importante à nos connaissances, le contenu des archives de Smolensk (publiées en 1958 par Merle Fainsod) a montré à quel point la pénurie du matériel documentaire et statistique le plus élémentaire demeure l’obstacle décisif à toutes les recherches sur cette période [1929-1953] de l’histoire de la Russie. » (page 198)
« Obstacle décisif » : « la pénurie du matériel documentaire et statistique le plus élémentaire » . C’est effectivement énorme!… Et ceci au moins jusqu’en 1958, cinq ans après la mort du « tyran ». Or, la période retenue, 1929-1953, est justement celle qui, selon Hannah Arendt, couvre les années de règne sans partage de Staline.
Ainsi la pénurie que révèle le contenu des archives de Smolensk, ne fait-elle que conforter la pénurie manifestée par l’ensemble des documents déjà rassemblés avant elles…
Il y a, déjà là, de quoi piquer notre curiosité!…
D’autant que nous parlons d’un livre dont le manuscrit a été achevé en 1949, pour être édité en 1951 : d’où tirait-il la documentation qui lui a permis de mettre en cause l’URSS de Staline?…
(À suivre…)
Michel J. Cuny