Résumons-nous :
– en janvier-février 1976, j’ai écrit le roman Une femme très ordinaire ;
– le 16 février 1976, j’envoyais une proposition de collaboration à l’agence déodatienne du quotidien régional La Liberté de l’Est ;
– le 24 février 1976, la lettre que j’avais écrite quinze jours plus tôt pour Maurice Nadeau, directeur du bi-mensuel La Quinzaine Littéraire, partait pour Paris. J’ignorais alors une toute petite chose que je découvre aujourd’hui (23 mai 2018) : à ce moment-là, pour sauver sa revue de la ruine, lui-même lançait une vente aux enchères qui bénéficiait de l’appui de Samuel Beckett, Henri Michaux, Nathalie Sarraute et du peintre Pierre Soulages…
– le 16 mars 1976, j’adressais une offre de consultation à l’agence déodatienne de l’autre quotidien régional : L’Est Républicain.
Arrivé ici, je rappelle cette formule que je devais utiliser en décembre de la même année pour le texte de présentation du roman Une femme très ordinaire paru dans le magazine culturel Regards de la ville de Saint-Dié (Vosges) :
« Il est des êtres qui n’ont pas même un éclat de verre où découvrir simplement les plaies de leur visage. Je suis né là. J’y reste. »
Nous pouvons maintenant aborder l’étape sans doute la plus piquante de cette première partie de ce qui allait devenir, au fil des années puis des décennies, une véritable épopée…
En dehors des quotidiens La Liberté de l’Est et L’Est Républicain, il existait un tout petit hebdomadaire d’origine familiale très répandu dans les villages de la haute vallée de la Meurthe : Les Annonces des Hautes-Vosges. Son titre montre bien le rôle qu’il pouvait jouer, en particulier, dans les publications à caractère légal… De fil en aiguille, il en était venu à rassembler toutes les petites informations qui pouvaient intéresser notre vie quotidienne : on y voyait de courts textes en patois vosgien, les résultats des matches de football des divisions les plus modestes, ainsi que les lieux où auraient lieu ces bals du samedi soir dont l’un avait permis, en 1970, cette rencontre désormais historique entre Françoise Petitdemange et Michel Cuny à Bourg-Bruche à la frontière de l’Alsace voisine.
Voilà donc que le directeur des Annonces des Hautes-Vosges, René Fleurent, avait, un jour de mars 1976, reçu l’étrange visite de ce couple qui n’avait peut-être d’autre force que les yeux brillants d’une jeunesse dont on peut dire qu’elle y croyait encore… quand il est avéré, aujourd’hui, que ces deux-là y croient toujours, et que si ça n’est plus visible dans les Annonces des Hautes-Vosges, ça l’est désormais dans le monde entier…
Mais voici la lettre qui fut envoyée le 24 mars 1976 en direction de la petite localité de Fraize (photographie jointe)…
Ainsi de semaine en semaine, depuis le 11 avril 1976 jusqu’au 13 février 1977, les Annonces des Hautes-Vosges auront-elles reçu la collaboration gracieuse de Michel J. Cuny et de Françoise Petitdemange, mais aussi de quelques autres personnes qui ont eu l’amabilité de joindre leurs efforts aux nôtres.
Il y aurait ensuite la date fatidique du 3 mars 1977, et puis, en mai-juin 1977, la naissance de la revue mensuelle de critique sociale : La Force des mots .
Qui sait ce que la haute vallée de la Meurthe a retenu de tout cela ?
Michel J. Cuny
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Ecrivaine et écrivain par amour… Allons bon !…
Une réflexion sur “Michel J. Cuny : un écrivain peut-il travailler directement au contact du peuple dont il est issu ?”