IV. 133 – Syrie… Une libération qui se poursuit
La Syrie au 11 avril 2018
(En rose : ce qui se trouve sous contrôle syrien)
La politique du « Pousse-toi de là que je m’y mette », n’est pas utilisée contre le seul peuple palestinien.
L’Irak, la Libye, la Syrie… trois pays détruits, un président exécuté après un semblant de procès en 2006, un Guide révolutionnaire assassiné en 2011, des populations meurtries, handicapées, privées de nombreuses familles. Pour l’Irak et la Libye, des superstructures difficiles à remettre en place… Pour les trois pays, des infrastructures à reconstruire ; des économies dont les Irakiens, les Libyens, les Syriens doivent arracher le contrôle aux États prédateurs.
Dans cette guerre longue de sept années que lui font les États occidentalo-golfico-sionistes par mercenaires interposés, les superstructures de la Syrie n’ont pas été touchées : la République Arabe Syrienne existe toujours, le Président Bachar El Assad a été réélu, le gouvernement reprend progressivement le contrôle du pays au fur et à mesure de la libération du territoire par l’armée syrienne : les hordes étrangères, composées de mercenaires combattant non pour leur compte – contrairement à ce qu’ils ont pu croire – mais pour le compte des FDS (Forces Démocratiques Syriennes) soumises à l’Occident que les hordes détestent et à l’État sioniste qui les humilie, ont le choix entre la destruction et la capitulation. Encore bien heureux, les mercenaires survivants, de n’être pas tués systématiquement après la désolation qu’ils ont semée dans le pays pour le compte de leurs commanditaires.
Depuis février 2018, l’armée syrienne a mené une vaste offensive pour la libération de la Ghouta orientale, l’un des derniers territoires les plus importants tenus par les terroristes de Daesh et les prétendus opposants. Depuis la fin avril, la Ghouta orientale est désormais sous le contrôle du gouvernement.
Les principaux groupes se sont faits et défaits ; ils ont fusionné et re-fusionné : Jaych al-Islam opérait dans le gouvernorat de Rif Dimachq qui comprend Douma et, surtout, la capitale Damas, au sud de la Syrie ; en février 2018, Ahrar ach-Cham opérait dans les gouvernorats d’Alep et d’Idleb et devenait par fusions Jabhat Tahrir Souriya ; le Front al-Nosra est devenu Front Fatah ach-Cham, lequel a fusionné pour devenir Hayat Tahrir ach-Cham. Le groupe Faylaq ar-Rahman combattait pour ladite Armée syrienne libre (il est passé du gouvernorat de Rif Dimachq à ceux d’Alep et d’Idelb)…
Tous ces groupes ont dû capituler à la charnière des mois de mars et d’avril, déposer les armes lourdes (seules leurs armes légères personnelles leur ont été laissées) pour être évacués par autobus, avec leurs familles, dans le nord-ouest de la Syrie. Restait le sud de la capitale… Il fallait bien, pour les dirigeants occidentalo-golfico-sionistes et leurs médias mercenaires, inventer des attaques à l’arme chimique par l’armée syrienne pour masquer aux yeux du monde entier la défaite militaire de leurs groupes de mercenaires sur le terrain qui est, d’abord et avant tout, leur propre défaite coloniale.
Car l’État sioniste et les États-Unis, qui se croient persécutés par le monde entier parce qu’ils empoisonnent la vie de milliards d’individus sur cette planète, considèrent que la reprise du contrôle, par le gouvernement syrien, de cette région, située près de la capitale Damas, est une catastrophe pour eux. Selon le premier, dont le délire est à la mesure de sa volonté de dominer le monde, l’Iran veut mettre la main sur la capitale syrienne pour le menacer directement : mais n’est-ce pas l’État sioniste lui-même qui voudrait mettre la main sur Damas et sur la Syrie et qui tient la finance internationale ? Selon les seconds, dont le délire rejoint celui du premier, cela veut dire qu’ils ont perdu la guerre contre la Russie et que celle-ci pourrait rester présente en Syrie en y laissant ses bases militaires : mais qui veut s’adjuger le sud de la Syrie sinon les États-Unis ? le nord de la Syrie, sinon les États-Unis par l’intermédiaire des FDS (Forces Démocratiques Syriennes) ?
Du point de vue des mercenaires terroristes combattant l’armée syrienne et ses alliées, l’obligation de quitter la Ghouta orientale est, pour eux, un échec retentissant pour leur organisation, Daesh, et les voici qui se demandent pourquoi les États-Unis et tous les autres États qui les ont soutenus, armés et financés, n’ont pas su les rendre victorieux. Mais les États commanditaires ne les ont pas financés, armés, envoyés à la tuerie pour que les survivants dans leurs groupes gardent le contrôle de tel ou tel pays que ces États convoitent.
Du point de vue des dirigeants occidentalo-golfico-sionistes, la libération de la Ghouta orientale par l’armée syrienne leur fait perdre un moyen de pression sur le Président Bachar El Assad, le gouvernement et le peuple syriens. Les craintes qu’ils avaient se révèlent effectives : la libération des quartiers de Damas et des environs et, donc, l’obligation, pour les terroristes et autres opposants, de se rendre à l’armée syrienne avec leurs armes, annonce une défaite à la fois militaire et civile.
Car avec la victoire de l’armée syrienne qui est aussi la victoire du Président, du gouvernement et du peuple syriens, la solution politique pour régler le conflit en Syrie ne va pas être facile pour ces États colonisateurs qui vont devoir expliquer au peuple syrien qu’il ne sait pas voter et qu’il lui faudra voter autrement…
M. J. Zarif, S. Lavrov, M. Çavuşoğlu
D’autant que le 28 avril, les ministres des Affaires Étrangères de l’Iran, Mohammad Javad Zarif, de la Russie, Sergueï Lavrov, de la Turquie, Mevlüt Çavuşoğlu, se sont réunis à Moscou pour faire le point sur la situation en Syrie. Tous s’accordent sur un règlement politique du conflit, conformément à la résolution n° 2254 du Conseil de sécurité de l’ONU et aux accords conclus lors des rencontres d’Astana (Kazakhstan). Et tous s’accordent également sur une fin du conflit militaire : il s’agit d’éradiquer tous les réseaux terroristes constitués par Daesh et les autres groupes liés à Al-Qaïda.
À l’issue de leur réunion, les ministres ont fait une déclaration commune : « Les trois pays garants réitèrent leur engagement à la souveraineté, à l’indépendance et à l’unité des territoires de la République arabe syrienne. » [SANA (L’Agence Arabe Syrienne d’Informations), A. Chatta, La déclaration des ministères des AÉ des pays garants d’Astana : nous nous engageons à la poursuite du règlement politique de la crise en Syrie, 28 avril 2018.] https://sana.sy/fr/?p=118318
Cette déclaration est conforme au texte de la Charte de l’ONU et du droit international.
Suite : IV. 134 – Les États-voyous contre les peuples
Françoise Petitdemange
14 mai 2018