119 – Donald Trump : un délire
qui peut mener très loin
Donald Trump, Maison-Blanche, Washington, 13 avril 2018
Après avoir déclenché deux guerres en mars 2011, l’une sur le sol syrien, l’autre sur le sol libyen – selon le mode « printemps arabe », « libération des peuples », « fin des dictatures arabes » – les États belliqueux (États-Unis, Grande-Bretagne, France, Qatar, Arabie saoudite, État sioniste), qui ont utilisé jusqu’à la corde leurs mercenaires de Daesh, sont forcés de constater, sept ans plus tard, en mars 2018, qu’ils ont perdu la guerre en Syrie. L’armée syrienne, appuyée par la Russie, l’Iran, le Hezbollah libanais, a repris la totalité de la Ghouta orientale, région importante puisque proche de la capitale Damas.
Les chefs d’État battus à plate couture, cherchent désormais le moyen de se venger des États qui les ont vaincus et, d’abord, de l’État syrien, du gouvernement, du Président Bachar El Assad, et… du peuple syrien lui-même qui, par sa résistance aux hordes étrangères, n’a pas permis, aux hommes et aux femmes de la bourgeoisie exilée “syrienne”, de s’emparer du pouvoir pour devenir les hommes et femmes de paille de la clique occidentalo-golfico-sioniste. L’accusation d’attaque à l’arme chimique est donc devenue l’arme idéologique mensongère brandie par les battus pour tenter encore et encore de renverser le gouvernement syrien et d’évincer le Président réélu, Bachar El Assad, de sa place à la tête de la République Arabe Syrienne.
Avant l’acte de guerre, vendredi 13 avril 2018, le président des États-Unis, Donald Trump, annonçait à ses concitoyen(ne)s, depuis la Maison-Blanche à Washington, l’“opération” qui est, en réalité, un véritable acte de guerre et qui devait avoir lieu quelques heures plus tard, dans la nuit du 13 au 14, en Syrie :
« Mes chers concitoyens. Il y a peu, j’ai ordonné aux forces armées des États-Unis de lancer des frappes de précision sur des cibles associées aux capacités du dictateur syrien Bachar al-Assad en matière d’armes chimiques. »
« Une opération combinée est désormais en cours avec la France et le Royaume-Uni, nous les remercions tous les deux. »
« Il y a un an, Assad a lancé une attaque sauvage aux armes chimiques contre son propre peuple. Les États-Unis ont réagi avec 58 frappes de missiles qui ont détruit 20 % de l’armée de l’air syrienne. Samedi dernier [le 7 avril 2018], le régime Assad a de nouveau déployé des armes chimiques pour massacrer des civils innocents dans la ville de Douma, près de la capitale syrienne Damas. Cette affaire constitue une escalade importante dans la façon que ce terrible régime a d’utiliser des armes chimiques. »
« Cette attaque diabolique et ignoble a laissé des mères, des pères, des bébés et des enfants se débattre dans la souffrance et lutter pour respirer. Ce ne sont pas les actions d’un homme. Ce sont plutôt les crimes d’un monstre. »
« L’objectif de nos actions ce soir est d’établir une puissante dissuasion contre la production, la dissémination et l’utilisation de substances chimiques. Établir cette dissuasion est d’un intérêt vital pour la sécurité nationale des États-Unis. »
Mais où est donc l’« intérêt vital » ? En quoi la Syrie menacerait-elle « la sécurité nationale des États-Unis » ?
« La réponse coordonnée américaine, britannique et française à ces atrocités intégrera tous les instruments de notre puissance nationale : militaire, économique et diplomatique. »
« Nous sommes prêts à maintenir cette réponse jusqu’à ce que le régime syrien arrête d’utiliser des agents chimiques interdits. »
« J’ai également un message, ce soir, pour deux gouvernements qui soutiennent, équipent et financent le plus le régime criminel d’Assad. À l’Iran et à la Russie, je demande : quel type de nation veut être associé au meurtre de multitudes d’hommes, de femmes et d’enfants innocents ? »
« Les nations du monde peuvent être jugées par les amis qu’elles gardent. Aucune nation ne peut réussir sur le long terme en faisant la promotion de tyrans brutaux et de dictateurs meurtriers. »
« En 2013, le président [de la Fédération de Russie, Vladimir] Poutine et son gouvernement ont promis au monde qu’ils garantiraient l’élimination des armes chimiques de la Syrie. L’attaque chimique d’Assad et la réponse d’aujourd’hui sont la résultante directe de l’échec de la Russie à tenir ses promesses. »
Il faut voir, dans cette intervention de Donald Trump, une volonté de stigmatiser l’État de la Fédération de Russie et de faire accroire au bon peuple états-unien que Vladimir Poutine – s’il sait seulement qui est Vladimir Poutine – ne tient pas ses promesses.
« La Russie doit décider si elle va continuer sur cette voie sinistre ou si elle va rejoindre les nations civilisées en tant que force de stabilité et de paix. Avec un peu d’espoir, un jour, nous nous entendrons avec la Russie et peut-être même avec l’Iran, ou peut-être pas. »
Mais ce que ne comprend pas le président Trump, c’est que la Russie et l’Iran n’ont pas nécessairement le désir de s’entendre avec des États criminels comme les États-Unis, le Royaume-Uni, la France…
« Les États-Unis ne cherchent en aucune circonstance à maintenir une présence indéfinie en Syrie. Tandis que d’autres nations accroissent leurs contributions, nous attendons avec impatience le jour où nous pourrons ramener à la maison nos combattants. »
« Les États-Unis seront un partenaire et un ami mais le destin de la région repose entre les mains de sa propre population. »
Les États-Unis, tant qu’ils se trouvent dans un schéma restreint, unipolaire, dans lequel ils croient jouer le beau rôle, ne peuvent penser qu’à une époque, peut-être pas très lointaine, tous les autres États auront intérêt à leur tourner le dos.
L’enquête de l’OIAC (Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques) devait commencer, ce dimanche 15 avril 2018, sur le site de l’attaque à l’arme chimique prétendument lancée par l’armée de la République Arabe Syrienne, sous la responsabilité du Président Bachar El Assad et du gouvernement syrien… Qu’avaient donc à cacher ces trois États criminels ?
[Discours de Donald Trump, 13 avril 2018. Note FP : Les précisions entre crochets sont de mon fait.]
Suite : IV. 120 – La Russie de Vladimir Poutine dresse l’acte d’accusation des crimes commis par les Occidentaux en Syrie et ailleurs
Françoise Petitdemange
15 avril 2018