Poursuivons notre lecture de l’article d’Anne Jouan :
« Contacté par Le Figaro, Claude Evin, aujourd’hui directeur général de l’Agence régionale de santé d’Ile-de-France, revient sur la création de la SARL Cahuzac. « Je ne savais pas qu’il avait créé une société pour donner des conseils à l’industrie pharmaceutique, confie-t-il. Je ne l’ai appris que récem-ment. Visiblement, il a conseillé des laboratoires sur l’élaboration de dossiers d’autorisation de mise sur le marché (la procédure que doivent suivre les firmes pour obtenir l’autorisation de commercialiser leurs molécules, NDLR) et sur les prix. » »
Veut-on voir en quoi le professeur Jean-Michel Alexandre – aujourd’hui mis en examen au titre de la glorieuse affaire du Médiator – est, à sa façon, un héritier de Jérôme Cahuzac ? Ouvrons « Une santé aux mains du grand capital? – L’alerte du Médiator » (accessible ici) aux pages 187 et 188 :
« Si, maintenant, nous voulons prendre la question sous un autre angle, nous pouvons retenir le témoignage du professeur Alexandre lui-même, qui a longtemps été président de la Commission d’AMM [autorisation de mise sur le marché]. Nous découvrons qu’il a quitté l’AFSSAPS depuis déjà une dizaine d’années, et que, désormais, à travers sa société « Jean-Michel Alexandre SA », il est devenu consultant scientifique de 30 à 40 firmes pharmaceutiques dans le monde… Mais il est également membre de Pharnext, une société de biotechnologie qui enregistre des brevets et essaie de développer des molécules. Les raisons qu’il avance pour expliquer son acceptation d’une telle fonction nous permettent de faire un pas en avant : « Je suis dans ce comité de direction pour les aider au plan scientifique et réglementaire : leur dire ce qu’il convient de faire pour proposer un dossier de développement clinique qui puisse être présenté un jour à une autorisation de mise sur le marché. »
Il convient donc de bien souligner cette liaison côté scientifique et côté réglementaire. La permanence de la présence du LEEM [le syndicat patronal des industries du médicament!] montre bien que, dans ces deux dimensions, il y a une évolution permanente qu’il s’agit de connaître dans tous ses détails : la connaître pour en tirer les conséquences dans les pratiques de recherche, mais aussi dans l’élaboration des demandes d’autorisation de mise sur le marché. Il y va de certains enjeux stratégiques qui s’éclaireront pour nous lorsque nous considérerons l’évolution récente de la réglementation des AMM, en particulier au plan européen.
N’oublions pas, par ailleurs, ce que le docteur Éric Abadie nous a dit de cet heureux temps où, à l’intérieur du syndicat patronal de l’industrie pharmaceutique, il avait d’importantes activités, en particulier dans les Commissions d’AMM, et vivait « d’excellentes années, des années de contacts, des années scientifiques aussi ».
Gare à cette pseudo-science!… qui n’est, bien sûr, qu’une affaire d’embrouilles toutes plus médiatoresques les unes que les autres, et qui mettent la main « À votre bonne santé, mesdames et messieurs ! »
Michel J. Cuny