1 – Retour sur des siècles de spoliations
(XVème-XXIème siècles)
Les premières tribus, qui ont vécu sur les vastes territoires entre les deux mers (Atlantique et Pacifique), vivaient de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Elles constituaient leurs abris et fabriquaient les outils dont elles avaient besoin à partir de matériaux d’origine végétale et animale. Au fil des siècles et des millénaires, les tribus se sont organisées sur les plans politique, économique et militaire.
Les diverses tribus foulaient le sol depuis des millénaires pour y trouver leur subsistance et les semi-sédentarisées ou sédentarisées pratiquaient l’agriculture et l’artisanat, sans que les membres de ces tribus aient songé le moins du monde à en devenir les « propriétaires privés » au détriment de l’organisation collective de leurs sociétés… quand des hommes blancs venus au XVème siècle de divers pays d’Europe débarquèrent de leurs caravelles et mirent pied à terre sur ces vastes territoires.
Les Européens cherchaient les épices des Indes, ils découvrirent l’or et l’argent des territoires qu’ils appelleront Amerigo, puis Amérique(s). Les tribus furent décimées par les guerres constantes que leur livrèrent les Européens pour implanter des colonies et s’approprier les sols et sous-sols gorgés de richesses (métaux précieux : or, argent, cuivre, perles précieuses, perles de culture, diamants…). Pour exploiter ces richesses, les spoliateurs européens pratiquèrent le travail forcé : il fallait creuser des mines dans la terre pour en extraire les métaux précieux. Aux humiliations, aux mauvais traitements, les tribus opposèrent une farouche résistance à laquelle les nouveaux propriétaires européens répondirent par des massacres. Les maladies importées par les colons d’Europe sur le continent décimèrent les tribus qui ne connaissaient pas ces fléaux et qui n’avaient donc aucun remède pour les éradiquer. Il faut parler, ici, d’extermination des tribus, de génocide qui mirent les Européens face à un manque crucial de main d’œuvre pour exploiter toutes les richesses qu’ils renvoyaient, par navires chargés à fond de cale, vers l’Europe.
Massacre des tribus millénaires vivant
sur les vastes territoires entre les deux mers
(Altantique et Pacifique)
Pendant des siècles, des millions de Noir(e)s seront arraché(e)s à leur continent et destiné(e)s à remplacer, sur des terres inconnues, les tribus millénaires affaiblies ou exterminées.
Pour remplacer la main d’œuvre anéantie, à partir du XVème siècle, des razzias d’hommes, de femmes et d’enfants, menées jusque dans la Brousse africaine, arracheront la main d’œuvre la plus robuste aux villages et laisseront, derrière elles, les nouveaux-nés, les malades et les vieillards qui se trouveraient ainsi abandonnés, sans ressource pour survivre, dans des villages saccagés ou/et en flammes qui les rendraient dépourvus de tout.
Razzia au Mali
Les résistant(e)s étaient tué(e)s sur place
De razzias en razzias, les hommes, femmes et enfants, prélevé(e)s sur la population, étaient acheminé(e)s par une longue marche, appelée « la traite des Noir(e)s », depuis le cœur de l’Afrique jusqu’aux ports d’embarquement sur les côtes de l’Atlantique.
La traite des Noir(e)s – marche forcée ou mort violente
L’entassement de la cargaison humaine, dans les cales des navires, se faisait sans aucun ménagement, puis les navires, chargés de “marchandises”, quittaient les côtes d’Afrique. La déportation des hommes, femmes et enfants, du continent africain vers les Amériques, était sans espoir de retour. Placés dans de terribles conditions (faim, soif, chaleur, promiscuité, etc.) beaucoup mouraient durant « la traversée ».
L’embarquement et la déportation
Pour les survivant(e)s, d’autres malheurs commençaient après leur débarquement sur les côtes des Amériques et des îles. Ils-elles étaient mis en vente sur les marchés aux esclaves et, une fois l’acte de vente/achat réalisé, ils-elles devenaient la propriété des nouveaux acquéreurs : les maîtres blancs.
Vente des esclaves traité(e)s comme du bétail – ici,
contrôle de la dentition
La colonisation des meilleures terres sur le continent appelé « Amériques » a duré des siècles : le temps qu’il a fallu aux colonisateurs pour venir à bout, par le travail forcé, les maladies importées d’Europe, et les guerres d’extermination, de l’existence des tribus millénaires ; les tribus survivantes seront rejetées sur les terres les plus arides puis cantonnées dans des « réserves ».
L’appropriation, par la ruse ou la violence, des immenses territoires a permis aux Européens les plus riches l’accumulation du capital primitif : le capital foncier. Le travail forcé des tribus autochtones puis le travail tout aussi forcé des esclaves noir(e)s ont permis aux Européens de constituer et d’accumuler un capital agricole (plantations de cannes à sucre, de cotonniers, de caféiers, de cacaotiers, etc.), un capital industriel (fabrication du sucre à partir des cannes, traitement du coton, etc.) et un capital commercial (échange ou vente/achat, bien évidemment inéquitable, de produits européens contre des produits africains, puis vente des esclaves et achat de produits coloniaux destinés à la riche société européenne.
Le plus terrible dans cette histoire est que les Européens sont parvenus à soudoyer des individus dans les tribus millénaires en Afrique comme dans les “Amériques” (notamment en Amérique centrale) pour s’en faire des alliés et les retourner contre les tribus elles-mêmes. L’un des derniers exemples de soudoiement a eu lieu en Libye en février-mars 2011 : preuve que les Européens n’ont pas changé leurs méthodes criminelles…
Françoise Petitdemange
14 décembre 2017