Mais qui donc tire les ficelles de la marionnette Démocratie ?

par Christine Cuny

Appuyées sur le blanc-seing conféré par le suffrage universel tel qu’il a été organisé (neutralisé ?) par cette monarchie élective qu’est, en réalité, la Cinquième République, les décisions prises et les actions engagées au plus haut sommet de l’Etat français subsistent hors de tout contrôle populaire, bien qu’elles engagent l’avenir du pays et de sa population.

En dehors des catastrophes que les initiatives d’un seul ou de quelques individu(s) peuvent provoquer sur le seul plan de la politique intérieure, cette violation de la volonté souveraine d’un peuple ne peut évidemment générer que des conséquences terribles à l’échelle internationale, voire mondiale jusqu’à déclencher des guerres.

Heureusement, depuis 72 ans, la France est en paix, du moins, à l’intérieur de son territoire car, au-delà, qu’en est-il de ces contrées si lointaines qu’elles nous semblent appartenir à une autre planète ? Bien sûr, nous ne sommes pas sans savoir que la France a des « intérêts » à défendre dans un certain nombre de conflits dont il faut bien dire que, pour la plupart, ils perdurent et s’enlisent. D’ailleurs, puisqu’il paraît que, depuis 1848 – date à laquelle le suffrage universel fut institué en France -, nous sommes des citoyennes et des citoyens souverain(e)s, rien ne devrait pouvoir nous échapper de ce qui engage à plus ou moins long terme notre destinée collective.

Et pourtant, nous continuons à ignorer les tenants et les aboutissants de ce pourquoi la France mobilise ses forces militaires, au point de se trouver impliquée dans la destruction de pays et l’assassinat de leurs dirigeants. Il faut bien le reconnaître : nous sommes très mal informé(e)s, voire pas informé(e)s du tout par tous ces organes de presse qui n’ont de cesse de revendiquer leur indépendance et leur liberté de parole et d’écrit, tout en restant sous influence… Mais de qui ? …

Cette grave question n’est malheureusement pas nouvelle. Il y a plus de 100 ans, nos compatriotes (nos grands-parents et arrière-grands-parents) ne savaient sans doute rien de ce qui se tramait au cœur des ministères, et tout particulièrement dans les bureaux du Quai d’Orsay, siège du ministère des Affaires étrangères. Pour donner un aperçu de l’ambiance qui régnait en France durant les années cruciales qui précédèrent le déclenchement de la Grande guerre, il nous suffira de faire appel au témoignage tout à fait édifiant de l’économiste et journaliste Francis Delaisi. Nous sommes en 1911, et il écrit :
« (…) toutes les dépêches de l’Agence Havas qui renseigne les journaux, sont soigneusement triées au ministère des Affaires étrangères. Elles sont tellement insignifiantes que les quelques grands journaux qui suivent la politique extérieure ont dû s’adresser aux agences étrangères. »

C’est ainsi que, selon Francis Delaisi,
« le Matin reçoit les dépêches du Times, l’Echo de Paris celles du Daily Telegraph, etc. Tous d’ailleurs, s’approvisionnent d’informations dans les agences anglaises, ce qui fait que nous n’entendons jamais en France que le son de cloche britannique. » 

C’est stupéfiant, n’est-ce pas ? Et ce n’est pas tout, puisque le bureau de la presse du ministère des Affaires étrangères se charge encore d’ « orienter » le contenu de ce que les journaux vont devoir publier à partir de renseignements qui sont, non seulement de source anglaise, mais encore triés sur le volet. Voici très exactement comment les choses se passent dans le cadre de cette démocratie fantoche que semble être la Troisième République :
« Un fonctionnaire très aimable reçoit les journalistes. Très gentiment il leur explique ce qu’il faut penser de tous les événements de la politique extérieure. Naturellement, il ne dit que ce qui est conforme aux vues du ministre. Tous les journaux répètent l’antienne le lendemain matin ; et la foule n’ayant pas d’autre moyen d’information, croit ce qu’on lui dit. On peut juger d’après cela si le public est bien renseigné. (…) »

C’est donc ainsi, comme le souligne avec indignation Delaisi, que la « politique extérieure  échappe à tout contrôle, aussi bien à celui de l’opinion qu’à celui du Parlement (autrement dit, du suffrage universel) ; elle échappe même parfois au contrôle du gouvernement lui-même. »

Le ministère des Affaires étrangères agirait-il comme un Etat dans l’Etat ? En tout cas, ce qui est certain si l’on en croit toujours Francis Delaisi, c’est que « dans notre démocratie ombrageuse, il dépend d’un homme et d’une petite coterie de financiers et de gens d’affaires de déchaîner la guerre et de lancer ce pays dans les plus périlleuses aventures. » (…) 

Il est vrai que ce constat terrible a été fait il y a maintenant plus d’un siècle ; pourtant il n’est pas possible de se dissimuler à quel point il est resté pour nous, gens du XXIème siècle, d’une brûlante actualité. Il est d’ailleurs tout à fait essentiel, et nous aurons prochainement l’occasion d’y revenir.

Christine Cuny


Une réflexion sur “Mais qui donc tire les ficelles de la marionnette Démocratie ?

  1. Bravo
    Merci d’avoir fait ce site
    Je connais F.Delaisi par plusieurs de ses livres en pdf sur le net. Je connaissait avant les publications derniéres qui l’on fait rangé artificellement (si honnêtement on connait sa vie et ses oeuvres) dans des placards à monstres pour beaucoup de gens. Un homme « éveillé » que j’ai découvert grâce aux écrits d’un trés grand occultiste et scientifique allemand de son époque. Un homme de bien qui continu d’apporter une lumière vivante sur cette planète merveilleuse et terrible. Je n’ai jamais eu le courage de faire un blog ou un site comme le votre sur ce sujet et je tire ma révérence (mon adresse mail est fausse)
     Dans une France dont la lumière et la beauté a été et continu d’être cachée, étouffée, effacée. Car voyez! Voyez de vous même la belle et douce lumière claire qu’elle difuse, cette lune de sagesse. Mais de par sa haute sagesse ancienne elle reste tapis dans l’ombre des piétinements de la vie bruyante comme la graine attend son heure d’éveille, seule, dans l’ombre des roches humides et froides. Ma Mère, Ma France

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